Vayéra 2020

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PARACHAT VAYÉRA

 

La Guémara Sanhédrine (97b) nous enseigne que : « Le fils de David (Machiah) ne viendra que lorsque l’on aura entièrement renoncé à être sauvé » .

Dans notre Paracha (Chap.18, v.13–14), Hachem dit à Avraham : « Pourquoi Sarah a-t-elle ri en disant : Est-ce que j’enfanterai alors que je suis vieille. Y a-t-il une chose impossible pour Hachem ? »  

Le Hafetz Haïm s’interroge pourquoi la Torah s’est-elle tellement étendue pour décrire cet épisode qui semble être déshonorable pour Sarah. De plus, pourquoi nous raconter en longueur la discussion entre avraham et Sarah afin de savoir si cette dernière a ri ou non ?

Il répond que l’histoire des patriarches est un signe pour leurs descendants et tout ce qui leur arriva se reproduira dans la génération d’avant la venue du Machiah. Il est certain que de nombreux grands rabbanim se lèveront, comme les prophètes par le passé, pour haranguer le peuple que l’heure de la délivrance est venue et qu’il faut s’y préparer. Certainement, ils lui diront de faire Téchouva et de plus s’investir dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot.

Nombreux sont ceux qui diront alors : Comment se pourrait-il qu’il vienne soudainement pour nous délivrer ? Ces gens riront en eux-mêmes en pensant que c’est une chose tout à fait impossible. Nous avons déjà trouvé cette attitude à l’époque de la sortie d’Egypte, la Torah nous dit à propos de certains Juifs (Chémot 6 ; 9) : « Mais ils n’écoutèrent pas Moché à cause d’un souffle court et d’un dur travail. »

C’est pourquoi la Torah s’est allongé dans cette Paracha afin de montrer que Hachem critique une telle conduite. Car : « Y a-t-il une chose impossible pour Hachem ? » À chaque instant Il est en mesure d’amener la délivrance en un clin d’œil. De même qu’à chaque instant Il renouvelle entièrement toute la création comme au premier instant, de même Il peut, s’Il le veut, envoyer dans la seconde le Machiah.

Le Hafetz Haïm explique que la Torah résume ici en quelques lignes ce qui se passera à l’époque de la venue du Machiah. Chacun dira qu’il croit sincèrement dans la venue du Machiah. Il ne doute pas un instant de la possibilité de la délivrance. Pour la théorie chacun adhère au message divin, c’est pour la pratique que c’est plus difficile. Tout le monde est croyant que dans un futur plus ou moins proche il viendra, mais qui croit qu’il peut venir tout de suite, immédiatement, dans la seconde présente ?

Le doute sera donc, non pas sur la foi, la croyance, mais sur le moment où cela se réalisera. C’est pourtant un Passouk très clair dans le prophète Malakhi (3 ; 1) : Pitom Yavo El Ekhalo HaAdon Acher Atem Mévakéchime (Soudain il entrera dans son sanctuaire, le Maître dont vous souhaitez la venue) (Le Métsoudat David explique que “le Maître” c’est Machiah).

La venue du Machia’h sera soudaine, personne ne s’y attendra tellement elle sera rapide. C’est pourquoi le Hafetz Haïm avait sous le napperon de son pupitre un morceau de papier sur lequel était écrit ce Passouk, afin de ne jamais oublier l’imminence de sa venue.

Le Hafetz Haïm conclu que notre croyance en Machia’h est si faible que nous nous préparons mal à sa venue. Nos paroles sur Machia’h ne sont donc pas sincères.

C’est la raison pour laquelle la Torah s’est tellement étendue sur le sujet. Sarah prétend qu’elle n’a pas ri et qu’elle a cru aux paroles de l’ange qui a annoncé sa future grossesse. On lui répond : « Non ! Tu as ri ! Et tu n’as donc pas cru aux paroles de l’ange. »  Comme c’était une grande Tsadékète, elle n’a pas été punie pour son manque de confiance dans cette promesse divine.

Quant à nous, sommes-nous suffisamment méritants pour ne pas craindre le courroux divin dû à notre manque de foi dans la venue du Machia’h ?

C’est peut-être le secret que vient nous enseigner un verset dans Yichaya (51 ; 2) qui dit : «Considérez Avraham votre père, et Sarah qui vous a enfanté ! » Le Passouk nous invite à explorer notre passé afin d’y trouver des solutions pour notre avenir.

On peut parfois être désespéré de cette longue attente du Machia’h, mais la naissance d’Itsrak, qui fut le point de départ du Klal Israël ne fut-elle pas elle aussi fondée sur une situation entièrement désespérée ?

Un juif ne doit jamais renoncer dans quelque domaine que ce soit, tant dans celui matériel comme nous l’enseigne la Guémara Bérakhot (10b) : « Même si une épée aiguisée était posée sur le cou d’un homme, qu’il ne désespère pas de la miséricorde », que dans celui spirituel, même s’il a fait les pires péchés au sujet desquels il est dit que le repentir est impossible ou très difficile.

Et même s’il est en train de se noyer dans le monde matériel, il ne doit à aucun moment songer qu’il ne pourra jamais en sortir. Car Hachem est en mesure de l’aider en toutes circonstances.

La construction du peuple juif ne vient-t-elle pas d’une situation entièrement désespérée, car « Avraham et Sarah étaient âgés, ils avançaient dans les jours » (18 ; 11) et « Qui aurait dit à Avraham que Sarah allaiterait des enfants ? » (21 ; 7). Aucun homme sensé aurait pu imaginer une telle chose.

Même après la promesse de l’ange et bien qu’elle eût une foi parfaite dans la puissance d’Hachem, Sarah ne put s’empêcher de rire intérieurement. En effet, si Hachem avait voulu leur donner un enfant, Il l’aurait fait bien avant, car il est préférable de réduire l’ampleur d’un miracle.

En réalité, Hachem voulait que le peuple juif se construise précisément sur une situation désespérée. S’il fallait suivre la nature, Itsrak ne serait jamais venu au monde car ses parents étaient bien trop vieux. C’est ce qui caractérise un juif : le fait de croire qu’il n’y a pas lieu de renoncer, et que Hachem aime lui venir en aide dans toutes circonstances car rien ne lui est impossible.

Nous attendons tous Machiah , et même s’il nous semble rationnellement impossible qu’il vienne dans notre époque, même si notre comportement quotidien tend à faire mentir notre soi-disant attente, apprenons à méditer notre Paracha pour nous convaincre que rien ne peut s’opposer à la volonté d’Hachem. Il a promis qu’il viendra, il viendra ! Amen !