Béréchit 2020

Télécharger en PDF

 

PARACHAT BÉRÉCHIT

« Béréchit Bara Elokim et HaShamaïm VéEt HaAretz » (Au commencement de la Création par D. des cieux et de la terre) (Béréchit 1,1)

Le Baal HaTourim fait remarquer que les dernières lettres des trois premiers mots de la Torah forment en hébreu le mot Émèt (vérité)בראשית ברא אלהים , (Au commencement de la Création par D. des cieux et de la terre) (Béréchit 1,1) ce qui prouve l’importance de la vérité aux yeux d’Hachem.

La Guémara Yoma (69b) nous enseigne que le sceau d’Hachem est la vérité (Émèt).

Les dernières lettres des trois derniers mots des sept jours de la Création du monde forment également en hébreu le mot Émèt (vérité) ברא אלהים לעשות (Que D. avait créée pour faire) (Béréchit 2, 3) renvoyant au fait que l’univers a été créé du début à la fin par l’attribut de Vérité.

Nous retrouvons donc le mot Émèt (vérité) dans le premier et le dernier verset des sept jours de la Création. Il y a pourtant une différence entre ces deux versets. Dans le premier, les lettres du mot Émèt se retrouvent dans le désordre, alors que dans le dernier, les lettres du mot Émèt sont dans le bon ordre.

Pourquoi ?

Le Divré Yé’hezkel explique qu’on peut en tirer un enseignement important, un Juif doit toujours être à la recherche de la vérité. Même si tout lui semble flou, même s’il ne comprend rien et qu’une multitude de questions se présentent à son esprit, il doit continuer à chercher la Vérité. Au début les lettres sont dans le désordre, la vérité est floue, mais ensuite, à force de persévérance, la vérité lui apparaîtra claire et limpide, les lettres seront dans le bon ordre.

Le Midrach Béréchit Raba (8, 5) raconte que la création de l’homme fut sujette à débat parmi les Malakhim. Le ’Hessed (la bonté) et le Tsédek (la justice) étaient d’accord de créer l’homme car il prodigue des bienfaits et pratique la charité. Mais le Émèt (la vérité) et le Chalom (la paix) s’y opposaient car ils affirmaient que l’être humain est plein de mensonges et provoque des disputes.

À la suite de cette discussion, Hachem, qui souhaitait manifestement créer l’homme, renvoya le Émèt des Cieux en le précipitant sur terre (Ichli’h Émèt Artsa, littéralement, Il a jeté la Vérité à Terre). Par conséquent, le Chalom resta seul contre deux opposants (le ’Hessed et le Tsédek). Et ainsi, Hachem put commencer la création de l’humanité.

Pourquoi renvoyer précisément le Émèt des Cieux et non le Chalom ?  

En fait, le Émèt affirmait qu’il n’existe qu’une seule Vérité, qui était le pilier du monde. Donc, toute autre opinion est Chéker (fausse), puisqu’elle contredit l’unique Émèt.

En créant les êtres humains, la diversité entraîne automatiquement des divergences d’opinions et de croyances. L’Homme est donc plein de mensonges, il ne mérite pas d’être créé.

L’argument du Chalom dérive du même raisonnement, l’avis contraire d’autrui mène à des différends entre les êtres humains, l’opposé du Chalom. La création de l’homme risque donc d’avoir des conséquences négatives.

Pour répondre à ces arguments, Hachem précipita le Émèt sur terre. Il voulait par-là changer la conception du Vrai. Cela signifie qu’Il accorda à l’homme la capacité de définir le Émèt selon son propre raisonnement. Même si elles diffèrent de la définition réelle de la Vérité, si les intentions de l’homme sont bonnes et qu’elles restent bien cadrées, ses opinions peuvent entrer dans la catégorie du « Émèt ».

Il est évident que le Émèt se définit selon certaines limites bien claires. Seule une personne savante en Torah et inspirée de Crainte de D.ieu peut affirmer avoir un avis conforme au Émèt.

Inutile de préciser que la Torah rejette complètement l’idée de vérité relative, où chacun peut définir celle-ci selon sa propre logique. On parle ici de limites spécifiques et bien définies d’opinions correctes, on peut alors émettre différents avis.

Une fois que l’idée d’une seule Vérité est éliminée, l’argument du Chalom n’existe plus puisqu’on peut accepter la conception de l’autre sans querelles. Il est toutefois possible que certaines personnes adoptent des approches proscrites par la Torah. Il faudra alors les rejeter avec force.

Cet enseignement nous fait réfléchir. L’existence de plusieurs vérités peut perturber notre vie. Comment réagir ? Tout d’abord, nous devons prendre garde à ne pas disqualifier les approches du judaïsme qui diffèrent de la nôtre. Tant qu’elles calquent les conceptions de la Torah, elles constituent des formes correctes de Avodat Hachem.

Si un membre d’une famille choisit une voie différente dans son service divin, nous devons l’accepter, si elle reste dans le cadre voulu par Hachem. Et une même personne qui a été élevée de manière orthodoxe peut développer sa Avodat Hachem différemment, favoriser certains aspects…