PARACHAT TÉROUMA 2022

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PARACHAT TÉROUMA 2022

Notre Paracha nous parle des Chérubins en or qui sont sur le couvercle du Aron (l’arche) : « Les Chérubins seront déployant les ailes vers le haut, couvrant de leurs ailes le couvercle, et leur face tournées l’un vers l’autre. » (Chémot 25 ; 20)

La Guémara Baba Batra (99a) rapporte que lorsque les Béné Israël accomplissaient la volonté d’Hachem, les visages des Chérubins étaient tournés l’un vers l’autre. Dans le cas contraire, ils se tournaient chacun vers les murs du Sanctuaire (ils étaient alors dos à dos).

Le Beit Israël voit en cela une allusion : Lorsqu’un juif est tourné vers autrui et cherche à lui faire du bien, il accomplit alors la volonté d’Hachem.

L’allusion va plus loin : Même celui qui est pur de toute faute comme un nouveau-né (évoqué par les Chérubins), et « déploie ses ailes vers le haut » symbolisant ainsi qu’il est spirituellement élevé, n’est pas encore considéré pour autant comme accomplissant la volonté d’Hachem tant qu’il ne se tourne pas vers autrui afin de lui venir en aide, en parole ou en acte, en renonçant parfois à son propre droit légitime en faveur de son prochain et en étant disposé à lui rendre le bien pour le mal.

En revanche, s’il tourne sa face vers le mur, en ignorant son prochain et ses besoins, il pourrait avoir « les ailes dirigées vers le haut » et se conduire avec piété dans ses devoirs envers Hachem, il n’en demeurerait pas moins comme n’accomplissant pas la volonté d’Hachem. Car le fondement de tout est de veiller à ses devoirs envers autrui.

Le Tiférét Chélomo écrit que grâce à la bienveillance qu’il manifeste envers son prochain, l’homme mérite également l’expiation de ses propres fautes.

Rabbi Zelig Weinberg, le fils du Birkat Avraham (qui habitait dans la ville de Tibériade), marchait une fois dans les rues de la ville lorsqu’il aperçut une foule amassée. En s’approchant, il entendit que ce tumulte était dû à un juif qui, ne pouvant rembourser ses dettes à la banque, avait été expulsé de chez lui. Sa demeure avait été mise aux enchères et à ce moment précis, il semblait qu’un arabe était sur le point de conclure la transaction.

Rabbi Zelig- tenta en toute hâte de saisir cette occasion et proposa en échange de l’appartement une somme de dix pour cent supérieure à la précédente, et finit par remporter les enchères. Il s’agissait d’une maison belle et spacieuse.

Lorsqu’il rentra chez lui et raconta avec joie à son épouse la bonne affaire qu’il avait faite, celle-ci déclara catégoriquement qu’elle n’avait aucune intention d’habiter une maison achetée sur le compte de la souffrance de quelqu’un. Comment pourrait-elle vivre dans un appartement recouvert du sang d’un juif ?

Lorsque Rav Zelig entendit son refus, il se rendit chez le Rav de la ville, Rabbi Moché Kliers et lui soumit la question.

« D’après la loi, lui dit-il, il est évident que tu as le droit d’utiliser cette maison et d’y habiter comme bon te semble. De plus, tu as accompli une grande chose en la sauvant des mains d’un non-juif. Cependant, je vais te raconter une histoire qui se déroula avec ton grand-père, Rabbi Noa’h.

A Tibériade, habitait alors un ‘Hassid très pieux du nom de Rabbi Hirch Mikhal dont Rabbi Noa’h était le serviteur et le bras droit. Rabbi Hirch avait coutume d’utiliser des serviettes de bain épaisses d’un prix relativement élevé.

Un matin, lorsque Rabbi Noa’h marchait dans les rues de la ville, il rencontra une veuve qui voulut lui vendre trois serviettes épaisses pour une somme très modique, afin de ramener de quoi manger à ses jeunes enfants. Rabbi Noa’h s’empressa de les acquérir et de les apporter avant même la prière à Rav Hirch Mikhal, qui en fut ravi. Après la prière, ce dernier lui demanda d’où provenaient ces serviettes. Lorsque Rav Noa’h lui raconta, il lui dit sur un ton de reproche : « Reprends vite ces serviettes, car je suis incapable de m’essuyer les mains dans le sang d’une pauvre veuve ! »

Rav Moché conclut en disant à Rav Zelig : « Je ne te dis pas quoi faire, mais réfléchis toi-même à comment devoir se comporter au sujet de cette maison. »

Finalement, Rav Zelig se retira de cette transaction et les habitants de la ville se cotisèrent pour la racheter et la rendre à son propriétaire.

Une fois, Rav Israël Salanter dut passer la nuit dans une auberge, le propriétaire l’accueillit avec tous les honneurs. Rav Israël lui en fut très reconnaissant et se prépara à faire Nétilat Yadaïm pour manger du pain. En général, il veillait particulièrement à le faire en utilisant de l’eau à profusion, comme l’enseigne la Guémara Chabbat (62b) au nom de Rav Hisda : « Je lave mes mains avec beaucoup d’eau et on me donnera en retour beaucoup de bonnes choses. » Néanmoins, cette fois-ci, il n’utilisa l’eau qu’avec parcimonie. Ses disciples s’en étonnèrent et lui en demandèrent la raison.

« Est-ce que l’eau arrive toute seule ? leur répondit-il. C’est la servante qui la tire du puits et de la rivière. Vais-je accomplir la Mitsva méticuleusement sur son compte ? »

Un des fils de Rav Moché Feinstein raconta qu’après le décès de son illustre père, une femme se mit à l’appeler chaque veille de Chabbat pour lui demander l’heure de l’allumage des bougies.

Au début, le fils lui répondait avec patience, mais lorsqu’il s’aperçut que la chose se répétait toutes les semaines, il lui suggéra avec respect qu’elle pouvait très facilement se procurer un calendrier où se trouvait cette information. Lorsqu’elle entendit ces mots, elle s’étonna et lui confia innocemment que cela faisait des années qu’elle téléphonait chaque veille de Chabbat et de Yom Tov à son père, Rav Moché Feinstein, pour connaître l’heure de l’allumage, et qu’il ne lui avait jamais donné un conseil aussi simple.

On sait que ce dernier était connu pour être quelqu’un qui n’avait pas un instant de libre et qui, en outre, avait la lourde responsabilité de répondre à des questions très ardues, arrivant du monde entier. Et malgré tout, il ne s’abstint jamais de répondre chaque semaine à cette femme, avec une patience infinie, alors qu’il aurait été facile pour elle d’obtenir ce renseignement autrement.