DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA VÉZOT HABÉRAKHA

DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA VÉZOT HABÉRAKHA

 

Dévarim (33 ; 7) : « Et ceci est pour Yéhouda… »

La bénédiction de Yéhouda suit celle de Réouven.

Rachi explique que Moché juxtaposa Yéhouda et Réouven car tous les deux ont reconnu leur faute.

La Guémara Sota (7b) rapporte que durant les quarante années passées dans le désert, les ossements de Yéhouda roulaient dans le cercueil à cause du bannissement qu’il avait accepté sur lui.

(Quand Yossef voulut garder Binyamin parce qu’il l’accusait de lui avoir volé sa coupe, Yéhouda s’approcha de Yossef et il lui expliqua qu’il ne pouvait pas repartir chez son père sans Binyamin. Qu’il s’était porté garant pour son frère vis-à-vis de son père et que s’il ne le ramenait pas, il aurait fauté envers son père tous les jours. Rachi explique que cela signifie qu’il serait excommunié de ce monde-ci et du monde futur.)

La Guémara continue en disant que Moché intervint en faveur de Yéhouda en arguant : « N’est-ce pas grâce à Yéhouda que Réouven s’est repenti ? »

Nos Sages expliquent que c’est Yéhouda, quand il a reconnu son erreur au tribunal devant Tamar (Pour ne pas que Tamar, sa bru, soit brûlée pour adultère, il reconnut être le père des enfants qu’elle portait) qui a entraîné que Réouven aussi reconnaisse sa faute avec Bilha (Lorsque Rahel mourut, Yaacov prit son lit qui était placé régulièrement dans la tente de Rahel, et non dans les autres tentes, et le plaça dans la tente de Bilha la servante de Rahel. Réouven vint et demanda réparation pour l’insulte faite à sa mère Léa, la sœur de Rahel. Il dit : « Si Rahel la propre sœur de ma mère était la rivale de ma mère, Bilha la servante de la sœur de ma mère serait-elle également la rivale de ma mère ? C’est pourquoi il déplaça le lit de son père dans la tente de Léa sa mère. La Torah considère ce geste comme une faute car en se mêlant des affaires de son père c’est comme s’il avait cohabité avec Bilha l’épouse de son père).

Mais cela est étonnant, car Réouven s’est repenti bien avant l’histoire de Yéhouda et Tamar. En effet, déjà au moment de la vente de Yossef, nos Sages disent qu’il était absent car il était occupé à se repentir en jeûnant et s’isolant, vêtu de toile à sac. La vente de Yossef se déroula plusieurs années après l’incident d’avoir déplacé le lit de son père, et pourtant, Réouven se repentait continuellement sur son geste.

Le Imré Emet répond qu’au départ Réouven pensait que l’essentiel du repentir était de s’imposer des jeûnes et des mortifications. C’est pourquoi, au moment de la vente de Yossef, il était occupé à jeûner pour se faire pardonner.

Mais, quand il vit l’attitude de Yéhouda qui reconnut son erreur, il comprit alors que l’essentiel du repentir c’est de reconnaître sa faute et la regretter profondément dans son cœur, et pas tant de se mortifier et de jeûner.

Ainsi, c’est Yéhouda qui permit à Réouven de reconnaître sa faute.

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Dévarim (33 ; 18) : « Réjouis-toi Zévouloun, dans ta sortie, et Yissahar dans tes tentes »  

Rachi explique que Zévouloun et Yissahar avaient formé une association : Zévouloun sortirait pour faire du commerce dans des bateaux, s’enrichirait et donnerait à manger à Yissahar qui resterait assis et s’occuperait de la Torah.

C’est pourquoi Moché bénit d’abord Zévouloun avant Yissahar car la Torah d’Yissahar n’existait que grâce à Zévouloun.

Rav Aharon Kotler rapporte au nom du Gaon de Vilna que la joie ultime est celle que l’on ressent lorsque l’on accède à une meilleure compréhension de la Torah.

Par conséquent, ceux qui ont soutenu la Torah se réjouiront, lorsqu’ils quitteront ce monde car outre la récompense qu’ils mériteront pour avoir soutenu les érudits, ils savoureront le privilège de connaître et de comprendre tous les domaines de la Torah dont ils auront financé l’étude.

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Dévarim (33 ; 29) : « Comme tu es heureux, Israël ! Qui est comme toi, un peuple délivré par Hachem, le bouclier de ton aide qui est le glaive de ta grandeur (Hérev Gaavatéha) »

Le mot « Gaava » (traduit ici par « grandeur ») veut dire : Fierté, orgueil.

Rabbi Moché de Kobrin enseigne que chaque juif a en lui une tendance à s’enorgueillir, car son âme provient des endroits les plus élevés du Ciel.

Une âme juive vient d’une réalité spirituelle beaucoup plus élevée que celle des non-juifs.

Ainsi, il est naturel, qu’un juif ait de l’orgueil (je suis le fils aimé du Roi des rois, Hachem)

Cependant, il doit diriger ce sentiment de supériorité dans la bonne direction, c’est-à-dire se réjouir d’être proche d’Hachem, de pouvoir procurer de la satisfaction à Hachem, de pouvoir prier face à face avec D., savoir que Hachem désire et écoute ses prières…

Le peuple juif doit être fière d’être le peuple choisi pour être le plus proche d’Hachem (avec la responsabilité qui va avec).

Si un juif n’utilise pas ce sentiment de fierté convenablement, il va mettre cet orgueil dans de mauvaises choses, comme dans le fait de se sentir supérieur aux autres, de penser que sa réussite vient de lui et non d’Hachem.

C’est pourquoi, tout juif doit exprimer et entretenir sa fierté, son orgueil, de travailler pour le Maitre du monde, Hachem.

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