PARACHAT MICHPATIM 2022

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PARACHAT MICHPATIM 2022

 לרפואה שלמה לאלחנן בן חנה אנושקה

Il est écrit dans notre Paracha : « Tout ce qu’Hachem a dit, nous ferons et nous écouterons. » (Chémot 24 ; 7)

Ce verset vient nous apprendre qu’Israël devança l’accomplissement à l’étude (Naassé Vénishma).

Rabbi Eléazar nous enseigne dans la Guémara Chabbat (88a) : au moment où les Béné Israël ont dit cette phrase, une voix céleste s’éleva pour demander : « Qui a révélé à mes enfants ce secret qui guide les anges ? »

En effet, il est écrit dans Téhilim (103 ; 20) : « Bénissez l’Éternel, vous Ses anges, qui exécutez Ses ordres, pour écouter la voix de Sa parole. » Ce qui signifie que les anges exécutent d’abord, et que l’écoute vient ensuite.

La Guémara Chabbat continue avec l’histoire suivante : Un hérétique remarqua un jour que Rava était assis à étudier si profondément la Torah qu’il ne se rendit pas compte que ses doigts qui se trouvaient sous sa jambe ou sous ses pieds commençaient à saigner du fait de la pression qu’il exerçait dessus. Il était tellement absorbé dans son étude qu’il ne se rendait compte de rien.

Il lui dit : Quels exaltés vous faites, en permettant à vos bouches de devancer vos oreilles ! Et vous persistez dans votre témérité. Vous auriez mieux fait d’écouter d’abord et de vous demander ensuite si vous pouviez accepter ou non. Vous êtes tellement impulsifs que vous ne faites même pas attention à ce qui vous arrive.

Rava lui répondit : Nous, qui marchons de façon intègre et innocente avec Hachem, le verset parle de nous ainsi : « L’intégrité des hommes droits les dirige… » Mais vous qui n’êtes remplis que de calomnies et de perversions, voici comment le verset parle de vous : « … mais la perversion des gens sans foi cause leur ruine. » (Michlé 11 ; 3)

Nous pouvons nous demander quel rapport y a-t-il entre la prétendue impulsivité du peuple d’Israël dénoncée par cet hérétique, et le fait qu’il aperçoive Rava en train d’étudier si profondément la Torah qu’il ne se rend pas compte que du sang coule de ses doigts coincés sous ses pieds ?

Quelle impulsivité peut-il y avoir dans le fait de se « donner » complètement dans l’étude de la Torah ?

Nos maîtres enseignent (Midrach Eikha Rabba 2 ; 13) : « Si l’on vient te dire que la sagesse existe chez les Nations, crois-le. Mais si l’on vient te dire que la Torah existe chez les Nations, n’y crois pas. »

La Torah est la possession exclusive du peuple d’Israël, mais la sagesse appartient aussi aux Nations.

Il est écrit dans la Méguilat Eikha (2 ; 9) : « …son roi et ses princes sont au milieu des nations ; il n’y a pas de Torah ; ses prophètes non plus n’obtiennent pas de vision de la part d’Hachem. »

Rachi explique : il n’y a plus personne parmi eux pour enseigner la Halakha.

Le Prophète décrit la condition du peuple d’Israël après la destruction du Beith Hamikdach, le peuple d’Israël était alors sous domination étrangère, sans chef. En conséquence « il n’y a pas de Torah », il n’y a pas d’enseignant en eux, et même les prophètes qui entendent la parole Divine et la transmettent au peuple ne sont plus présents.

Sur ce verset, le Midrash dit : « Une reine et ses ministres chez les Nations n’ont pas de Torah, si un homme vous dit : Il y a de la sagesse chez les Nations croyez-le, mais si un homme vous dit : Il y a une Torah chez les Nations ne le croyez pas. »

La connexion triangulaire du peuple d’Israël vivant sur la Terre d’Israël selon la Torah est ce qui nous permet de vivre une vie entière inspirée par la Chékhina.

En exil, lorsque ce lien a été rompu, la prophétie a cessée et, dans une certaine mesure, la lumière de la Torah s’est également éteinte.

La Torah n’a été donnée qu’au peuple d’Israël et elle n’appartient qu’à lui. Le peuple d’Israël est le lien entre l’humanité et le Créateur du monde. La manière d’atteindre cette connexion n’est pas humainement compréhensible, et on a besoin de conseils divins pour y marcher. Par conséquent, « chez les Nations qui nous entourent, il n’y a pas de Torah ». La Torah ne peut pas être comprise par l’esprit humain, c’est une démarche prophétique qui n’appartient qu’au peuple d’Israël, sous la domination étrangère, la Torah est absente.

D’un autre côté, la sagesse humaine intellectuelle et l’expérience de la vie sont des choses qui peuvent être pour n’importe quelle personne de n’importe quelle nation et de n’importe quelle langue.

Il est rapporté dans la Guémara Kidouchine (33a) que Rabbi Yohanan se levait devant une personne âgée non-Juive. Il expliquait que tout être humain a des épreuves dans la vie et donc chacun, Juif ou non, doit avoir appris beaucoup de choses sur la vie et il est normal de se lever devant ce « puits de connaissances » qu’il a amassé tout au long de sa vie.

Le Rambam au début des Chémona Pérakim (Introduction sur Avot) écrit : « Et sache que les choses que j’ai écrites dans ces chapitres sont des enseignements que j’ai rassemblés des paroles de nos sages mais aussi des enseignements des philosophes et de nombreuses autres personnes. Il est important d’écouter la vérité de celui qui la dit. »

Sur le philosophe grec Aristote, il a écrit : « C’est lui qui enseigna aux êtres humains les voies de la réflexion dans la recherche des preuves, ses lois et ses conditions » (Moré Névoukhim Hélek 2 Chap. 15).

La Torah n’appartient qu’à nous, au peuple d’Israël. La sagesse humaine, comme on l’appelle, appartient à toute la race humaine et il vaut la peine de l’apprendre de quiconque en a quelque chose.

Il est enseigné dans les Pirké Avot (6 ; 5) que la connaissance de la Torah s’acquiert grâce à 48 qualités, et l’une de ces qualités est la foi dans les paroles de nos maîtres.

Lorsqu’un élève fait ses premiers pas dans l’étude du Talmud, il doit savoir que lorsqu’il a des difficultés à saisir le sens des propos de Rachi ou des Tossafot, il ne fait pas l’ombre d’un doute que la lacune provient uniquement de lui-même, et elle est la seule cause à cette incompréhension.

Que doit faire cet étudiant ? Il doit approfondir son analyse au maximum jusqu’à arriver à une compréhension droite et juste de Rachi ou des Tossafot. La foi dans les paroles de nos maîtres fait qu’il est impensable et même inconcevable qu’à chaque fois que l’on ne comprend pas les propos de Rachi, nous allions prétendre que ses propos sont faux (‘Hass Veshalom), et nous octroyer le droit de contester son opinion.

La seule chose qui peut nous sauver d’une telle attitude, c’est cette Émounat Hakhamim (foi dans les enseignements de nos sages) qui nous a été transmise par nos maîtres, et par les maîtres de nos maîtres, qui nous ont toujours affirmé que les sages qui nous ont précédés sont semblables aux anges, c’est pourquoi nous devons toujours approfondir leurs enseignements pour les comprendre.

La Guémara Haguiga (22b) nous rapporte que Rabbi Yéhochoua eut un jour du mal à comprendre les enseignements des élèves de Chamaï, et de ce fait, il contesta leur opinion et s’exprima de façon insultante à leur égard en disant : « J’ai honte de vos paroles, élèves de Chamaï ! »

Mais un élève des élèves de Chamaï vint le trouver et lui expliqua comment il fallait comprendre ces enseignements des élèves de Chamaï. Immédiatement, Rabbi Yéhochoua se précipita au cimetière pour se recueillir devant les tombes des élèves de Chamaï (qui avaient disparus depuis longtemps).

Il dit : « Je viens vous répondre, ossements des élèves de Chamaï. Si vos enseignements les plus flous sont d’une telle richesse, que devons-nous dire de vos enseignements les plus explicites ! » Durant le restant de sa vie, ses dents restèrent noires à cause du grand nombre de jeûnes qu’il observa pour se faire pardonner son manque de respect vis-à-vis des élèves de Chamaï.

Nous comprenons maintenant la réaction de cet hérétique envers Rava.

Comme il ne reconnaît pas l’existence de la Torah orale donnée par Hachem à Moshé sur le mont Sinaï, il n’est pas à même de comprendre l’attitude de Rava qui, totalement absorbé par son étude de la Torah, investit toute sa personne afin de comprendre les enseignements des sages qui l’ont précédé, au point de ne même pas ressentir ses doigts saigner.

De plus, il constate que ce n’est pas seulement Rava qui consacre toutes ses forces dans la compréhension de l’étude de la Torah, mais aussi ses maîtres et tous ceux qui les ont précédés.

Cet hérétique qui ne croit que ce qu’il voit ne peut se contenir et crie : « Vous n’êtes que des impulsifs ! Car lorsqu’on ne comprend pas quelque chose, c’est qu’il s’agit d’une chose incohérente ! Vous devez donc déchirer la page du livre et continuer à vivre à votre convenance ! Cette attitude impulsive dénuée de toute réflexion, vous la tenez de vos ancêtres qui, sans même avoir pris connaissance du contenu de la Torah, ont déclaré qu’ils étaient prêts à l’accomplir et ensuite seulement à l’étudier ! »

C’est donc pour cela que nos maîtres enseignent qu’il n’y a pas de Torah chez les Nations, car ils ne possèdent pas cette foi dans les paroles des Sages qui fournit cette aptitude à accorder du crédit et à approfondir les paroles de ceux qui nous ont précédés.

Nous parviendrons toujours au bout du chemin de la compréhension de la vérité car nous faisons confiance aux maîtres qui nous ont précédés. Alors que les hérétiques et leurs semblables ont une attitude perverse et dédaigneuse vis-à-vis des sages qui les ont précédés et cela les mène à la falsification de la vérité.

Il nous incombe d’approfondir et de croire dans les paroles de nos maîtres et même lorsqu’on ne comprend pas les paroles de quelqu’un qui nous dépasse dans la connaissance de la Torah, nous devons annuler notre opinion devant la sienne.

Celui qui agit ainsi, se verra garantir que « L’intégrité des hommes droits les dirige … », et qu’Hachem lui donnera le mérite de toujours parvenir à la vérité et à toujours agir de façon juste.

Amen