Moshé Rabbeinou commence la Chirat Haazinou par « Ki chem Hachem ekra havou godel lei’Elokeinou ».
« Quand j’invoque le nom de Hachem, attribuez la grandeur à notre D-ieu ». (Dévarim 32:3)
Dans le Guémara Bérachot (21a), Rachi écrit :
Ki chem Hachem ekra : « Quand j’invoque le nom de Hachem » ;
Havou godel lei’Elokeinou, « en répondant : amen ».
On ne saurait trop insister sur l’importance de réciter amen après une bénédiction ou un Kaddish.
Cela procure une récompense extraordinaire, à la fois en protégeant la personne et en lui conférant des mérites éternels.
Une histoire bien connue a circulé concernant le Levoush, Rav Mordechai Yaffe, qui fut invité à diriger la communauté juive de Posen.
Il précisa qu’avant d’accepter ce poste, il souhaitait étudier auprès du Mahari Aboaf (´hacham séfarade vivant à Venise, en Italie), expert en ibour ha’hodesh, la méthode d’intercalation des années bissextiles.
Le Levoush étudia auprès du Mahari Aboaf, Rav Yitzhak Aboaf, pendant trois mois.
Peu avant de partir, lors d’une de leurs séances d’étude, le jeune fils du Mahari récita une Béraha sur un fruit. Tous les membres de la maisonnée répondirent amen.
Le Levoush ne répondit rien. (II était probablement d’avis qu’il n’était pas nécessaire d’être aussi méticuleux pour répondre amen à la bénédiction d’un enfant).
Le Mahari Aboaf, furieux, plaça le Levoush à l’écart pendant trente jours (Nidouï).
À la fin de l’interdiction, le Levoush tenta de l’apaiser.
Le Mahari refusa d’accepter sa contrition, mais il lui dit qu’il accepterait cependant sa pénitence si le Levoush acceptait d’instruire quiconque le rencontrerait sur l’importance de réciter amen.
De plus, il devrait demander à tous ses descendants de répéter l’histoire suivante :
Avant l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, le roi avait un faible pour un Rabbin de la communauté, qu’il considérait comme un ami personnel.
En effet, chaque fois que les Juifs étaient sanctionnés par un décret maléfique, la communauté se tournait vers ce Rabbin, qui intercédait avec succès en leur faveur.
Lorsqu’un nouveau décret fut publié, la communauté supplia à nouveau l’ami du roi de plaider sa cause. Il accepta, mais demanda d’abord à prier Minha.
Ils affirmèrent que le temps était compté et que même quelques instants pouvaient faire la différence entre la vie et la mort. Il accepta et partit pour le palais, où il fut accueilli comme un ami cher.
Il était là depuis peu lorsqu’un prêtre, farouchement antisémite, rendit visite au roi et voulu donner au roi une bénédiction.
Pendant que le prêtre continuait à bredouiller en latin des paroles de louanges et de bénédictions pour le roi, le Rabbin décida de s’écarter et de prier Minha.
Malheureusement, le prêtre termina son long hommage en un temps record, laissant le Rabbin encore en plein milieu de la Chemoneh Essré.
Ainsi, lorsque le prêtre déclara que sa bénédiction ne serait effective que si tous les assistants répondaient amen, tous participèrent sauf le rabbin.
Furieux, le prêtre attribua à l’obstination du Rabbin le fait que sa bénédiction au roi n’ait pas été à la hauteur.
Le roi était au-delà de toute colère. Son animosité envers les Juifs, conjuguée à son ego, le poussa à la frénésie.
Il ordonna immédiatement que le Rabbin soit exécuté de la manière la plus douloureuse et la plus cruelle, puis que son corps soit renvoyé chez lui.
Ferdinand et sa reine (Isabelle) signèrent l’édit final pour l’expulsion des Juifs d’Espagne le jour de Tisha BeAv 1492.
La communauté juive était sous le choc face à la tragédie qui avait frappé leur bien-aimé Rav.
Pourquoi méritait-il une mort aussi brutale ? (Son corps fut démembré.)
Un ami proche du Juif martyr jeûna pendant plusieurs jours pour mériter la réponse à cette question pressante.
Finalement, l’âme du Juif assassiné apparut à son ami et lui expliqua que, quelque temps auparavant, il avait négligé de répondre amen à la bénédiction d’un enfant.
Le Tribunal Céleste ne le punit pas immédiatement pour cela.
Cependant, lorsque le prêtre se mit en colère parce qu’il n’avait pas dit amen à la bénédiction du roi, le Ciel le condamna à une mort horrible.
Le Mahari Aboaf conclut l’histoire en disant : « Le Ciel vous pardonnera à condition que vous rendiez cette histoire publique et que vous encouragiez chacun à répondre amen dès que l’occasion se présentera. »
Rav Eliyahou Lopian avait coutume de répéter, au nom de l’Alter de Kelm :
« Ça aurait valu le coup pour Hachem d’avoir créé l’univers tout entier et de le maintenir pendant six mille ans, juste pour qu’un Juif réponde : Baroukh Hou Ou’baroukh Chemo, une seule fois !
Mais mille Baroukh hou Ou’barouch
Chemo ne valent cependant pas un amen. »
