Rabbi Chimon bar Yo’haï se présenta le lendemain de Roch Hachana à la porte de la maison de ses neveux et se mit à leur faire la morale sur l’importance de donner la charité aux pauvres.
Bien qu’ils ne fussent pas particulièrement aisés et qu’ils ne comprenaient absolument pas l’urgence de ce qu’il disait, ils écoutèrent attentivement ; quand Rabbi Chimon parlait, tout le monde écoutait.
« Donnez d’une main ouverte, adjura Rabbi Chimon. Ne vous inquiétez pas pour demain, D.ieu pourvoira à vos besoins. Et le plus important : écrivez tout. Chaque centime que vous donnez, notez-le et emportez la liste avec vous à tout moment. Je veux voir une grosse somme à la fin de l’année. »
Rabbi Chimon leur fit promettre de faire ce qu’il demandait et il partit.
Presque un an plus tard, ils eurent une autre visite étrange, cette fois-ci d’un groupe de soldats romains qui avait pour ordre de les arrêter. Quelqu’un les avait accusés de vendre de la soie sans payer la taxe au gouvernement. Ils se mirent à pleurer et à clamer leur innocence, mais en vain.
Tremblants de peur, ils furent emmenés en prison où ils eurent le choix : soit payer une amende scandaleuse de six cents dinars, soit produire pour le roi un vêtement en soie d’un prix encore plus scandaleux, les deux options étant totalement au-delà de leurs moyens.
Lorsque Rabbi Chimon apprit ce qui s’était passé, il se précipita à la prison et obtint l’autorisation spéciale de rendre visite à ses proches.
« Où est le compte de la charité que vous avez donnée ? demanda-t-il. Combien avez-vous donné ? »
« Voici », répondirent-ils alors que l’un d’eux sortait le petit parchemin de sa poche.
Rabbi Chimon prit le compte et remarqua qu’ils avaient donné près de six cents dinars ; il ne manquait que six dinars pour arriver à cette somme. « Avez-vous de l’argent avec vous ? », leur demanda-t-il.
Ils produisirent six dinars qu’ils avaient cousus dans leurs vêtements au cas où ils en auraient besoin. Rabbi Chimon prit l’argent, soudoya l’un des fonctionnaires, les charges furent abandonnées et ils furent libérés.
Rabbi Chimon leur expliqua ce qui s’était passé. « Ce dernier Roch Hachana, je me suis assoupi et j’ai rêvé que le gouvernement vous demanderait six cents dinars. C’est pourquoi je vous ai dit de faire la charité, pour annuler le décret. »
– Pourquoi alors ne nous as-tu pas parlé de cela ? se plaignirent-ils. Nous aurions donné l’argent immédiatement et nous nous serions épargnés beaucoup d’angoisse.
– Mais dans ce cas, répondit Rabbi Chimon. Vous n’auriez pas fait la Mitsva pour elle-même.
(Extrait du Midrash Rabbah, Vayikra 34:12)

