PARACHAT RÉÉ
En général, la Paracha de Réé est lue avant le mois de Eloul.
Pourquoi ?
Cette Paracha commence par le verset bien connu : Réé Anohi Noten Lifnéhem Hayom Béraha OuKlala, “Vois, je présente devant vous aujourd’hui la bénédiction et la malédiction.” (Dévarim 11; 26)
“Réé” se traduit par “vois”, “regarde”. C’est comme un clin d’œil que nous ferait la Torah en nous disant : “Regarde le mois qui vient vers toi, Eloul est arrivé, c’est le mois de la Téchouva!”
Eloul est un mois fantastique. C’est le dernier mois de l’année, le mois de tous les espoirs, le mois qui nous amène à Roch Hachana le jour du jugement céleste. Eloul, c’est un mois entier pour nous préparer.
Pendant ce mois nous devons prendre conscience de ce que nous sommes et de ce que nous voulons être. Se fixer des objectifs spirituels dans notre vie, et tout faire pour y arriver. Nous devons faire le bilan de tout ce que nous avons appris au long de l’année, les Chiourim que nous avons écoutés et les Mitsvot que nous avons faites, afin de mieux nous préparer à servir Hachem.
C’est comme celui qui veut rouler très vite sur l’autoroute, il croise dans sa course folle plusieurs panneaux qui l’obligent à ralentir. Des panneaux indiquant les limitations de vitesse, d’autres des virages dangereux et d’autres des radars. Mais, en fin de compte, tous sont là pour qu’il arrive sain et sauf à bon port.
De même, Eloul est là pour nous faire prendre conscience que bientôt nous allons passer au tribunal. Celui qui est convoqué dans un tribunal n’est pas bien, son coeur palpite, il s’inquiète, sa tension monte. il n’arrive plus à dormir car il redoute d’être accusé. Eloul c’est un panneau sur notre route qui nous dit : “Réfléchi ! Yom Hadin approche !”
Rosh Hachana arrive, on ne devrait pas être tranquille. Mais que faisons-nous ? Nous nous réjouissons de ce “jour de l’an Juif”. Nous sommes happés par le côté festif de cette fête, par ses traditions, “la pomme trempée dans le miel”.
Avant d’aller au tribunal, on doit préparer son dossier, on demande l’aide d’un avocat pour qu’il mette en ordre nos arguments et qu’il prépare notre défense. Celui qui viendrait les mains dans les poches avec un sourire aux lèvres prouverait par son comportement qu’il n’a pas saisi la gravité de la situation.
A l’approche de Roch Hachana également nous devons vérifier notre dossier pour être sûr de ne pas y trouver des éléments à charge.
Tout au long de l’année nous avons croisé des panneaux nous disant : attention à Chabbat, attention à la Cacherout, à la Tsniout, etc. Mais nous étions trop pressés pour s’y intéresser. Notre emploi du temps est tellement chargé, nos objectifs et nos centres d’intérêts tellement éloignés de ceux de la Torah. Comment les aurions-nous vus ?
La Téchouva nous permet le mois de Eloul de revenir sur ces panneaux que nous n’avons pas remarqués car nous allions trop vite dans notre vie personnelle et professionnelle. Nous avons un mois entier devant nous pour les intégrer à notre existence.
La Michna nous dit à la fin du deuxième chapitre de Avot au nom de Rabbi Tarfon : “ La journée est courte et le travail est considérable. Les ouvriers sont paresseux, le salaire est grand et le maître presse.”
Bien entendu, cette Michna est une Métaphore des priorités de la vie. Ici la journée courte représente la vie de l’homme, nul n’en connaît par avance la durée. Le travail représente toutes les Mitsvot que l’homme doit accomplir ici-bas. Les ouvriers paresseux expriment la lenteur avec laquelle nous accomplissons ces Mitsvot et combien, parfois, nous nous détournons d’elles pour mieux nous engouffrer dans les plaisirs de la vie.
Pour l’enfant, l’adolescent, la vie semble être une route très longue. Pourquoi devrait-il sacrifier sa jeunesse à un effort sérieux ? Il désire en premier jouir de sa jeunesse, il lui restera bien assez de temps.
Celui qui n’a pas d’expérience ne sait pas à quel point la journée de travail est courte. Les jours, les semaines, les mois et les années s’envolent. Car nous sommes tous étrangers sur la terre, et nos jours ressemblent à l’ombre qui fuit. Pas comme l’ombre d’un mur ou comme l’ombre d’un arbre qui s’attardent un moment et sous lesquelles on peut se reposer, mais comme l’ombre d’un oiseau qui passe à tire d’aile au dessus de notre tête. Des milliards et des milliards d’hommes ont séjourné sur la terre et leur vie a passé sans laisser de trace. Si l’homme veut faire de sa vie fugitive une vie éternelle, qu’il s’occupe de ce qui est éternel, or la Torah et les Mitsvot sont éternels, la Torah est appelée “l’arbre de la vie”.
Nous pouvons nous demander pourquoi la Torah a placé la Parachat Réé juste avant Roch Hachana ?
Pendant onze mois nous avons eu le temps d’aller dans tous les sens essayons à présent de réfléchir dans quel sens diriger notre vie.
Cette Paracha commence par les deux mots « Réé Anohi », « Réé » « regarde » et le mot juste après c’est « Anohi », « Je », il s’agit d’un pronom personnel réservé à Dieu.
Juste après l’injonction « regarde » nous trouvons « je » c’est-à-dire que la Torah nous demande de regarder vers l’essentiel : Dieu. Elle nous demande de prendre conscience, de nous arrêter à l’instant. Eloul arrive comment allons-nous nous présenter à Roch Hachana ?
Nous devons dire stop, essayer de faire un effort afin que cela soit comptabilisé qu’on décrète à notre sujet une bonne année.
Pour que cette année vienne avec toutes ces bénédictions, il faut faire un petit effort. L’effort de la réflexion : « où allons-nous ? ».
D’où l’importance de ce mois de Eloul pendant lequel nous devons réaliser et réagir.
Comment se préparer de façon efficace ?
Bien sûr il faut faire un bilan et prendre de nouvelles résolutions. Mais également il faut faire un effort. Essayer de faire quelque chose pour Hachem. Une petite chose et Hachem nous aidera à la réaliser.
C’est comme un bébé qui apprend à marcher. Quand il tombe, il fait l’effort de se relever, alors sa maman coure vite pour le relever. Mais si ce bébé ne cherche pas à se relever, qu’il ne fait aucun effort, mais qu’au contraire il se fait bien lourd de tout son poids, alors sa maman le laisse par terre.
Nous aussi parfois nous tombons, si nous voulons mériter l’aide divine, nous devons nous relever et faire notre possible pour nous nettoyer des fautes que nous avons commises pendant toute l’année.
Quand à Roch Hachana le Juge prendra notre dossier, il verra qu’on a fait un effort, qu’on a essayé.
Hazal nous disent que Moché Rabbénou, après avoir cassé les premières Tables de la loi, est remonté sur le mont Sinaï une deuxième fois afin d’y recevoir les deuxièmes Tables. Il est monté le 1er Eloul et en est redescendu quarante jours plus tard le 10 Tichri, le jour de Kippour. Il obtint le pardon divin et Sa réconciliation avec le peuple d’Israël. Depuis, le mois de Eloul est le mois de la miséricorde divine. Après les trente jours de Eloul, arrivent les dix jours de Tichri, de Roch Hachana jusqu’à Kippour, quarante jours en tout.
S’il est vrai que Roch Hachana est le Yom Hadin, le jour du jugement, il fait aussi parti des quarante jours de miséricorde. Nous en déduisons donc que ce jour de Din est emprunt de Rahamim, le jugement dans la miséricorde !
Le tribunal céleste verra qu’on a fait notre possible, il sera clément et les portes s’ouvriront pour une bonne année.
Que signifie faire un effort ?
- Par exemple, celui qui mange du cochon toute l’année, qu’au moins un jour par semaine il fasse l’effort de ne pas en manger. Par exemple le jour du Chabbat.
- Celui qui ne fait pas Chabbat, qu’il essaye au moins quelque chose. C’est trop dur, il y a pleins de restrictions, on étouffe ! Qu’il essaye au moins de respecter un vendredi soir, c’est plus facile puisque de toute façon il est chez lui pour la soirée, il ne travaille pas. Qu’il savoure ce jour.
- La Tsniout, s’habiller pudiquement, il est difficile pour certaines filles de s’habiller selon les règles de la Torah. Essayer une fois par semaine de s’habiller correctement, par exemple le Chabbat mettre une jupe longue. Pour un garçon, mettre un pantalon.
Du Ciel on voit l’effort accompli. Bien entendu on ne peut pas s’arrêter là et se contenter d’un seul jour par semaine. Le processus de Téchouva devra être mené à son terme et c’est toute l’année qu’on devra respecter toutes les lois de la Torah. Mais c’est un début, on montre ainsi qu’on veut se changer, qu’on veut avancer.
