PARASHAT ÉKÈV
Notre Parasha commence par la promesse d’Hashem : « Et ce sera parce que vous écouterez ces jugements, que vous les observerez et que vous les ferez, Hashem respectera pour toi l’alliance et la bonté qu’Il a promises à tes pères. Il t’aimera, te bénira, te multipliera et bénira le fruit de ton ventre, le fruit de ta terre, ton blé, ton vin, ton huile, la portée de ton bétail … Tu seras béni plus que tous les peuples … Hashem retirera de toi toute maladie … Tu dévoreras tous les peuples qu’Hashem ton Dieu te donne … » (Dévarim 7 ; 12 à 16)
Hashem promet que si le Klal Israël accompli la Tora et les Mitsvot, alors il recevra des bénédictions dans tous les domaines : la Parnassa, la santé, la victoire sur ses ennemis, etc. …
Une question se pose : Pourquoi le Passouk commence-t-il au pluriel (vous écouterez, vous observerez, vous ferez) et fini-t-il au singulier (pour toi, à tes pères, Il t’aimera, te bénira, te multipliera, ton ventre, ta terre, ton blé, ton vin, ton huile, ton bétail … Tu seras béni, Hashem retirera de toi toute maladie … Tu dévoreras tous les peuples qu’Hashem ton Dieu te donne) ?
Il fallait ou tout mettre au pluriel ou tout au singulier, mais pourquoi commencer par un pluriel et finir par un singulier ?
Si on regarde bien on peut observer que les Péssoukim se partagent en deux parties : L’accomplissement des Mitsvot et la réception de la récompense.
L’accomplissement des Mitsvot est au pluriel mais la réception de la récompense est au singulier. Car s’il est vrai que l’on peut accomplir des Mitsvot en groupe, au pluriel, on ne peut pas récompenser en groupe, car chacun est différent de l’autre.
Tout le monde a fait la même chose mais pas de la même manière, pas avec la même intensité. Extérieurement, c’est vrai tout le monde met les Téfilines, tout le monde fait la prière, tout le monde fait Shabbat, tout le monde mange Kasher, etc. … mais quand on s’approche, si on approfondie la situation de chacun, on s’aperçoit que ce n’est pas du tout la même Mitsva. Cela ne peut donc pas être la même récompense !
Celui-là arrive pour Min’ha tout guilleret, il a bien mangé, il s’est même reposé il va pouvoir faire une bonne Téfila. Cet autre revient du travail, il est épuisé de fatigue, il n’a pas eu le temps de manger et il a dû courir pour ne pas rater la Téfila. Les deux vont prier, mais ce n’est pas la même chose, il est donc normal que la récompense soir différente. Bien sûr, on ne dit pas qu’il vaut mieux être fatigué et affamé pour prier, mais si cela arrive alors on doit assumer.
Deux personnes courent les cent mètres, les deux terminent ex-æquo sur la ligne d’arrivée, mais on s’aperçoit qu’un des coureurs portait en courant un sac de cinquante kilos sur son dos. Allons-nous dire que ces deux coureurs ont la même valeur ? Certes non !
Et bien il en va de même pour la Tora. Tout le monde accompli les Mitsvot mais certains ont des Nissionot (épreuves) de la vie à traverser, ce qui rend beaucoup plus difficile leur adhésion à la Tora.
Par exemple, il est facile de manger Kasher quand ce sont papa et maman qui nous ont tout préparé pour aller à l’école, ou qui nous ont réservé un repas Kasher dans l’avion, ou qui nous ont trouvé où manger dans cette grande ville inconnue où nous devons passer deux semaines. Cela devient beaucoup plus délicat quand on doit travailler pour subvenir à ses besoins et qu’on voit combien cela coûte cher de manger Kasher. L’épreuve est plus grande, la tentation plus forte de manger autre chose de moins cher. Chez ses parents il suffisait d’ouvrir le frigo et de se servir et il y avait toujours quelque chose au congélateur. Mais à présent, c’est différent, c’est là qu’on voit réellement si on adhère au programme de la Tora. On voit si on est sincère et attaché ou si c’est juste une couche superficielle qui part au lavage. On voit alors combien on tient au Shabbat, à la cacherout, etc….
Chacun fait la même chose, mais il y a l’intensité dans l’action, et cette intensité seul Hashem est capable de la mesurer et de récompenser chacun selon son effort.
Un jour deux étudiants en Tora sont venus voir le Hafetz Haïm. Le premier, à qui le Hafetz Haïm demandait où il en était dans l’étude de sa Guémara, a répondu : « J’étudie avec mon ami ci-présent et nous sommes à la page 25. » Le Hafetz Haïm posa la même question au deuxième. Ce dernier était embarrassé car son ami avait déjà répondu à cette question puisqu’ils étudiaient ensemble. Mais par politesse lui aussi dit : « Nous sommes à la page 25. »
Le Hafetz Haïm, comme s’il n’avait pas entendu reposa sa question. L’étudiant fut alors très gêné, il était devant le Gadol Hador de sa génération, il avait déjà répondu, il ne savait plus quoi faire. Prenant son courage à deux mains, il réitéra sa réponse. Mais tout de suite le Hafetz Haïm lui reposa la même question. L’étudiant ne savait pas quoi répondre, le Hafetz Haïm était âgé cela expliquait peut-être bien des choses, mais quand même …
Voyant que l’étudiant ne saisissait pas, le Hafetz Haïm lui dit : « J’ai bien compris que vous étudiez ensemble et que ton ami est à la page 25, mais toi tu n’es pas à la page 25, tu es à la page 50. Car ton ami est plus intelligent que toi et il arrive facilement dans l’étude, il est donc bien à la page 25. Mais pour toi, c’est plus difficile, tu ne comprends pas bien et tu dois t’investir à fond pour te mettre à son niveau. Selon tous les efforts que tu as fournis, tu es arrivé à la page 50. »
Selon l’effort, la récompense !
Le Hafetz Haïm explique que dans la Tora on ne regarde jamais le résultat, on ne regarde que les efforts investis pour arriver au but. Ce n’est pas grave si on n’arrive jamais au but, car l’essentiel n’est pas de finir mais de participer. La Mishna nous dit dans Avot : « Tu n’es pas obligé de finir le travail, mais tu ne peux pas t’en rendre quitte. »
Sur terre quand on commande un costume chez le tailleur on veut qu’il soit parfait et qu’il tombe bien. On s’en moque de savoir si l’artisan a une grande famille à nourrir et s’il a mal dormi cette nuit et qu’à cause de cela il n’a pas pu finir son ouvrage. J’ai payé pour un costume je veux mon costume. Si cela ne me plaît pas, tant pis pour lui, il n’aura pas un sou. On veut un résultat, et il en va de même pour toutes les choses de ce monde. Quand j’achète une nouvelle voiture je veux qu’elle roule, peu m’importe les difficultés du concessionnaire qui me l’a vendue. Le Hafetz Haïm nous dit qu’Hashem ne regarde pas ainsi. Hashem ne regarde que l’effort investi, pas le résultat.
Un jour un roi a voulu construire un nouveau palais. Il voulait qu’il soit le plus beau qui n’ait jamais été construit. Aussi il engagea quatre artisans et à chacun il demanda de décorer un mur de la grande salle du trône. Il y a quatre murs donc quatre artisans, un mur chacun. Le roi aurait ainsi le plus beau des palais. Il donna à chacun de l’argent en quantité suffisante pour acheter tout ce dont ils avaient besoin. On tendit de grands rideaux devant chaque mur pour que personne ne puisse copier sur l’autre. Le roi leur donna trente jours pour cela et il leur promit une très grande récompense s’ils réussissaient. Chacun se mis au travail.
Le premier représenta la nature, des montagnes enneigées, des lacs, des fleuves. Le second dessina des arbres fruitiers et des belles fleurs. Le troisième reproduisit les animaux et les oiseaux. Le quatrième artisan, quant à lui, ne fit rien. Il passait son temps à se prélasser et à profiter de l’argent que le roi lui avait donné pour acheter de la nourriture et des boissons. Au fur et à mesure que le temps passait le travail des trois autres artistes avançait. On avait beau dire au quatrième de se dépêcher, il ne se pressait pas, il avait le temps, disait-il. Trois jours avant la fin des trente jours, on fit savoir que le roi viendrait comme convenu à la date prévue. Notre quatrième artisan paniqua. Qu’allait-il faire ? Soudain, il eu une idée de génie : il acheta un miroir de la grandeur du mur qu’il devait peindre, le fixa et il attendit la visite du roi.
Quand le délai expira, le roi vint au palais avec tous ses ministres examiner les œuvres d’art. On enleva le rideau qui cachait le premier mur et soudain apparu une œuvre magnifique, on aurait dit qu’en haut des montagnes il y avait de la vraie neige. Quand on découvrit le second mur les arbres fruitiers étaient si réels qu’on en aurait mangé les fruits, et les fleurs semblaient se détacher du mur. Quant au troisième mur les animaux qui y étaient peints criaient de réalisme. Toute la cour se demandait ce que pouvait représenter le dernier mur. Mais quand on ôta le rideau tout le monde fut stupéfait, un immense miroir était fixé au mur dans lequel se reflétaient les trois autres murs. On avait devant soi les trois œuvres réunies en une. Le roi ne dit rien mais se promit de punir cet effronté.
Le roi fit venir son trésorier afin de récompenser comme prévu les artisans. À chacun des trois premiers artistes il donna un sac rempli de pièces d’or pour les récompenser de leur chef d’œuvre. Le dernier artisan voyant que rien n’était prévu pour lui, s’hasarda et demanda au roi son dû. Le roi lui répondit : « Tu réclames ta récompense, regarde dans le miroir tu y verras les trois sacs d’or, va et sers-toi. »
Selon l’effort, la récompense. Pendant cette période de vacances, de liberté, où il nous semble plus difficile d’accomplir la Tora et les Mitsvot, efforçons-nous dans les horaires de Téfilot, dans la Tsniout, dans l’étude de la Tora, etc. … Faisons, chaque jour, encore plus attention aux Mitsvot afin de recevoir, selon notre effort, toutes les bénédictions d’Hashem qui sont écrites dans notre Parasha. Amen.
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