PARACHAT KI TÉTSÉ
« Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis, Hashem, ton D. les livrera dans ta main et tu feras des prisonniers. Si tu vois parmi les prisonniers une femme belle d’aspect, que tu la désires et que tu la prennes pour toi comme femme. Tu l’amèneras à l’intérieur de ta maison … » (Dévarim 21 ; v. 10 à 12)
Rashi explique (verset 11), que l’ennemi dont parle ici la Tora c’est le mauvais penchant de l’homme. Car si Hashem ne lui permettait pas d’épouser de façon licite cette captive, il l’épouserait de façon interdite. Mais s’il l’épouse, il finira par la prendre en haine et il engendrera d’elle un fils dévoyé et rebelle, le Ben Sorer Oumoré dont parle le verset 15. Tel est le lien qui unit ces différents paragraphes.
On peut se poser la question suivante : Si, pendant la guerre, le Yetser Hara est si grand, pourquoi donc en vouloir à ce soldat d’avoir eu envie de cette femme ? Quelle est sa faute ? Que pouvait-il faire ? Pourquoi le punir d’une si grande punition d’avoir un fils dévoyé et rebelle ?
De qui parlons-nous ? Nous savons que seuls les Tsadikim partaient à la guerre. Comment comprendre qu’ils puissent trébucher ?
La Guémara Bérahot (5a) nous dit : un homme doit toujours animer en lui le Yétser Hatov contre le Yétser Hara, (Rashi explique qu’il doit faire la guerre à son Yétser Hara). S’il parvient à le vaincre, c’est bien ; sinon, qu’il étudie la Tora. S’il parvient de cette façon à le dominer, c’est bien ; sinon, qu’il lise le Chéma. Si c’est efficace, tant mieux ; sinon, qu’il se souvienne du jour de la mort.
Il est intéressant de noter que la Guémara a insisté en disant « toujours ». C’est-à-dire que la guerre contre son Yétser Hara doit être permanente, à chaque instant.
C’est pourquoi le soldat de notre Parasha a fauté. Il aurait dû animer en lui le Yétser Hatov contre le Yétser Hara avant le combat. Mais il ne l’a pas fait. Au lieu de cela il s’est reposé, il pensait être suffisamment Tsadik. Il s’est tranquillisé en voyant tous les miracles qui survenaient pendant la guerre. En un mot il a baissé sa garde et tout logiquement il est tombé dans les mains du Yétser Hara. C’est une lutte de tous les jours, chaque erreur peut être fatale.
Il n’a pas résisté au Yétser Hara pendant la guerre car il ne s’est pas habitué à le combattre en temps de paix. Ce n’est pas quand on est dans le cœur du cyclone qu’on apprend à maîtriser un voilier, c’est quand la mer est calme.
Il en est de même pour le Yetser Hara. Ce n’est pas quand le Nissayon est devant nous qu’il faut réfléchir comment le vaincre, c’est avant, en temps de paix. C’est quand tout va bien qu’il faut se renforcer, en espérant être assez solide pour tenir dans la tourmente.
On raconte qu’une fois Rav Israël Salenter a répété toute une nuit la Mishna dans Avot (fin chapitre 4) : « La jalousie, l’envie et les honneurs abrègent la vie de l’homme ». Quand on lui en a demandé la raison, il a répondu : « Demain je dois me rendre chez un riche notable de la ville, il a certainement une très belle maison et un très beau mobilier. Afin de ne pas être influencé et troublé par toutes les richesses que je verrai ; je me répète cette Mishna pour recadrer les vraies valeurs de la vie. » C’est avant la bataille qu’on se prépare. Pourtant, Rav Israël Salenter était au dessus de cela. En fait, c’est parce qu’il faisait autant attention qu’il était au dessus.
Le ‘Hovot Halévavot nous explique que la guerre contre le Yétser Hara est une guerre sans merci. Le Yétser Hara ne cherche pas seulement à nous faire trébucher une fois, il veut notre mort ! Il cherche à nous anéantir !
Il n’est pas éloigné de nous puisqu’il est en nous. Et c’est notre plus grand ennemi. S’il en est ainsi, on pourrait se demander : à quoi sert de lutter ? On ne peut pas le vaincre il est trop fort. Pourquoi même commencer la bataille ?
La réponse à cette question est simple, ce sont les premiers mots de notre Parasha : « Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis, Hashem, ton D. les livrera dans ta main ». Il te suffit de sortir en guerre contre ton ennemi juré, le Yétser Hara, pour que Dieu le livre dans ta main. Il y a ici une vraie promesse du Passouk, non pas de gagner contre notre Yétser Hara, cela est impossible il est beaucoup plus fort que nous ; mais qu’Hashem nous le livre dans notre main. Car si ce n’est pas Hashem qui t’aide, jamais tu ne pourras le dominer. Mais pour cela tu dois, toi, d’abord faire le premier pas. Sortir pour combattre, résister.
Un jour, un élève est venu trouver Rav Yéhèzkel Lévenstein en lui exposant toutes les difficultés qu’il rencontrait à faire du Moussar. Cela le mettait dans une angoisse telle qu’il ne pouvait plus continuer ainsi. Il demanda donc au Rav la permission d’être exempté du cours de Moussar quotidien de la Yéshiva.
Rav Yéhèzkel lui a répondu en lui donnant la métaphore suivante : Une fois un homme a cherché à déménager dans une maison plus spacieuse. Après de nombreuses recherches il trouva enfin l’appartement de ses rêves. Il était grand, beau, aéré, et en plus le prix n’était pas élevé. Il était vraiment très content. Cependant, dès la première nuit il a déchanté. Le voisin du dessus faisant un tel bruit en pleine nuit qu’il lui était impossible de dormir. Nuit après nuit le bruit continuait. Notre homme demanda conseil auprès de ses amis. Ils lui expliquèrent que cela ne servirait à rien de crier sur le voisin bruyant. La seule solution consistait à isoler son appartement afin de diminuer les problèmes.
Rav Yéhèzkel dit à son élève : il en va de même avec le Yétser Hara. Cela ne sert à rien de vouloir le fuir, il est là, on doit faire avec. Il gène et il abîme. Il faut l’attaquer de façon détournée pour s’en protéger. La seule façon de s’isoler du Yétser Hara est d’étudier du Moussar.
On raconte qu’un jour Rabbi Lévi Itsrak Miberditchov un mois de Éloul se tenait à la fenêtre de sa maison. Un cordonnier non-juif cherchant du travail est passé et il lui a demandé s’il n’avait rien à arranger. En entendant cela, Rabbi Lévi Itsrak s’est écroulé à terre en pleurs et il s’est écrié : “Malheur à moi, malheur à mon âme. Roch Hashana, le Yom Hadin, approche et je ne me suis pas encore arrangé !”
A méditer …
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