DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA ÉKEV

DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA ÉKEV

 

Dévarim (7, 12) : « Et ce sera parce que vous écouterez ces jugements, que vous les observerez et que vous les ferez, Hachem respectera pour toi l’alliance qu’Il a promise à tes pères. »  

Le Tiférète Chélomo (1801-1866) explique que nous devons savoir et comprendre que dans l’immense obscurité de ce dernier exil, tout éveil au service d’Hachem, à l’étude de la Torah, à la prière même si celle-ci manque de la concentration requise et n’est pas comme celle d’antan, cet effort minime est aussi important aux yeux de Hachem qu’un effort intense accompli dans les générations précédentes.

Car, malheureusement, les ténèbres et le joug de l’exil ont considérablement affaibli la capacité de supporter les épreuves de l’existence, les forces du mal poursuivent l’homme sans cesse et sans répit.

C’est pourquoi un éveil à la sainteté, même infime, a autant d’influence, car Hachem prend en considération l’époque dans laquelle nous vivons et un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité.

Dès lors, il convient à notre époque, que chacun s’arme de courage et se renforce dans la crainte d’Hachem, puisque, si l’on peut dire, le Roi attend à la porte, prêt à ouvrir à tous les repentants, et à les recevoir à bras ouverts.

Si le Tiférète Chélomo a écrit cela dans son siècle, à plus forte raison à notre époque, où nous ne pouvons plus faire un pas sans rencontrer des épreuves qui tentent de nous détourner de Hachem et de Sa Torah, que le travail du Juif pour Lui rester fidèle procure à Hachem une immense satisfaction et que le moindre effort est attendu et apprécié par Hachem.

Rav Haïm Vital demanda une fois au Ari Za’l :

La Guémara Beïtsa (23a) raconte que la vache de la voisine de Rabbi Eléazar Ben Azaria sortait le Chabbat avec une lanière entre les cornes (ce qui est défendu car considéré comme faire transporter un objet par sa bête du domaine privé au domaine public).

Comme Rabbi Eléazar Ben Azaria ne réprimanda pas sa voisine sur cet interdit, la vache fut appelée à son nom pour suggérer que la faute lui était imputée.

Il se mortifia ensuite par des jeûnes afin d’expier cette faute, au point que ses dents noircirent.

 

Rav Haïm Vital demanda : « Si, sur un manquement aussi bénin (ne pas réprimander son prochain), Rabbi Eléazar Ben Azaria dut tellement jeûner, que devrions-nous dire, nous qui sommes tellement submergés de fautes ? »

« Tout cela, lui répondit le Ari Za’l, concernait les générations d’avant, mais aujourd’hui, dans les ténèbres de l’exil, même un cri ou un soupir qui provient du fond du cœur, est considéré comme de nombreux jeûnes des générations de jadis. »

 

S’il en était ainsi dans la génération du Ari Za’l, à plus forte raison dans la nôtre, car depuis, les épreuves et les souffrances de l’exil n’ont cessé de se multiplier et chaque jour est pire que le précédent. Il est donc certain qu’un cri provenant du fond du cœur dans cette génération possède la même valeur que plusieurs jeûnes dans les générations d’avant.

Aujourd’hui, chaque petit travail sur soi, même minime, de n’importe quel Juif où qu’il se situe, dans cette époque pré-messianique, est davantage considérée qu’une grande Mitsva accomplie par de grands Tsadikim et de grands Hassidim d’autrefois.

Car, jadis, servir Hachem ne coûtait pas autant d’efforts qu’à notre époque.

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Dévarim (7 ; 15) : « Hachem retirera de toi toute maladie ; et toutes les mauvaises maladies (plaies) de l’Egypte que tu as connues, Il ne les placera pas en toi, mais les mettra (donnera) chez tous ceux qui te haïssent. »  

Comment les juifs ont-ils pu vraiment connaître les plaies d’Égypte, puisque seuls les Égyptiens en ont été frappés ?

De plus, quand notre Passouk parle des plaies que Hachem veut mettre sur les Béné Israël et sur l’Égypte, il n’utilise pas le même verbe :

Pour les Juifs il est écrit : « Il ne les placera pas en toi », (Yéssiman).

Pour les Égyptiens il est écrit : « Mais Il les mettra (donnera) chez tous ceux qui te haïssent », (Ounétanam).

Le Séfer Péninim Yékarim répond en se basant sur l’enseignement de nos Sages selon lequel à chaque fois qu’une plaie s’abattait sur les Égyptiens, il y en avait un petit peu chez les Juifs pendant un moment, pour qu’ils comprennent ce que souffraient les Égyptiens.

On comprend mieux à présent pourquoi le verset dit : « toutes les mauvaises maladies (plaies) de l’Egypte que tu as connues ». Car les Juifs ont connu un peu de ce qu’étaient les plaies d’Égypte.

Cela explique également le changement d’expression utilisée.

En effet, les Tossafot écrivent dans la Guémara Ménahot (40a) que lorsque le terme : « Donner » est employé, il s’agit d’une grande quantité qu’on donne, alors qu’avec le mot : « Placer », il peut s’agir même d’une très petite quantité.

C’est pourquoi la Torah a dit que toutes les mauvaises plaies de l’Egypte que tu as un peu connues, « Il ne les placera pas sur toi », même un tout petit peu ; mais sur tes ennemis, Il les « Donnera », en grande quantité.

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Dévarim (8 ; 3) : « …afin de te faire savoir que ce n’est pas par le pain seulement que l’homme vit, mais c’est par tout ce qui sort de la bouche de Hachem que l’homme vit. »

Grâce à la Émouna de l’homme, Hachem est lié à Ses créatures pour leur prodiguer leur nourriture et leurs besoins, pour les protéger des souffrances et des maladies et leur éviter tout manque.

Il ressent ce que l’homme ressent, mieux que lui- même, et Il se trouve avec lui dans toutes ses épreuves. En outre, Il est, Lui-seul, réellement omnipotent et éternel, et connait toutes les actions de l’homme, ses pensées secrètes et ses ruses. Dès lors, Il se préoccupe, mieux que l’homme lui- même, de son propre bien.

Celui-ci peut donc être tranquille, et se limiter à n’accomplir que les efforts personnels strictement nécessaires que Hachem lui impose, en vue de pourvoir à ses besoins. Ainsi il sera serein et nullement inquiet du déroulement de ses affaires.

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Dévarim (8 ; 17) : « Tu pourrais dire dans ton cœur : Ma force et la puissance de ma main ont fait pour moi toute cette richesse. »  

L’une des raisons pour lesquelles nous devons nous laver les mains le matin au réveil, est que le sommeil représente un soixantième de la mort, qui est, elle-même, la source suprême d’impureté. Cette impureté reste sur les mains tant que l’on n’a pas procédé aux ablutions rituelles.

Pourquoi les mains plutôt qu’une autre partie du corps ?

Le Mélitz Yochèr explique que l’homme attribue ses succès dans le monde matériel à ses mains. Les mains représentent l’action de l’homme sur terre, c’est grâce à elles qu’il interfère dans ce monde. Il pense qu’il agit, qu’il influence son environnement et que tout ce qui se passe n’arrive que grâce à lui parce qu’il a bien voulu que cela se passe. Si son commerce prospère, c’est parce qu’il a su quoi acheter et à quel prix le vendre. Ses concurrents qui ne sont pas aussi intelligents que lui ne gagnent pas autant d’argent que lui, etc.

Il n’existe pas de plus grande source d’impureté qu’une telle pensée.

En effet, la croyance en ses propres aptitudes se situe aux antipodes de la foi en Hachem, Créateur et Maître de toutes choses. C’est pourquoi, dès le réveil il doit enlever cette impureté en se lavant les mains.

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Dévarim (8 ; 18) : « Tu te souviendras d’Hachem ton Dieu car c’est Lui qui te donne la force de faire la richesse (de réussir) ».

Le Hazon Ich a dit une fois à quelqu’un : Chaque juif voit des miracles à chaque instant, comme on le dit dans la bénédiction de « Modim » : « Sur les miracles que Tu nous fais chaque jour », seulement, il existe un Yétser Hara particulier qui a pour but de faire oublier à l’homme les miracles qui lui arrivent. Et tout le travail de l’homme est de rappeler à son esprit les bontés que Hachem lui prodigue.

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Dévarim (11 ; 19) : « Vous les enseignerez à vos enfants pour en parler quand tu seras assis dans ta maison, quand tu seras en chemin (en voyage), quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. »

La Paracha de la semaine contient le deuxième paragraphe du Chéma Israël. Il y est enseigné le devoir d’étudier la Torah et de la transmettre à ses enfants : « Vous les enseignerez à vos enfants… »

Dans la phrase « Vélimadtème Otam » (Vous les enseignerez), le terme « Otam » (elles, ces paroles de Torah) est écrit sans la lettre « Vav ».

Ainsi, on peut le lire comme s’il était écrit « Atèm » (vous).

D’après cela, le sens de la phrase est tout autre, et Hazal utilisent cette orthographe pour donner au verset un sens plus personnel : « Vous étudierez ! ».

Le Hafetz Haïm apprend de là une leçon importante. Nous ne devons pas fonder nos espoirs uniquement sur nos enfants, mais chacun d’entre nous a l’obligation d’étudier la Thora, comme le dit Hillel dans Pirké Avot (1 ; 14) : « Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? »

Nous apprenons donc de cette omission de la lettre « Vav » quelque chose de fondamental, même si envoyer ses enfants à la Yéchiva est déjà extraordinaire, cela n’enlève pas au père le devoir d’étudier la Thora, car en l’étudiant et en la pratiquant, il montre l’exemple. Bien entendu, les femmes ont aussi l’obligation de motiver leur mari à aller étudier au Beth Hamidrach afin d’obtenir la récompense éternelle qui leur est promise dans l’étude de la Torah de leur mari.

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