HAYÉ SARAH 2025

« Avraham s’est levé de devant son mort (Sarah) » (Béréchit 23,3)

Rav Zev Wolf de Strikov explique qu’à la fin de la Akéda, un ange a dit à Avraham qu’il était un homme qui craignait Hachem et que, par conséquent, il aurait une descendance nombreuse qui serait bénie.

Cependant, lorsqu’il rentra chez lui à la maison, il fut confronté à la tragédie de la mort de sa femme Sarah.

Cela aurait pu le déstabiliser, c’est pourquoi le verset atteste que «Avraham s’est levé», ce qui signifie qu’il s’est levé et a gardé le plein contrôle de ses pensées, ne remettant jamais en question les voies d’Hachem et acceptant pleinement que tout ce qu’ll fait est pour le bien.

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« Tu ne prendras pas une femme pour mon fils parmi les filles des Cananéens parmi lesquels je séjourne. Mais vers ma terre et vers mon pays natal tu iras et tu prendras une femme pour mon fils, pour Itsrak. » (Béréchit 24 ; 3 et 4)

Lorsque Avraham demanda à Eliezer de l’aider à trouver une femme pour Itsrak, il insista pour qu’Eliezer ne cherche pas une épouse parmi leurs voisins cananéens, mais dans la patrie et la famille d’Avraham, à Haran.

Cette condition est difficile à comprendre car dans la ville natale d’Avraham, Ur Kasdim, il fut raillé et faillit être tué pour ses croyances monothéistes « radicales ».

En Canaan, en revanche, il réussit assez bien à promulguer sa religion et attira de nombreux adeptes. Ses expériences auraient dû lui apprendre qu’il aurait mieux valu choisir une belle-fille originaire de Canaan.

En fait, le refus d’Avraham de prendre une belle-fille cananéenne n’était pas fondée sur leurs pratiques religieuses, mais sur le fait qu’elles ne possédaient pas les traits de personnalité qu’il recherchait.

Bien que ses proches parents adoraient des idoles, Avraham reconnaissait qu’au fond, ils possédaient les valeurs et les caractéristiques innées qu’il considérait comme nécessaires pour former les fondements de la nation juive.

La Guémara Sota (10b) nous dit que la méthode utilisée par Avraham pour convertir ses voisins Cananéens à ses croyances monothéistes consistait à inviter les passants dans son auberge, où il les accueillait en leur offrant de la nourriture gratuite. Lorsque ses invités tentaient de le remercier pour ce somptueux repas, il leur répondait qu’ils devaient plutôt bénir Hachem afin de le remercier, car c’était Lui la véritable source de la nourriture.

Bien qu’Avraham se réjouissait du succès de ses efforts pour faire découvrir son idéologie religieuse aux Cananéens, leur volonté de se convertir si facilement démontrait une certaine instabilité. Une personne qui est prête à changer de religion pour quelques bouchées de nourriture n’est pas profondément attachée à sa vision du monde.

La patrie d’Avraham, en revanche, était une société d’athées obstinés purs et durs qui refusaient de renoncer à leurs principes pour un repas gastronomique. Même lorsqu’ils apprirent qu’Avraham avait été miraculeusement sauvé de la fournaise ardente de Nimrod, ils restèrent de marbre. Bien qu’Avraham fût en profond désaccord avec eux, il respectait la ténacité avec laquelle ils défendaient leurs convictions.

La Torah décrit (Chémot 32 ; 9) le peuple juif comme un Am Kéché Orèf, un peuple à la nuque dure. Rachi explique : Ils opposent la dureté de leur nuque face à ceux qui les réprimandent et ils refusent d’obéir.

La seule façon de survivre à toutes les persécutions que nous avons endurées au cours des siècles et d’en sortir indemnes est de faire preuve d’une détermination inébranlable.

Avraham comprit que pour jeter les bases nécessaires à l’avenir de la nation juive, Itsrak devait épouser une femme dotée d’une détermination intérieure inébranlable. C’est pourquoi il interdit à Eliezer de choisir une épouse pour Itsrak parmi ses voisins cananéens malléables et insista pour qu’il la trouve plutôt parmi les athées obstinés de Haran, dont il était convaincu que les descendants resteraient fidèles à leurs idéaux et à leurs valeurs face aux défis de la vie.

Nous vivons aujourd’hui dans une culture qui promeut le relativisme moral, enseignant qu’aucune croyance ou principe n’est absolu et soulignant la nécessité d’être flexible et de modérer nos valeurs chaque fois que la situation « l’exige ».

Face à ces pressions extérieures, nous devons renforcer notre détermination intérieure et défendre fièrement nos convictions en nous rappelant que nous sommes un peuple à la nuque dure, d’une inflexibilité obstinée, c’est ce qui fait de nous des Juifs.

 

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Eliézer dit : « Hachem, Dieu de mon maître Avraham, fais, de grâce, que cela se produise devant moi aujourd’hui, et sois bon pour mon maître Avraham. » (Béréchit 24, 12)

Eliézer prie afin qu’Hachem lui présente rapidement la future épouse d’Itsrak.

Mais ne pensait-il pas que son maître en était légitimement digne ?

Pourquoi sollicita-t-il la bonté d’Hachem (« sois bon pour mon maitre Avraham ») ?

Le Hidouché Harim (Sifté Tsadik Parachat Vaet’hanane paragraphe 7) explique que l’homme n’a droit à rien de la part de son Créateur et que tout ce qu’il reçoit n’est que le fait de Sa bonté.

En d’autres termes, on ne peut rien obtenir sans prière.

Et en vérité, même l’abondance qui est déjà décrétée pour un homme ne peut lui parvenir sans qu’il prie pour l’obtenir.

Les Pirké DéRabbi Eliézer (Pérek 16) expliquent que normalement le voyage pour aller à Haran  aurait dû durer 17 jours, mais ici Eliézer a fait le voyage en 3 heures seulement après son départ.

Hachem avait accompli un miracle en abrégeant son trajet pour le bien d’Itsrak.

Les Pirké DéRabbi Eliézer écrivent que même au retour le voyage n’a duré que 3 heures car Hachem a raccourci miraculeusement la route, afin de ne pas obliger Eliézer à passer la nuit en compagnie de Rivka pour qu’il n’y ait pas de problème de Yhoud.

Mais le Hatam Sofer quant à lui, écrit sur la Paracha que le voyage du retour vers Avraham ne fut pas abrégé. Pourquoi ?

Hachem ne désirait pas dévoiler Rivka à Itsrak sans que celui-ci ne prie pour obtenir sa future épouse.

C’est pourquoi ils s’attardèrent en chemin et leur trajet ne fut pas raccourci, ce qui donna l’opportunité à Itsrak de prier.

Et de fait, « Itsrak sortit pour converser dans le champ » (afin de prier), et immédiatement après avoir fini sa prière, lorsqu’il leva les yeux : « Il regarda, et voici que des chameaux arrivaient. » (24; 63)

En fait, Rivka n’arriva à Itsrak que grâce à sa prière (d’Itsrak).

Pourtant, il est évident que Rivka était la conjointe réservée à Itsrak.

Mais malgré tout, leur rencontre fut différée jusqu’à ce que « Itsrak sortit pour converser dans le champ ».

On voit donc bien que même le Chidoukh réservé à un homme n’aboutira pas sans prière.

Nous retrouvons la même idée au sujet d’Avraham :

Même après avoir reçu la promesse d’Hachem Lui-même :

« Et Sara ta femme, te donnera un fils » (Béréchit 17; 19).

Et même après que l’ange fut venu lui annoncer le moment prévu pour la naissance, comme il est dit : « A cette même époque, Sara, ta femme, aura un garçon » (Béréchit 18;, 10), Avraham ne mérita la naissance d’Its’hak que par la force de la prière.

Ce fut lorsqu’il pria pour Avimélekh.

Comme la Guemara Baba Kama (92a) le rapporte : « Celui qui demande miséricorde pour son prochain et a lui-même besoin de la même chose est exaucé en premier. »

Même après qu’Hachem ait décrété qu’il aurait un fils, il fallait encore qu’il prie pour que ce fils naisse.

Nous retrouvons encore la même idée avec le prophète Eliaou auquel Hachem promit :

« Va, présente-toi devant A’hav et Je ferai tomber la pluie sur la terre. » (Rois 1 – 18, 1)

Et malgré tout, Eliaou dut prier, comme il est dit (verset 42) : « Et Eliaou monta en haut du Carmel, se pencha vers la terre et mit son visage entre ses genoux ».

Et Rachi d’expliquer : « Afin de prier pour la pluie. » Pourtant Hachem lui avait dit qu’Il ferait pleuvoir.

Et enfin, nous le voyons tous dans notre quotidien, bien que la Parnassa de toute l’année a déjà été décrétée à Roch Hachana, nous prions quand même chaque jour afin qu’elle nous parvienne.

Un homme ne peut pas s’en sortir sans prières. Car sans l’aide d’Hachem, même le plus puissant et le plus riche est faible et est le plus misérable de la génération.

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« Je suis venu aujourd’hui vers la fontaine… » (Béréchit 24; 42)

Rachi rapporte au nom du Midrach que : « Belle est la conversation des serviteurs des patriarches devant Hachem, plus que la Torah de leurs enfants, parce que la section d’Eliézer est répétée deux fois dans la Torah, tandis que de nombreux principes importants de la Torah n’ont été donnés que par allusion ».

Hazal ont utilisé l’expression : « la conversation des serviteurs des pères », car la prière doit se présenter comme une

« conversation », comme si l’on parlait avec Hachem.

En effet, l’Alcheikh Hakadoch l’explique en commentant le verset des Téhilim (102,1): « Prière du pauvre lorsqu’il s’enveloppe et se répand en prières devant Hachem » :

Le verset enseigne à l’homme, enveloppé dans son épreuve et dans sa peine, à se répandre en prières devant son Créateur.

De même que lorsqu’une inquiétude l’assaille, l’homme doit la raconter à autrui afin de retrouver la sérénité, de même, il doit se répandre en prières et raconter tout ce qu’il a sur le cœur à Hachem.

C’est aussi ce qu’écrit le ‘Hazon Ich (Kovets Iguérote 1, 2) : « La prière dite comme si l’on

« parle » avec Hachem au moment où l’on se trouve dans le besoin, est l’essentiel de la prière. Car toutes les autres prières, nous nous sommes déjà habitués à les dire, et elles manquent donc de conviction.

Lorsque l’homme parle avec son Créateur, sa « conversation » émane du plus profond de son cœur. »

Rabbi Yaakov Kaminetski raconta l’histoire qui suit :

Voici environ cent-vingt ans, une jeune fille orpheline habitait dans la ville de Mir, située à proximité de la frontière entre la Pologne et la Lituanie.

Lorsqu’elle grandit et parvint à l’âge des Chidoukhim, elle se heurta à de grandes difficultés pour trouver se marier.

En effet, elle n’avait pas de père pour s’occuper d’elle, et personne pour s’engager à payer une dot digne de ce nom.

Sa seule aspiration était de se marier avec quelqu’un qui consacrerait sa vie à l’étude de la Torah. Elle avait donc besoin d’argent pour concrétiser ce désir.

Les années passèrent. Toutes ses amies avaient déjà fondé leur foyer et elle demeura seule, solitaire et triste.

Cependant, elle ne renonça pas pour autant à se marier avec un Ben Torah. Elle sévertua à travailler dans une bibliothèque pour accomplir sa part d’efforts personnelle, et mit son salaire de côté pour les besoins de la dot. Néanmoins, sa maigre rémunération ne fit pas grande impression.

Un jour, tout en travaillant, elle se mit à songer à sa malheureuse situation et tenta de réfléchir : que pouvait-elle faire afin de parvenir à une somme honorable qu’elle serait en mesure de promettre à un Talmid Hakham qui voulait se marier.

Et elle arriva à la seule et véritable conclusion: « Je ne peux en aucune façon m’en sortir toute seule, seul Hachem peut m’aider. »

Bien qu’elle eût déjà beaucoup prié jusqu’alors, elle l’avait tout le temps fait accompagnée de l’arrière-pensée : « Moi aussi, je fais une bonne Hichtadloute dans ce but. »

A présent, elle parvint à la conclusion qu’aucune Hichtadloute ne pouvait la sauver sans l’aide d’Hachem.

Elle se mit alors à prier comme un enfant à son père, particulièrement aussi parce que Hachem est le Père des orphelins.

Dans ce but, la jeune fille décida d’écrire une lettre à son Père céleste, le Seul qui pouvait la sauver. Elle prit donc une feuille et commença à écrire une « Lettre au Saint-Béni-Soit-Il » dans laquelle elle raconta toute sa situation, sa peine, la douleur et la souffrance qu’elle endurait chaque jour.

Elle écrivit également son souhait d’avoir un mari qui mettrait tous ses efforts dans la Torah et aurait de bons traits de caractère.

Elle investit tout son être dans la description de son triste sort : « Qu’y pouvait-elle si elle n’avait pas de père et qu’elle n’avait pas d’argent ? Etait-ce une raison pour ne pas fonder un foyer de Torah ? »

Et elle conclut : « Tu peux tout, Tu subviens aux besoins des pauvres et relèves la situation des misérables, Tu ne manques de rien, ni d’argent, ni de jeunes hommes. Il est certain que Tu es en mesure, grâce à Ta force immense et redoutable, de me venir en aide. Je compte sur Toi à chaque instant. Ta fille dévouée : Sheine Myriam. »

La jeune fille introduisit la lettre dans une enveloppe, sur laquelle elle écrivit : « A l’intention de mon Père qui est dans le Ciel ».

Elle prit ensuite le chemin des champs à l’extérieur de la ville. Arrivée là-bas, elle resta debout en tenant faiblement la lettre au-dessus d’elle. Et à l’instant où elle sentit un fort coup de vent, elle ouvrit la main, et elle regarda comment sa lettre fut emportée par le vent.

Puis, elle rentra immédiatement chez elle, avec la foi innocente que la lettre arriverait à destination et que Hachem allait tout arranger.

Après plusieurs jours, un des Ba’hourim de la Yéchivat Mir, se rendit dans les champs.

Soudain, une enveloppe fermée, prise dans les buissons, attira son attention. Il la souleva afin de la rendre à son propriétaire, et quelle ne fut pas sa surprise en constatant qu’elle était adressée à « Mon Père qui est au Ciel » !

Il l’ouvrit et lut toute la lettre avec attention.

Il fut très impressionné par la souffrance qu’elle exprimait et par la sincérité de celle qui l’avait écrite.

Lorsqu’il retourna au Beth Hamidrach, il se présenta devant le Roch Yéchiva, Rav Eliaou Baroukh Kamaï, qui devint plus tard le Rav de la ville de Mir, et lui demanda conseil au sujet de ce Chidoukh tombé du Ciel.

Finalement, après quelques vérifications, le Chidoukh fut conclu et il se maria avec l’auteur de la lettre, bien qu’elle fût plus âgée que lui de six ans.

Et effectivement, comme l’avait espéré la jeune fille, son mari ne cessa de s’élever spirituellement : il s’agit

de Rabbi Its’hak Yé’hiel Davidovitch, qui parvint à des niveaux très élevés en Torah et en crainte d’Hachem.

Il devint par la suite, le Machguia’ de la Yéchiva de Minsk, et fut le guide spirituel des grands de la génération en Amérique : Rav Kaminetski, Rav Roderman, Rav Kalmanovitch.

Il en est de même pour chacun, il suffit seulement d’avoir l’intelligence de savoir que Hachem, et Lui-seul, est en mesure de délivrer. Animé de cette pensée, la prière aura un effet bénéfique, surnaturel et dépassant de loin les possibilités humaines.