VAYICHLAH 2021

 

Télécharger en PDF

PARACHAT VAYICHLAH

Au début de notre Paracha Yaacov envoie des messagers chez son frère Essav, « vers le pays de Séïr, le champ d’Édom ». Pourquoi le lieu de résidence de Essav s’appelle-t-il ainsi ?

Le Méam Loez (Béréchit 32, 4) nous révèle que de là nous voyons combien Essav était rancunier. Il n’oublia jamais ce que Yaakov lui avait fait (qu’il lui avait acheté le droit d’aînesse pour un plat de lentilles et qu’il lui avait volé les bénédictions de son père en se faisant passer pour lui en se couvrant d’une peau de chevreau afin de paraître poilu).

Essav voulait garder constamment à l’esprit le forfait de son frère, c’est pourquoi pour ne pas l’oublier il habitait volontairement dans une région dont le nom lui rappelait à chaque instant ce qu’il avait subi (Séïr, en hébreu, c’est un bouc, une chèvre, Yaacov s’était couvert d’une peau de chevreau).

Il nomma sa ville Sédé Edom (le champ d’Édom), car Édom signifie rouge. Cette couleur était celle du plat de lentilles contre lequel il avait vendu son droit d’aînesse (Béréchit 25,30). Cela aussi, il ne l’oublia pas.

Quand Yaacov apprend que son frère Essav vient à sa rencontre avec une armée de quatre cents guerriers, Yaacov élève une prière à Hachem et dit : « Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d’Essav » (Béréchit 32, 12). Pourquoi répète-t-il : « de la main de mon frère, de la main d’Essav » ? Nous savons bien que Essav est son frère.

Le Rokéah rapporte un Midrach selon lequel, Essav eut un fils qu’il appela « mon frère » (Akhi en hébreu), afin de de ne pas oublier ce que Yaakov lui avait fait. Quand cet enfant grandit, il lui ordonna de tuer son oncle Yaakov, en tout lieu où il le trouverait. D’où la double prière de Yaakov : « Sauve-moi, de grâce, de la main de ‶mon frère″, de la main d’Essav ». En réalité il demandait d’être sauvé de deux personnes, de son neveu et de son frère.

Cependant, malgré toute la haine que Essav avait envers son frère, quand il le revoit la Torah nous décrit ainsi la scène : « Essav courut à sa rencontre, l’enlaça, tomba sur son cou et l’embrassa » (Béréchit 33, 4).

Essav le Racha, qui pourtant avait gardé en son cœur de la rancune à Yaakov pendant ces trente-six années (Yaacov est resté 14 ans à étudier dans la Yéchiva de Chem et Ever, il est resté 20 ans chez Lavan et il a mis 2 ans pour rentrer) (Yaakov et Essav avaient 99 ans quand ils se sont rencontrés, Rachi explique que Yaacov avait 84 ans quand il se marie avec Léa [Béréchit 29, 21] il travaille encore 7 années pour Rahel et 6 ans il est resté à travailler et les 2 années qu’il lui a fallu pour retourner), et qui, à chaque occasion, cherchait le moyen de le tuer ; dès que Yaacov s’est humblement prosterné devant lui en l’appelant « Mon seigneur », celui-ci s’est immédiatement adouci et sa haine a disparu, au point qu’il est tombé au cou de Yaakov et l’a embrassé.

Nous pouvons facilement en déduire la puissance de la corruption des honneurs. Il a suffi que Yaacov lui envoie de nombreux cadeaux et qu’il se prosterne devant lui pour qu’il oublie toute sa haine. Combien l’homme est faible !   

Dans le message que Yaacov transmet à Essav il lui dit : « J’ai séjourné avec Lavan » (Im Lavan Garti) (Béréchit 32, 5).

Rachi explique que les lettres du mot Garti (j’ai séjourné) ont la valeur numérique de 613. C’est-à-dire qu’il fait référence aux 613 Mitsvot qu’il a continué à garder chez Lavan. Il n’a pas appris de ses mauvaises actions.

Comment Yaakov Avinou, qui a vécu vingt ans chez Lavan le Racha (7 années de travail pour Léa, 7 années de travail pour Rahel et 6 années qu’il est resté à travailler et qu’il a eu ses enfants), a réussi à ne pas être du tout influencé ?

Nous savons bien qu’un homme est influencé par chaque parole qu’il entend, par chaque vision qu’il regarde. Ce grand mécréant que fut Lavan ne le laissait sans doute pas prier, ni prononcer les bénédictions comme il se doit et il devait au contraire essayer de le convaincre à servir ses idoles. Comment a-t-il fait ?

Le Rav de Brisk donne l’explication suivante en reliant ce verset avec le suivant : « Et j’ai eu bœuf et âne … ». Il lui a donc dit : « J’ai séjourné chez Lavan et j’ai eu bœuf et âne ».

En réalité, Yaakov Avinou fait allusion ici à la manière qui l’a protégé des mauvaises influences de Lavan. Il faut comprendre le verset au sens figuré : Il (Lavan) fut à mes yeux comme un bœuf ou un âne. De la même façon que si un homme reste vingt ans dans une étable au contact de vaches il ne fera jamais « Meuh », ainsi Yaakov méprisait tellement ce mécréant de Lavan   qu’il ne pouvait pas être influencé car il ne le considérait pas du tout !

Yaacov est pour nous l’homme de la Galout, il a dû lutter dans un milieu hostile pour rester fidèle à sa Torah. Il nous a montré le chemin pour réussir.

Parfois nous sommes confrontés à la civilisation qui nous entoure et nous avons du mal à résister car nous pensons que nous ressemblons aux nations environnantes. Sept milliards d’êtres humains pensent différemment que nous, vivent différemment que nous. Comment résister à la pression ? Cela peut venir d’un professeur, des camarades de classe, d’un patron ou tout simplement de tout ce qu’on entend sur les ondes et encore plus de ce qu’on voit dans un film ou à la télévision. Ils sont quand même plus nombreux et ils ont l’air d’y croire !

La solution nous vient du comportement de Yaacov, si je me sens supérieur je ne peux pas m’assimiler. « Banim Atem l’Hachem » dit le verset (Vous êtes les enfants de Hachem votre Dieu). Je ne peux pas faire n’importe quoi, j’ai un destin à accomplir, j’ai une mission à finir sur terre et je ne peux pas perdre mon temps à m’amuser avec des gens qui sont dans l’erreur. Tant que le Klal Israël comprenait qu’il était supérieur, il n’y a pas eu d’assimilation, mais dès qu’on commence à penser qu’on se ressemble tous, alors le danger de l’assimilation et la perte de nos valeurs nous guettent. Même si c’est un grand professeur avec pleins de diplômes, si ce qu’il dit est contraire aux valeurs de la Torah, alors il se trompe. Yaacov a tenu vingt ans chez Lavan, pourrons-nous en faire autant ? Oui, si nous suivons son enseignement.