PARACHAT VAYAKEL 2022

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PARACHAT VAYAKEL 2022

Notre Paracha parle du jour du Chabbat : « Pendant six jours le travail sera fait, et le septième jour sera saint pour vous, un repos complet pour Hachem, quiconque y fera un travail sera mis à mort » (Chémot 35 ; 2 ).

Le Hafets Haim explique qu’il existe deux catégories de gens qui observent le Chabbat. Certains le sanctifient en s’y adonnant exclusivement à la Torah et aux activités saintes, voilà la façon de le sanctifier « Comme il convient », puisque c’est dans ce dessein que le Chabbat a été créé.

D’autres ne le sanctifient par aucun acte particulier, mais ils s’astreignent juste à ne pas l’enfreindre. Un tel Juif garde le Chabbat selon la loi afin de ne pas le profaner, en veillant à ne pas y accomplir de travail prohibé.

Certes, ces deux catégories de personnes observant le Chabbat sont promises l’une comme l’autre à une grande récompense, mais chacune sera rétribuée selon son action.

Notre Paracha continue en nous parlant de la construction du Mishkan : « Ils vinrent, tout homme que son cœur avait porté, et toute personne qui avait l’esprit généreux, ils apportèrent le prélèvement pour Hachem pour la construction de la tente d’assignation et pour tout son service, ainsi que pour les vêtements sacrés » (Chémot 35 ; 21)

Le Ben Ich Hai fait remarquer que, pour la construction du Mishkan, en plus de bonne volonté, les Béné Israël devaient faire preuve de « Sentiments élevés ». C’est ce que signifie l’expression « Tout homme que portait son cœur ». Il s’agissait effectivement de participer avec joie à cette construction.

Dans notre verset, la Torah tient à nous avertir que lorsque l’homme veut donner la Tsédaka, le mauvais penchant s’efforce, par différents arguments, de le convaincre qu’il lui est difficile d’accomplir cette Mitsva. Aussi, ce don sera fait, sinon avec tristesse, du moins avec peine, et altérera sa valeur.

Rav Hayim Vital écrit que, concernant la Mitsva de Tsédaka, il faut veiller particulièrement à la réaliser avec joie.

Le Ben Ich Haï ajoute que la tristesse est symbolisée par la terre, le plus inférieur des quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu.

En revanche, pour susciter la joie, il faut porter son regard vers le haut, vers Hachem, et de cette façon élever son cœur vers la spiritualité. On pourra alors réaliser la Mitsva de Tsédaka, ainsi que toutes les Mitsvot, dans la joie.

La Guémara Haguiga (16a) enseigne que six choses ont été dites au sujet de l’homme, trois dans lesquelles il ressemble aux anges, et trois dans lesquelles il ressemble à l’animal.

Une des choses dans lesquelles il ressemble aux anges, est qu’il se tient debout comme eux, alors que les animaux avancent la tête dirigée vers le sol. Car ce membre est constamment occupé à rechercher les choses terrestres (leur nourriture).

Et c’est précisément cet aspect que l’homme doit travailler, soumettre son mauvais penchant, s’habituer à se tenir debout, diriger son regard vers le haut, sortir de la boue dans laquelle il est plongé. La possibilité nous est offerte de nous élever au-dessus des contingences matérielles et des actes purement bestiaux, de nous tenir debout devant Hachem, comme les anges célestes.

LaTorah nous relate les diverses offrandes matérielles offertes par les Béné Israël pour la construction du Mishkan.

Le Ramban précise que pas un seul des Béné Israël n’avait appris les différents métiers relatifs aux travaux du Mishkan. Ils n’avaient pas la moindre expérience professionnelle dans aucun des corps de métier concernés par la construction du Mishkan. Toutes les personnes venues spontanément devant Moshé Rabbénou pour prendre part aux travaux, n’étaient que des gens inspirés par le désir de s’élever dans les voies d’Hachem, prêts à s’engager à réaliser tout travail qui leur sera demandé. Telle est l’explication des termes « tout homme que son cœur avait porté ».

Rav Yérou’ham Levowitz (Mashguiah de la Yéchiva Mir) explique que les propos du Ramban servent à comprendre la véritable définition de l’ambition.

Si l’on observe les géants de ce monde, les gens les plus fortunés sont parvenus au sommet de leur réussite seulement grâce à leur prodigieuse ambition. Une personne sans ambition ne parvient généralement pas à grimper les échelons de la réussite. Celui qui possède de l’ambition détient potentiellement en lui également le secret de sa réussite.

Mais celui qui n’a aucune ambition, fait partie des faibles et des insignifiants, dont les facultés naturelles leur permettront seulement de rester constamment dans leur faiblesse.

La Torah atteste que ceux qui ont réussis n’étaient pas des professionnels, mais seulement des gens « que son cœur avait porté », et qui se sont spontanément engagés à réaliser ce que Hachem leur demandait.

Cette capacité n’était pas celle de quelques personnes de cette génération mais de tout un peuple !

En effet, Moshé Rabbénou se présente au Nom d’Hachem et propose au peuple entier de devenir « un royaume de prêtres et un peuple saint » (Chémot 19 ; 6).

Les Béné Israël, en tant que gens ambitieux, n’ont pas hésité un seul instant. Ils répondent immédiatement : « Tout ce que Hachem dit, nous ferons » (Chémot 19 ; 8). Une telle attitude ne peut qu’indiquer la grande largesse de cœur exigée pour une telle ambition.

Le roi Salomon écrit dans Michlé (6 ; 6-7) : « Paresseux ! Va trouver la fourmi, observe ses façons d’agir et deviens sage. Elle n’a ni maître, ni surveillant, ni supérieur. Elle prépare sa nourriture durant l’été, et elle amasse ses provisions au temps de la moisson. »

Le Midrash Rabba sur Dévarim (5 ; 2) commente ce verset ainsi :

Pourquoi le roi Salomon a-t-il conseillé au paresseux d’aller apprendre de la fourmi ?

Nos maîtres disent que la fourmi possède trois maisons. Elle n’engrange pas dans la maison supérieure par crainte d’inondation. Elle ne le fait pas non plus dans la maison inférieure en raison du froid. Elle engrange dans la maison intermédiaire. Elle ne vit que six mois et elle ne se nourrit que d’un grain de blé et demi, pourtant elle engrange durant l’été tout ce qu’elle trouve, des grains de blé, des grains d’orge, des lentilles … Pourquoi agit-elle ainsi ?

Hazal répondent qu’elle se dit : « Peut-être que Hachem décrètera davantage de vie pour moi, et ainsi, j’aurais de quoi manger. »

Ce même Midrash rapporte au nom de Rabbi Shimon Bar Yohaï qu’un jour, on trouva dans le trou d’une fourmi une quantité de 300 Kour (plus de 70 000 litres) de nourriture qu’elle engrangea pour l’hiver.

Et c’est là la raison pour laquelle le roi Salomon dit : « Paresseux ! Va trouver la fourmi, observe ses façons d’agir et deviens sage. » Pour nous dire : « Vous aussi, préparez-vous des Mitsvot de ce monde vers l’autre monde ! »

Quelle quantité de travail d’engrangement une fourmi, avec ses capacités si petites et si limitées, peut-elle réaliser ? De plus, la raison qu’elle se trouve pour justifier son attitude « Peut-être que Hachem décrètera davantage de vie pour moi » est surréaliste.

Et pourtant, l’ambition est grande, la fourmi réalise des actions qui semblent bien au-delà de ses capacités, et elle réussit de façon remarquable.

S’il en est ainsi pour une créature si petite, la fourmi, à fortiori pour l’être humain lorsqu’il prend conscience de ses prodigieuses capacités.

Cependant, par opposition à la fourmi, chez l’homme il ne s’agit d’un travail optionnel. Il est tenu d’insuffler en lui-même l’ambition, la créativité, l’ascension sans fin ni limite. C’est une véritable obligation, comme il est enseigné dans le Tana Débé Eliyahou Rabba (25 ; 1) : L’homme a le devoir de se dire : « Quand est-ce que mes actes atteindront ceux de mes ancêtres, Avraham, Itsrak et Yaacov ? »

Que peut espérer l’homme lorsque son ambition est très faible et qu’elle n’atteint « qu’un grain de blé et demi », alors qu’il est tenu d’en rassembler plus de 70 000 litres ?

Malheureusement, nous sommes très nombreux dans cette situation, exactement le contraire de la fourmi.

Nous comprenons mieux le secret de la réussite des géants de la Torah dans les générations passées. Ce n’est pas la capacité qui a animé leurs actes, mais uniquement leur très fort désir intérieur. Leur prodigieuse ambition, qui était bien au-delà de leurs véritables capacités, les a poussés vers les sommets. Notre manque d’ambition nous handicape, et c’est là que réside la cause de notre état si faible. Sans ambition illimitée, nous ne ferons rien.