Béchalah 2020

PARACHAT BECHALAH

Rachi nous dit (14 ; 15) qu’au moment où les Béné Israël se sentaient bloqués entre la mer et les Egyptiens, Moché s’est mis à prier Hachem. Hachem lui a alors répondu : « L’heure n’est pas à la prière, dis aux Béné Israël d’avancer dans la mer. La seule chose qu’ils ont à faire c’est d’avancer et la mer se fendra devant eux ! Le mérite de leurs pères et la confiance qu’ils ont placée en Moi quand ils sont sortis d’Egypte sont suffisants pour que la mer s’ouvre devant eux. »

On doit s’imaginer la confiance extraordinaire en Hachem que les juifs ont eu au moment de la sortie d’Egypte. Il est très difficile de quitter son pays, l’endroit où on vit, où on a ses repères.

Quand les Juifs sont partis d’Algérie, c’est parce qu’on les menaçait de mort.

Ce n’est qu’après la Nuit de Cristal que les Juifs allemands ont réalisé qu’il fallait fuir l’Allemagne.

En fait tant que le danger n’est pas sous nos fenêtres on hésite à abandonner une vie à laquelle on est habitué depuis toujours, c’est humain.

Certains ont peur de quitter un travail malgré les brimades et les harcèlements dont ils font l’objet, car ils ont un doute s’ils pourront retrouver facilement un travail. Ils préfèrent donc subir, malgré les problèmes de santé et de manque de confiance en soi, que peuvent générer ces situations car ils pensent à la paie à la fin du mois. Quitter un emploi c’est ce lancer dans l’inconnu, et ce n’est pas évident, surtout si on est à charge de famille.

Les Béné Israël ont fait preuve d’une incroyable confiance en Hachem et quand Il a dit on s’en va, ils L’ont suivi. Il est vrai que chez Pharaon ils étaient opprimés mais au moins ils vivaient dans un pays avec des structures. Dans le désert que mangeront-ils ? Et puis d’abord, où vont-ils ? Par instinct, l’homme préfère la certitude au doute. Mais eux sont partis sans demander où et sans demander comment. Ils n’ont posé aucune question.  

Et c’est cette confiance qui a plu à Hachem. Il s’en souviendra toujours et Il le rappelle de façon nostalgique dans la Haftara de Matot : « Ainsi parle Hachem, Je me souviens la bonté de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles quand tu M’as suivi dans le désert dans une terre inculte. » (Yirmia 2 ; 2)

Cette fidélité absolue, les yeux fermés, sans calcul, c’est ce qui a séduit Hachem et c’est ce qui a fait la particularité du Klal Israël.

La Guémara Chabbat (88a) nous rapporte qu’un jour, Rava étudiait assis dans une certaine position qui faisait qu’il écrasait les doigts de sa main avec son pied au point que du sang coulait de ses doigts. Mais comme il étudiait avec tant de ferveur, il ne s’en rendait pas compte. Un hérétique le remarqua et se moqua de lui :

– Peuple empressé que vous êtes, vous avez fait devancer votre bouche à vos oreilles en disant Naassé Vénichma (Nous ferons et nous comprendrons). Vous auriez dû d’abord vous renseigner pour savoir si cette Torah qu’on vous proposait n’était pas trop dure et si vous étiez capables de l’accomplir. Et je vois que vous persistez dans votre témérité. 

Rava lui répondit :

– Nous avons reçu un cadeau et nous faisons confiance à Celui qui nous a donné ce cadeau. Car Il nous aime et nous l’aimons et celui qui aime ne donne pas à l’être aimé un cadeau empoisonné. S’Il nous a donné Sa Torah c’est que nous sommes capables d’en respecter les règles.

Les Béné Israël sont sortis de leur tranquillité vers l’inconnu, le désert. Car ils avaient confiance en leur interlocuteur qu’est Hachem !

La sortie d’Egypte, chacun de nous doit la faire. La sienne, celle de son Egypte. Chacun est enfermé dans son Egypte, son ‘Hamets, ses problèmes, ses doutes et ses inquiétudes. Chacun doit faire son propre Biour Hamets que lui seul connaît. Sortir de sa tranquillité bourgeoise et partir vers l’inconnu.

Le désert, ce n’est pas seulement une étendue géographique sablonneuse. Le désert, c’est là où les repères n’existent plus. C’est là qu’on s’engage dans une voie où il est illogique de s’engager. Si on ne regarde que le matériel, que la logique, comment ferons-nous ? Avec quoi vivrons-nous ?

La personne qui fait le pas vers Hachem n’en sait rien du tout, il a confiance, il avance. Il va vers ce désert où la matière n’existe plus. Hazal nous disent que la Tora a été donnée dans un désert et à celui qui se fait comme un désert. Dans un désert il n’y a rien, tout est détruit et c’est là qu’on peut construire.

Est-ce que celui qui veut vivre sa passion, quelle qu’elle soit, sportive ou autre, réfléchit s’il va y arriver ? Certes non, il la vit et c’est tout ! Cependant, lui, n’est pas sûr de réussir, mais nous, nous avons Hachem à nos côtés. Nous accomplissons ce qu’Il nous a demandé, Il nous aidera.

Cela ne sert à rien de pleurer devant la mer. Kryat Yam Souf, le secret ? Il faut avancer et quand l’eau arrive aux narines, quand on ne peut plus rien faire de plus car après on se noie, alors on peut dire à Hachem : « À présent c’est à Ton tour de continuer, moi je ne peux pas aller plus loin tout seul. »

C’est un principe dans la vie :  Où ? Comment ? Celui qui se pose ce genre de question ne fera jamais rien. Comment nourrir ses enfants, avec quoi les marier… toutes ces bonnes questions importantes qui sont toutes vraies, elles ont toutes une réalité dans la vie, on peut les expliquer, les démontrer et les prouver.

Le problème, c’est que celui qui se les pose n’avance pas, il reste toujours sur la berge. Avec lui la mer ne se serait jamais fendue car il a des milliers de questions auxquelles il doit répondre avant de traverser. Celui qui réussit dans la Tora c’est celui qui fonce tête baissée sans réfléchir en ayant confiance en Hachem et dans sa Tora.

Certaines personnes disent : « Quand je serai à la retraite j’étudierai, après. » Qui leur dit qu’il y aura un après ? Ils passent leur vie à se construire un avenir alors qu’ils mourront avant cet avenir. Alors à quoi cela sert-il ? La vie de tous les jours Hachem s’en occupe, c’est Son problème ; mais leur monde futur, leur Olam Haba c’est leur problème. Ce qu’un homme étudie aujourd’hui il l’a gagné pour l’éternité. En revanche, ce qu’il gagne dans ce monde, ce qu’il prévoit, rien n’est moins sûr.

Un homme travaille dur toute sa vie et il devient enfin riche. Certainement, comme tout le monde, il fait des projets avec sa femme : « Plus tard, après, quand on sera à la retraite on fera ça et ça. » Mais parfois il est rattrapé par une maladie qui brise tous ses desseins.  Mais tout ce qu’il a investi dans la Torah et les Mitsvot il l’emportera avec lui pour l’éternité.

« Ce que Je Me souviens » nous dit Hachem : « C’est que tu M’as suivi dans le désert dans une terre inculte. » Le désert, l’inconnu, le doute, quitter ses repères et avoir confiance.  

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