PARACHAT KI TAVO
« Aujourd’hui, Hashem ton D. t’ordonne d’accomplir ces décrets et ces lois … » (Dévarim 26 ; 16)
Rashi explique que chaque jour les Mitsvot te paraissent nouvelles comme si aujourd’hui même on te les avait ordonnées.
Notre Passouk se termine en forme de promesse : « tu les observeras et tu les accompliras de tout ton cœur et de toute ton âme. »
Une question se pose : comment demander à quelqu’un d’accomplir les Mitsvot, qu’il fait depuis des années, comme s’il venait d’en recevoir l’ordre ? L’habitude s’est installée. On lui demande de réagir devant les Mitsvot comme si hier il ne les connaissait pas et qu’il vient à l’instant de les découvrir !
Concrètement, on demande à celui qui met ses Téfilines depuis des années de s’extasier chaque matin comme si s’était la première fois. Comme le jour de sa Bar Mitsva. Et à l’épouse qui allume les bougies de Chabbat de s’émerveiller en allumant encore une fois ses Nérot.
Il en va de même pour toutes les autres Mitsvot.
C’est un travail énorme qu’on demande là, car, en principe, on ne s’extasie que sur du neuf, de l’insolite, une chose à laquelle on ne s’attendait pas. À force, la chose perd de son éclat. C’est triste, mais c’est ainsi.
(On peut également adapter cette idée dans sa relation avec autrui ou dans son couple dans sa relation avec son conjoint. Le besoin de renouveau est essentiel.)
Le combat semble perdu d’avance, comment le gagner ?
Un Passouk dans Téhilim (119 ; 162) dit : « Je me réjouis de tes paroles comme quelqu’un qui a trouvé un riche butin. »
Le Rav de Brisk explique que David Hamélèh parle ici de l’étude de la Tora et de la joie immense ressentie par David pour chaque parole de Tora. Les termes employés par David Hamélèh sont significatifs : « Je me réjouis ». Mais il parle également de « trouvaille » pourquoi ? Car quand on trouve quelque chose on ne s’y attend pas, c’est cela qui nous procure de la joie. Cette découverte inattendue, le goût de l’inconnu, du nouveau, tout cela déclenche la joie.
On ne peut comparer le bonheur du riche habitué à sa richesse au bonheur du pauvre qui vient de gagner une fortune au loto. Pendant une seconde c’est l’extase. David Hamélèh ressentait une telle joie en entendant des paroles de Tora, qu’on aurait pu croire qu’il ne les connaissait pas et qu’il venait de les découvrir. C’est la joie que ressent l’enfant qui s’éveille à la vie et qui s’émerveille pour chaque petite chose, alors que l’adulte, blasé, ne fait plus attention à rien. C’est pourquoi le Passouk utilise le terme de Métsia « trouvé », référence à la joie procurée par une trouvaille.
David Hamélèh dit au sujet des paroles de la Tora : « À tout ce qui existe j’ai vu des limites, mais ta Loi (ta Tora) est infiniment vaste. » (Téhilim 119 ; 96)
Nous trouvons dans la Tora cette vertu du renouveau. La possibilité de découvrir derrière chaque Passouk, chaque mot, un trésor. À nous de questionner ce texte millénaire et pourtant si moderne et d’y trouver des réponses adaptées qui nous émerveilleront par leur finesse et leur justesse. La Tora devient alors une source jaillissante de nouveauté où chaque mot brille tel un diamant et prend un sens nouveau. Ainsi, nous allons de découverte en découverte, nous ne sommes donc jamais rassasiés et surtout notre joie reste intacte comme au premier jour.
Le Hafetz Haïm raconte qu’un jour un paysan à dit qu’une fois le Tsar de toutes les Russies a traversé son champ avec son armée. Il s’est mis à décrire l’empereur avec une telle précision : sa tenue, ses armes, son cheval ; qu’on aurait pu dessiner un tableau avec ses renseignements. Étonné de tant de détails, on lui demanda si cela s’était passé il y a peu. Il répondit que le tsar était venu il y a déjà plusieurs années mais que tout était resté clair et net dans sa mémoire.
Le Hafetz Haïm expliqua qu’en fait le phénomène était très simple, ce paysan fut tellement impressionné de voir le Tsar que chaque détail se grava dans sa mémoire. (Un peu comme pour une photographie quand l’objectif s’ouvre, la lumière entre, et tout se grave sur la pellicule. Ici aussi, un événement, une parole de Tora, s’ils sont pris comme des choses importantes restent à jamais gravés dans la mémoire.)
Le problème de la mémoire est donc un faux problème, il s’agit plus de l’intérêt que l’on porte à la chose. Si une parole de Tora nous intéresse, on s’en souviendra toute notre vie.
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