DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA VAYIGACH

DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA VAYIGACH

Béréchit 45 ; 8 : « Et maintenant, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici mais Hachem, et Il m’a placé comme père pour Pharaon… »

Rav Moché Sternbuch apprend des paroles de consolation de Yossef à ses frères un grand principe de conduite : Il ne suffit pas de pardonner à celui qui nous a offensé, mais il faut lui donner une bonne impression, comme s’il n’avait jamais commis la moindre faute contre nous. C’est ainsi que Yossef a expliqué à ses frères que Hachem l’avait envoyé en Egypte et non eux seuls, et qu’ils n’avaient pas à s’attrister ni à sentir aucune gêne.

Rabbi Yérouham Lévovitz dit à ce sujet : Si celui qui nous a fait du mal veut s’expliquer, et qu’on lui répond qu’il n’a aucun besoin de se justifier, de cette façon on l’empêche d’avoir le sentiment agréable d’avoir demandé pardon. On est donc obligé de l’écouter pour lui rendre ce sentiment agréable.

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Béréchit 45 ; 23 : « Et pour son père il envoya comme suit : dix ânes portant le meilleur de l’Égypte et dix ânesses portant du blé, du pain et de la nourriture pour son père pour la route. »

Le Maharal de Prague explique que les ânes ne sont pas conscients de ce qu’ils portent, ni de pourquoi ils le portent. Yossef a envoyé à son père dix ânes pour faire allusion au fait que ses dix frères ne sont pas responsables de l’avoir vendu en Egypte. A l’image des ânes, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Ils pensaient agir d’eux-mêmes, mais ils ne faisaient que mettre en œuvre le plan d’Hachem.

Le message de Yossef est : Ne soit pas en colère contre mes dix frères qui m’ont vendu. Finalement, c’était le plan d’Hachem que je sois vendu en Egypte, et c’est la raison principale pour laquelle cela s’est produit.

Mais selon le Midrach, Yaacov n’a jamais su que Yossef avait été vendu par ses frères. En effet, pendant les dix-sept ans que Yaacov vécut en Egypte, Yossef ne vint pas lui rendre visite. Car il savait que s’il venait à s’isoler avec son père, celui-ci viendrait inévitablement à l’interroger sur les circonstances l’ayant conduit en Egypte. Il aurait été obligé de dire la vérité, que tout était la faute de ses frères et qu’ils l’avaient vendu comme esclave.

C’est pourquoi il choisit de ne pas rendre visite à son père pendant toute cette période. C’est seulement peu avant sa mort, que Yaacov fit appeler Yossef à son chevet.

Lors de cette unique rencontre à huis clos, les frères furent saisis d’un terrible effroi tant ils craignaient que Yaacov ne soit alors informé de leur méfait. Ce sentiment de peur, à ce seul moment, prouve bien à que jamais auparavant les frères n’avaient éprouvé une telle appréhension, car Yossef avait sciemment évité tout isolement avec son père.

Ces deux hommes si proches furent séparés pendant vingt-deux années, sans recevoir aucune nouvelle de l’autre pendant tout ce temps. C’est seulement après leurs retrouvailles que Yossef put enfin profiter de la présence de son père déjà bien avancé dans l’âge qui avait entre-temps acquis de nouvelles dimensions spirituelles, ce qui ne fit qu’intensifier le désir de son fils de rester à ses côtés. En outre, cette proximité offrait au fils prodige l’occasion de s’imprégner des nouveaux enseignements de son père.

Malgré tout, Yossef choisit de se priver de toutes ces merveilleuses opportunités, pour la seule raison de ne jamais risquer de médire sur ses frères, et de leur épargner ainsi une éventuelle humiliation.

On retrouve cette idée à la fin de notre Paracha : « Et le peuple, il le déplaça vers les villes d’une extrémité de la frontière d’Égypte jusqu’à l’autre extrémité. » (Béréchit 47,21)

Yossef transféra le peuple d’une ville à l’autre pour rappeler aux égyptiens qu’ils ne possédaient plus aucune part dans la terre, il déplaça la population de chaque ville dans une autre.

La Guémara Houline (60b) nous apprend que cela nous révèle la bonté de Yossef, dont l’intention était d’ôter la honte de ses frères, afin que nul ne puisse les traiter d’immigrés.

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Béréchit 45 ; 28 : « Mon fils Yossef est encore vivant, je vais aller le voir avant de mourir. »

Le Alchikh Hakadoch rapporte que toutes les actions d’une personne laissent une trace sur son visage et Yaakov détenait la sagesse de lire dans les visages. C’est pourquoi il voulait voir Yossef pour examiner son visage, et vérifier s’il était toujours vivant spirituellement parlant, si c’était encore un Tsadik, malgré les vingt-deux ans passés dans la grande impureté de l’Egypte.

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Béréchit 46 ; 1 : « Israël voyagea avec tout ce qu’il avait, et arriva à Beer Chéva. »  

Pharaon avait demandé à Yossef d’envoyer à son père des chariots pour transporter tous ses biens (Béréchit 45 ; 19). Or, nous ne voyons pas de notre Passouk que Yaacov utilise ces chariots.

Ce n’est qu’au verset 5 au moment où Yaacov quitte Beer Chéva qu’il est écrit : « …les enfants d’Israël transportèrent Yaacov leur père, leurs jeunes enfants et leur femme, dans les chars qu’avait envoyés Pharaon. »

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour utiliser ces chariots ?

Rav Yehochoua Leib Diskin explique que cette attitude était due à l’intégrité intransigeante de Yaacov. Etant donné que Hachem n’avait pas encore approuvé son voyage vers l’Égypte, il a hésité à utiliser les chariots que Pharaon lui avait envoyés. Car si Hachem ne voulait pas qu’il descende en Égypte, cela voudrait dire que leur utilisation aurait été rétroactivement sans justification.

Mais après que Hachem lui a dit de continuer vers l’Égypte (versets 3 et 4 il est écrit : « Je suis le Dieu de ton père, ne crains pas de descendre vers l’Égypte… Je descendrai avec toi vers l’Égypte… »), il n’y avait plus de problème, et Yaacov a pu profiter de la générosité de Pharaon.

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Béréchit 46 ; 2 : « Hachem parla à Israël dans des visions nocturnes et dit : Yaacov, Yaacov ! Il dit : Me voici. »

Rachi explique que le doublement de son nom est une marque d’affection.

Selon le Méchekh Hokhma, bien que Hachem ne soit jamais apparu de nuit à Avraham ni à Itsrak, Il apparaît, dans cette Paracha et dans celle de Vayétsé, à Yaakov dans une vision nocturne parce que celui-ci est sur le point de quitter la terre d’Israël pour un très long exil.

Et cela, afin de lui faire comprendre que, même au cœur de la nuit, dans les ténèbres de l’exil, la présence Divine ne l’abandonnera pas.

C’est également pour cette raison que Yaakov a institué la prière du soir, Arvit, montrant ainsi à ses enfants que dans la nuit de l’exil, Celui qui s’est révélé à lui la nuit, les protégera.

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Béréchit 46 ; 4 : « Moi, Je descendrai avec toi vers l’Égypte, et Moi Je t’en ferai remonter, et Yossef mettra sa main sur tes yeux. »

Le Sforno explique ainsi ce verset : Tu n’auras pas besoin d’être vigilant car Yossef pourvoira à tout, et il ne te sera pas nécessaire de te lier aux Égyptiens, car ils ne sont pas dignes de s’approcher de toi.

Rav Haïm Friedlander écrit dans Sifté Haïm qu’après ces paroles, Yaakov pouvait descendre en Égypte, serein et confiant, car Hachem lui avait promis de le protéger. De plus, il ne serait pas en contact avec l’impureté de l’Égypte.

Cependant, cela ne suffit pas à Yaakov et afin de se préparer aux dangers de l’exil, il fonda un centre d’études pour enseigner à ses descendants.

Rachi (verset 28) nous apprends que Yaacov envoya Yéhouda devant lui pour établir une maison d’étude d’où sortirait l’enseignement.

Le premier souci de Yaakov, pendant cette période de l’exil en Égypte, fut d’assurer aux enfants l’enseignement sacré. En fait, même si Yaakov n’entretint aucunes relations avec les Égyptiens, ce centre d’études était nécessaire pour clarifier ce qui est permis et ce qui est interdit, et distinguer la vérité du mensonge, car l’existence du peuple Juif dépend du développement de l’étude de la Torah.