Le Hafetz Haïm a dit qu’on doit avoir confiance en Hachem en étant intimement convaincu que c’est Lui qui nourrit et pourvoit aux besoins de tous, qu’Il est notre Père, notre Berger qui se préoccupe de tous nos besoins et comble tous nos manques.
Cela attire la grâce divine sur l’homme.
Cette confiance constitue pour lui une « arche de Noé » contre toutes les calamités, comme l’enseigne la Guemara Ménahot (29b) :
« Quiconque place sa confiance dans Hachem se construira ainsi un abri dans ce monde et dans le monde futur.»
Il renforcera beaucoup, explique-t-il, sa confiance en Hachem, jusqu’à ne plus se faire de souci lorsque quelqu’un empiète sur ses affaires (si par exemple, quelqu’un ouvre un commerce semblable au sien à proximité).
Ainsi, il n’en viendra pas à médire de lui et il ne se disputera pas avec lui.
Il aura confiance dans le fait qu’Hachem lui compensera ce manque-à-gagner par un autre moyen.
Par conséquent, si quelqu’un est sur le point de se voir ravir une part de son activité par un concurrent, qu’il lui demande de s’abstenir de le faire et obtient un refus, s’il se tourne alors vers Hachem en Le suppliant de lui attribuer une autre « part » afin d’éviter une querelle, il trouvera certainement grâce à Ses yeux. Car il s’agit d’une vertu empreinte de sainteté.
Comme ce qu’enseignent Hazal dans la Guémara Houline (89a) :
« Le monde repose sur celui qui se retient de répliquer au moment de la querelle. »
Et grâce à sa confiance en Lui, Hachem lui prodiguera une double part.
L’un des ‘Hassidim de Rabbi Tsvi de Liska vint une fois se plaindre à ce dernier d’un concurrent qui venait d’ouvrir son commerce à proximité du sien et qui empiétait ainsi, selon lui, sur sa subsistance.
« Il était une fois un homme, lui répondit le Rabbi, qui possédait un seul et unique coq dont il pourvoyait à tous les besoins, en nourriture et en logement.
Rien ne manquait au coq.
Un jour, son propriétaire lui associa un nouveau coq.
Aussitôt, le premier en perdit complètement la raison et s’acharna, dans sa colère, sur son « rival » en le déplumant entièrement, animé par la crainte d’être supplanté dans sa subsistance.
En réalité, tout cela n’était qu’une idiotie complètement gratuite.
Pourquoi ne comprit-il pas que si son maître faisait entrer un autre coq, il était évident qu’il allait doubler également la ration de nourriture ! »
Le Rabbi conclut alors en disant :
« Tes plaintes ressemblent à celles de ce coq et, dans le Ciel, Hachem se moque de toi : Il nourrit le monde entier et pourvoit à ses besoins.
Et Il n’aurait pas suffisamment pour toi et ton prochain ? »
Rabbi Chlomo Cohen fut l’un des proches du ‘Hazon Ich.
Il vivait d’une imprimerie dont il était le propriétaire, dans la rue Tarphon à Bné Brak, et ne travaillait que le strict minimum afin de s’acquitter de son devoir de « Hichtadloute ».
Un jour, quelqu’un vint ouvrir une imprimerie très près de la sienne.
Rabbi Chlomo entra chez ce dernier et l’invita cordialement à venir chez lui.
Lorsque le « concurrent » novice arriva, Rabbi Chlomo s’assit avec lui et entreprit de le guider et de lui procurer de bons conseils :
« Cette encre est très bonne, mais celle-ci ne l’utilise jamais…., ces tables sont excellentes, mais celles-ci pas du tout… »
Et ainsi de suite sur toutes sortes de sujets.
« Le fait que tu ne le traines pas devant le Beth Din pour empiéter sur ton gagne-pain, s’écrièrent ses fils, passe encore. Mais, pourquoi le conseiller en matière
d’imprimerie ?
-La subsistance d’un homme, leur répondit Rabbi Chlomo, est fixée depuis Roch Hachana jusqu’au Roch Hachana suivant, et tout est écrit selon la sagesse Divine ; seulement, on est tenu d’accomplir sa part d’efforts personnels, et c’est pour cela que j’ai ouvert cette imprimerie.
Mais à présent qu’un autre juif est venu, et ouvre une nouvelle imprimerie, il me soulage d’une partie de mon travail puisqu’une fraction de mes clients iront chez lui.
J’aurai donc ainsi plus de temps pour l’étude et la prière.
Comment ne viendrais-je pas en aide à la personne qui vient alléger le joug de mon labeur ?
Cette réflexion du Hazon Ich à ce sujet est bien connue : « Et combien de sainteté s’ajoute un homme lorsqu’il vit avec cette Emouna ! »
IL EST INUTILE DE PRÉCISER toutefois que ce qui précède concerne seulement la victime d’une concurrence déloyale.
Mais que D. nous préserve d’en déduire une quelconque permission d’empiéter sur la subsistance d’autrui sous prétexte que Hachem est en mesure de subvenir aux besoins de tout le monde !
Car celui qui touche à la subsistance de son prochain et empiète sur son travail est considéré réellement comme s’il versait le sang de son prochain.
Et la mesure étant inversement proportionnelle, celui qui, en revanche, soutient son prochain dans son gagne-pain mérite de voir se déverser sur lui une infinité de bénédictions.
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« Noah, homme de la terre, commença à planter une vigne. » (Béréchit 9, 20)
Le Sforno explique que Noah commença par un acte inconvenable et il s’ensuivit par conséquent des actes défendus.
Car le moindre défaut au commencement provoque de grandes
conséquences à la fin, comme c’est le cas dans les sciences lorsqu’une erreur est commise au début le résultat est faussé.
Le Divré Chémouel explique que l’essentiel de tout travail consiste à en sanctifier le début
[c’est le sens du terme « premier-né », celui qui est né au début (« consacre-moi tous les premiers nés » Chémot 13, 2)].
Cela inclut également la journée : selon comment aura été son début, tel sera tout son déroulement, le corps suivra la tête.
C’est pourquoi nos Sages ont institué de réciter « Modé Ani » dès qu ‘on ouvre les yeux, avant même d’avoir posé le pied à terre, afin que notre première occupation de la journée soit empreinte de sainteté.
C’est pourquoi il est écrit à propos de Caïn qui était très attristé que son offrande n’ait pas été acceptée par Hachem, alors que celle de son frère Ével l’a été :
« La faute te guette à ta porte », car le désir essentiel du Yetser Hara concerne la « porte » (le début, le commencement), autrement dit de faire trébucher l’homme au seuil de la journée et au début de chaque chose sacrée.
Car automatiquement, ensuite, toute la journée lui appartient.
Et c’est précisément à ce sujet que le verset ordonne : « Et toi, domine-la », car si l’on s’efforce de bien commencer, on pourra dominer le Yetser Hara.
C’est en cela que résidait la différence entre Caïn et Ével :
Ével apporta les
« premiers-nés » de son bétail, c’est-à-dire qu’il sanctifiait le début de chaque journée par des choses saintes, et de ce fait, sa prière était pure, parfaite et claire, du meilleur possible.
C’est pourquoi : « Hachem agréa Ével et son offrande » et Il approuva son service.
En revanche, Caïn était un « travailleur de la terre », dont le premier labeur du jour était dans la terre.
Et seulement à la fin de chaque jour, il allait prier, comme cela apparait en allusion dans les mots du verset : « Caïn apporta des fruits de la terre en offrande (Minha) à Hachem », ce qui indique qu’il récitait la prière de Min’ha, qui est à la fin de la journée.
Néanmoins, comme il commençait par le travail de la terre, sa prière était mêlée également des « fruits de la terre », de pensées étrangères au sujet de la subsistance et du travail des champs.
Pour cette raison, Hachem n’approuva pas son offrande.
Le Divré Chemouel conclut en disant :
« On sait que la Torah est éternelle et il en est donc de même dans chaque génération.
Il existe un caractère de « Caïn » et un caractère de « Ével ».
Si l’homme consacre le meilleur et le début de la journée aux futilités de ce monde, tout le reste de sa journée le sera également.
Et même lorsqu’il ira ensuite prier, sa prière sera du « fruit de la terre » du moins bon, accompagnée de pensées
étrangères plongées dans le matériel, comme on le sait.
Mais, lorsqu’il consacre le meilleur et le début de sa journée au service d’Hachem, à la Torah et à la prière, chacun suivant ses possibilités, alors même lorsqu’il ira s’occuper ensuite de ses affaires, il ne sera pas plongé dedans et mènera son commerce avec Émouna et confiance en Hachem.
Et son commerce également sera qualifié de Torah. »
