PARACHAT CHÉMOT 2021 – 2

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PARACHAT CHÉMOT 2021 – 2

Avec la lecture de la Paracha Chémot, nous entrons dans une période spéciale du calendrier hébraïque, la période des Chovavim (Les premières lettres en hébreu des Parachiot Chémot, Vaéra, Bo, Béchala’h, Ytro et Michpatim). Quand l’année est Méoubérète (bissextile), comme cette année, on rajoute les deux Parachiot suivantes Térouma et Tétsavé (cette période s’appelle alors Chovavim Tat).

Selon la Kabala toutes ces semaines sont propices à la Téchouva. Le terme de Chovavim fait d’ailleurs écho au verset très connu : « Chouvou Banim Chovavim » (Revenez enfants rebelles, Yirmia 3 ; 22), où Hachem demande aux Béné Israël de revenir à Lui et de faire Téchouva. Tous ceux qui désirent se repentir bénéficient d’une aide du Ciel particulière. Hachem appelle alors chaque Juif en disant : « Revenez à moi et Je reviendrai à vous ! »

Cette période est particulièrement propice à la Téchouva car la lecture du récit de la sortie d’Égypte éveille en chacun de nous le moment de sa propre sortie d’Égypte. Elle l’encourage à se défaire des limites dans lesquelles le Yétser Hara veut l’enfermer afin de l’empêcher d’accomplir la volonté de son Créateur.

Le Rav de Kostk disait : « Il est plus facile pour le corps d’accepter toutes les mortifications du monde que d’accepter le joug de la royauté Divine. Il n’y a pas de plus grande peine pour lui que d’être soumis au joug du Ciel, et de se conformer en tous points aux obligations de la Torah.

Ce qui signifie que le Tikoune (la réparation des fautes) le plus efficace est de craindre Hachem et de lui soumettre ses pensées, son corps et ses membres afin de s’abstenir de tout acte interdit qui serait contraire à Sa volonté. Il s’agit également de redoubler d’efforts pour préserver ses yeux et sa langue de tout mal, au point de se retenir de fauter même lorsque le désir brûle en lui comme un feu ardent. Cette « retenue » lui sera comptée alors comme une multitude de jeûnes. »

Le Michna Béroura rapporte (571, 2) au nom des livres de Moussar : « Si, au milieu d’un repas, alors que l’on désire encore manger, on se retient, cela est compté comme un jeûne et expie les fautes. Lorsqu’un homme veut prendre la résolution d’accomplir un jeûne, il est préférable que ce soit celui de la parole plutôt qu’un jeûne alimentaire. Car le jeûne de la parole ne lui causera aucun dommage ni dans son corps ni dans son âme et il n’en sera nullement affaibli. »

Le Michna Béroura continue en citant le Gaon de Vilna (Iguérète Hagra) : « Un homme ne devra se mortifier ni par des jeûnes, ni par d’autres souffrances physiques, mais seulement en mettant un frein à sa bouche et à ses désirs matériels. Et à chaque instant où une personne ferme sa bouche (quand elle s’abstient de répondre à une attaque verbale), elle reçoit une lumière cachée qu’aucun ange ni aucune créature ne peut concevoir (Midrash). »

Dans notre Paracha, la Torah nous relate l’épisode connu où Moché voit un Égyptien frapper un Juif sans raison. Moché tue l’Égyptien et l’enfoui dans le sable. Le lendemain il voit deux Juifs se quereller. Il cherche à s’interposer mais l’un des hommes lui dit : « Qui t’a placé comme un dirigeant et un juge sur nous ? Vas-tu me tuer comme tu as tué l’Égyptien ? Moché eut peur et dit : Ainsi la chose est connue ! » (Chémot 2 ; 11-14)

Lorsque Moché tua et cacha dans le sable l’Égyptien qui s’en était pris à un juif, il prit soin auparavant de vérifier que personne ne l’observait. Mais lorsque le lendemain, deux juifs mécréants menacèrent de le dénoncer à Pharaon (ce qu’ils firent en fin de comptes), il comprit que « la chose était connue », et s’enfuya pour échapper au châtiment de Pharaon.

Rachi explique l’interrogation de Moché ainsi : Moché ne comprenait pas en quoi les Béné Israël ont pêché plus que les soixante-dix autres peuples pour être dominés par un si dur travail par les Égyptiens ? Mais à présent qu’il a vu qu’il y avait parmi eux des méchants délateurs, il comprit qu’ils le méritaient.

Le Ktav Sofer explique cette remarque de Moché de la manière suivante :

Il existe deux sortes de punitions qui correspondent à deux types de fautes.

  • Pour les fautes entre l’homme et son prochain, Hachem le punit par un intermédiaire humain, comme l’emprise des Nations (que nous subissons jusqu’à ce jour).
  • En revanche, lorsque la faute est envers Hakadosh Baroukh Hou, Il envoie des punitions venant du Ciel, comme des maladies, des accidents, … ‘Lo Alénou’. C’est le principe qu’on appelle « Mida Kénéguèd Mida » (Mesure pour mesure).

Moché savait très bien que les Béné Israël s’étaient éloignés des voies de la Thora (ils avaient entre autres délaissé la Brit Mila), mais il ne saisissait pas pourquoi la punition venait des Égyptiens et de l’esclavage qu’ils leur faisaient subir. Ils auraient dû recevoir un châtiment venant du Ciel.

Lorsqu’il comprit qu’il y avait des délateurs parmi eux, il s’exclama : « Ainsi la chose est connue » En effet, puisque les Béné Israël fautaient envers leurs prochains, ils méritaient donc une punition délivrée par des humains : « Ainsi la chose est connue » ne faisait donc pas référence au meurtre de l’égyptien, mais plutôt au fait que Moché Rabénou comprit enfin la raison de l’esclavage.

Notre Paracha nous relate également que Hachem se révèle à Moché dans un buisson en flamme au pied du mont Sinaï. Il lui demande de se rendre chez Pharaon et de lui exiger en Son Nom : « Libère Mon peuple pour qu’il Me serve », mais Moché refuse parce qu’il a peur, s’il accepte, de blesser son frère aîné Aaron.

Pendant cet échange entre Hachem et Moché, Hachem donne l’ordre à Moché de jeter son bâton à terre, il se transforme alors en serpent. Ensuite, Il lui demande d’attraper la queue de ce serpent et il redevient un bâton Béréchit (4 ; 2 à 4).

Hachem voulait ainsi lui prouver symboliquement la valeur des Béné Israël et lui dévoiler que leur chute spirituelle n’était due qu’au fait qu’ils vivaient parmi les goyim.

Il lui montra à cette fin, que certes, lorsqu’il jetait son bâton à terre, lieu de l’impureté, il se transformait en serpent, allusion à la transformation des Béné Israël en « Baalé Lachone Hara » (habitués à médire de leur prochain) au contact des goyim. Néanmoins, dès qu’il relevait ce « serpent » du sol, il redevenait le bâton Divin qu’il avait été auparavant, évoquant ainsi que si les Béné Israël quittaient le mauvais environnement dans lequel ils étaient plongés, ils retourneraient à leurs saintes origines et redeviendraient meilleurs.

Cet épisode doit être pour nous source d’un immense espoir. En effet, Hachem sait que son peuple cherche à faire le bien et que s’il fait le contraire c’est uniquement à cause de la mauvaise influence des Nations qui l’entourent.

Quand Machiah viendra nous serons libérés du joug des Nations et nous pourrons enfin vivre notre Torah pleinement sans entraves, car, au fond de nous-mêmes, c’est ce que nous recherchons. Mais le Yétser Hara est trop fort et il nous tire vers le bas.

À nous d’essayer malgré tout de résister en nous souvenant que Hachem lui-même a montrer à Moché qu’Il savait que nous n’étions pas si foncièrement mauvais. Il a foi en nous, Il ne nous a pas rejetés. Soyons digne de sa confiance, faisons un petit quelque chose pour Lui. Par exemple, peut-être que si nous sommes plus rigoureux sur nos fréquentations, nous arriverons à allumer la petite étincelle qui est en nous et qui ne demande qu’à illuminer notre vie…