PRÉSÉANCE DES BÉNÉDICTIONS (שו’’ע סימן ריא)
1 ) La terre d’Israël est louée par sept espèces : le blé, l’orge, le raisin, la figue, la grenade, l’olive, la datte[1]. (Dévarim 8,8)
2) Lorsqu’on a devant soi plusieurs fruits qui ont la même bénédiction :
- Si parmi eux, il y a un fruit par lequel la terre d’Israël a été louée, alors le fruit des sept espèces a préséance sur les autres fruits et c’est sur lui qu’on devra dire la Bérakha en premier. (Par exemple : raisin et pomme, on dit la Bérakha sur le raisin en premier)
3) Cette règle de préséance ne s’applique que si l’on veut manger les deux fruits qu’on a devant soi. Mais on n’est pas obligé de manger un des sept fruits si on n’en a pas envie. (Par exemple : on peut manger une pomme sans manger le raisin qui est à côté si on n’en a pas envie.)
4) On dit la bénédiction sur les fruits qui sont devant nous. Même si on sait qu’on va bientôt nous apporter un des sept fruits par lequel la terre d’Israël a été louée on n’est pas obligé d’attendre ce fruit pour manger, et on dira directement la bénédiction sur le fruit qui est présent.
5) On est obligé de dire en premier la bénédiction sur les sept fruits, mais on n’est pas obligé de les manger tous en premier. (Par exemple : s’il y a des olives, des dattes et des pommes, on doit dire la bénédiction sur l’olive en premier, mais une fois qu’on en a mangé un peu, on n’est pas obligé de manger la datte avant la pomme. Si on en a envie, après l’olive on pourra manger la pomme et ensuite la datte.)
6) Si on a devant soi plusieurs fruits des sept espèces mentionnées dans le Passouk, il y a un ordre pour dire la Bérakha qui correspond à leur place dans le verset. Celui qui est dit en premier dans le Passouk a préséance pour la Bérakha sur celui qui est mentionné après.
7) Cependant, cette préséance est établie selon la place que ce fruit a par rapport au mot Eretz (terre) du Passouk. Plus un fruit est près du mot Eretz et plus il a préséance pour dire sa Bérakha. Or, le mot Eretz est écrit deux fois dans notre Passouk (au début et à la fin) : « Une terre de blé (1), d’orge (2), de raisin (3), de figue (4), de grenade (5), une terre d’olive (1) et de datte (2). »
Comme la datte vient en deuxième position par rapport au deuxième Eretz (terre) du verset, elle a donc préséance sur le raisin qui ne vient qu’en troisième position par rapport au premier Eretz [2].
8) L’ordre des bénédictions est donc le suivant :
- Hamotsi sur le pain[3] [4]
- Boré Miné Mézonot
- L’olive
- La datte
- Le raisin
- La figue
- La grenade
- Tous les autres fruits de l’arbre
9) La bière d’orge contient surtout de l’eau (on dit d’ailleurs Chéhakol dessus), c’est pourquoi, bien que certains ont l’habitude d’en boire le soir de Tou Bichvat, afin de goûter des sept espèces, elle n’a pas préséance sur les autres fruits.
10) Quand on mange un fruit, il vaut mieux de manière générale, en disant la bénédiction sur ce fruit, avoir l’intention de rendre quitte tous les autres fruits qui ont la même bénédiction qu’on pourrait nous apporter par la suite[5]. Même s’ils ne sont pas devant nous pour l’instant et même s’il s’agit d’autres espèces.
Ainsi on ne sera pas obligé de redire la Bérakha sur l’autre fruit, car on sera déjà quitte avec cette première bénédiction.
Par exemple : si on a eu cette intention au moment de manger une pomme, on ne redira pas de Bérakha sur une orange qu’on nous apporterait par la suite.
11) Cependant, même si on n’a pas eu cette intention[6], on ne redira pas de bénédiction sur ce deuxième fruit[7] qui n’était pas devant nous au moment de la Bérakha sur le premier fruit, car nous disons que Bédiavad (a posteriori) il a été exempté avec cette Bérakha.
- Et ce, même si, après avoir mangé ce premier fruit, il ne voulait plus manger, quand même il ne dira pas de Bérakha sur le deuxième fruit.
- Et même s’il ne reste plus rien du premier fruit, sur lequel il a dit la bénédiction, au moment où on lui apporte cet autre fruit.
12) Ce sera la même règle si on change de catégorie et que ce n’est pas un fruit mais qu’ils ont la même bénédiction. Par exemple, si on a dit la Bérakha sur de la bière et qu’ensuite on nous apporte du fromage ou du poisson[8], ou inversement, on ne redira pas de bénédiction sur le deuxième aliment.
13) Néanmoins, comme tous ces cas sont sujets à discussion entre les décisionnaires, le mieux sera qu’on moment où l’on dit la bénédiction sur un fruit, on pense à rendre quittes tous les autres fruits qui ont la même bénédiction qu’on pourrait apporter ensuite, même s’ils ne sont pas de la même espèce.
14) Toutes ces lois ne s’appliquent qu’à un individu chez lui, mais si on est invité chez quelqu’un, étant donné qu’on ne sait pas à l’avance ce qu’on va manger, nous disons que l’invité est סומך על דעת בעל הבית c’est-à-dire qu’il s’en remet entièrement à ce que le maître de maison lui apportera. Il rend donc automatiquement quitte avec sa bénédiction tout ce qu’on lui apportera par la suite.
15) Si on s’est trompé en disant la bénédiction sur l’ordre des sept espèces et qu’on n’a pas donné la préséance au bon fruit[9], ou même si on a dit la bénédiction sur un fruit qui ne fait pas partie des sept espèces[10], on est quand même quitte de la Bérakha.
Car l’ordre de préséance des sept espèces n’a d’importance qu’a priori mais pas a posteriori.
16) De plus, cet ordre de préséance des sept espèces ne s’applique qu’aux fruits qui ont la même bénédiction.
- Mais si on a devant soi des fruits de l’arbre (Boré Péri Haètz) et des fruits de la terre (Boré Péri Haadama), comme ils n’ont pas la même bénédiction, on pourra commencer par celui qu’on veut.
- C’est-à-dire qu’on peut dire la Bérakha sur le fruit de la terre (Boré Péri Haadama) en premier.
- Et cela, même si on n’aime pas particulièrement le fruit de la terre (il n’est pas Haviv)[11].
- Et même si l’un des fruits de l’arbre appartient au sept espèces[12].
17) Cependant, il est plus correct de dire Boré Péri Haètz avant Boré Péri Haadama[13].
- Sauf lorsqu’on a une préférence pour le fruit de la terre (Boré Péri Haadama), on dira alors la bénédiction sur le fruit qu’on préfère[14].
18) De même, Boré Péri Haètz et Boré Péri Haadama ont préséance sur la bénédiction de Chéhakol Nyhia Bidvaro, car ces deux bénédictions sont plus spécifiques par rapport à Chéhakol qui est plus générale.
19) Bien qu’on ait la règle que la bénédiction de Chéhakol Nyhia Bidvaro rend quitte tous les aliments, cette règle ne s’applique que si on a eu l’intention d’exempter le fruit de l’arbre ou de la terre en la disant. Mais, si on a dit la bénédiction de Chéhakol sans penser à rendre quitte les autres espèces qui se trouvent devant nous, on devra redire la Bérakha sur les fruits de l’arbre et de la terre.
20) Par exemple :
- Si on avait devant soi une pomme, une banane et de l’eau. Si on s’est trompé en disant en premier la bénédiction de Chéhakol Nyhia Bidvaro sur l’eau, on n’a pas rendu quitte la pomme et la banane pour autant. On devra donc redire les deux autres bénédictions appropriées.
- De même, si on a dit la bénédiction sur un fruit de la terre (une banane) alors qu’on avait aussi un fruit de l’arbre (une pomme) devant soi, le fruit de l’arbre (la pomme) n’est pas exempté car on n’en a pas eu l’intention explicite.
21) Mais, en effet, si, en disant la bénédiction sur le fruit de la terre (par ex. une banane), on a aussi pensé à rendre quitte le fruit de l’arbre (par ex. une pomme), il est exempté.
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[1] Le Passouk parle ici d’une terre d’olive à huile et de miel, le miel mentionné ici n’est pas du miel d’abeille mais du miel de datte. Le verset parle donc de datte.
[2] Le fait qu’il y a écrit deux fois le mot Eretz dans le verset nous indique que la Torah a voulu donner un ordre de préséance pour les fruits cités dans ce Passouk. Sinon, il suffisait d’écrire le mot Eretz une seule fois et ainsi on aurait appris la liste des fruits qui louent la terre d’Israël.
[3] La bénédiction Hamotsi passe avant toutes les autres, et pour le Kidouch du Chabbat et des jours de fête, nous devrions dire la Bérakha sur le pain avant celle sur le vin. Mais comme les Hahamim ont institué qu’on doit dire le Kidouch sur le vin, nous couvrons le pain au moment du Kidouch pour ne pas lui faire honte en ne lui donnant pas la préséance, car puisqu’on le couvre c’est comme s’il n’était pas là et c’est comme s’il n’y avait que le vin sur la table.
[4] Le pain de blé passe avant le pain d’orge puisque dans le Passouk le blé est mentionné avant l’orge.
[5] Afin de ne pas entrer dans des Mahlokot (קצשו’’ע ילקוט יוסף סימן רו סעיף כב)
[6] Par exemple : on n’a eu aucune intention spéciale, ni de manger encore, ni de ne plus manger.
[7] Si c’est la même bénédiction.
[8] La bière, le fromage et le poisson ont la même bénédiction.
[9] Par exemple, il veut manger du raisin et de la grenade et il dit la Bérakha sur la grenade.
[10] Par exemple, il veut manger une pomme et du raisin et il a dit la Bérakha sur la pomme.
[11] Par exemple, si on a devant soi une pomme et une banane, on pourra dire la Bérakha sur la banane en premier même si on préfère les pommes aux bananes car elles n’ont pas la même Bérakha.
[12] Par exemple, si on a devant soi du raisin et une banane, on pourra dire la Bérakha sur la banane en premier car ces deux fruits n’ont pas la même Bérakha.
[13] Car la bénédiction sur le fruit de l’arbre est plus spécifique et celle sur le fruit de la terre plus globale. Il est donc logique de dire la plus spécifique en premier.
[14] Par exemple, si on a devant soi une pomme et une banane, on pourra dire la Bérakha sur la banane en premier si on préfère les bananes.
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