DIVRÉ TORAH SUR KI TÉTSÉ
Dévarim (21 ; 10) : « Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis, Hachem te les livrera dans ta main… »
Rachi nous explique qu’ici la Torah nous parle de la guerre que le Klal Israël peut être amené à faire contre ses ennemis.
Mais selon les Baalé Moussar, ce passage fait également allusion à la guerre que chaque juif doit livrer contre son Yétser HaRa (son mauvais penchant).
En effet, le Yétser HaRa est le véritable ennemi de l’Homme car il mène une guerre pour nous empêcher d’accéder à la vie éternelle du monde futur. C’est lui notre véritable et unique ennemi.
Rabbénou Béhayé explique dans le Hovot HaLévavot que l’Homme doit prendre conscience que le Yétser HaRa est son plus grand ennemi.
Mais la Thora nous certifie que si nous sortons en guerre contre lui, alors Hachem nous le livrera entre nos mains.
Le Hafetz Haïm ajoute même qu’en réalité, la seule et unique façon de vaincre le Yétser HaRa est de sortir en guerre contre lui, d’être fort et même d’user contre lui de stratagèmes comme à la guerre.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que lui, mène une véritable guerre d’usure contre nous et ne baisse pas la garde un seul instant.
- Tôt le matin il nous pousse à rester au lit.
- Ensuite, il nous attaque sans cesse à chaque instant de notre journée.
- Il se réveille avant nous et se couche après nous.
Comment mener cette guerre ?
Dans une vraie guerre :
1) On doit comprendre qu’on est obligé de rentrer en guerre avec une abnégation sans faille car le futur du pays en dépend.
2) On doit accepter que la vie en période de guerre soit très difficile et faite de beaucoup de sacrifices et de privations.
3) On doit connaître l’ennemi et étudier ses tactiques et ses armes.
Il en va de même dans la guerre que chacun d’entre nous mène contre son mauvais penchant :
1) Il faut se sacrifier au combat car l’issue fixera si nous aurons droit au monde futur.
2) On se doit de prendre conscience qu’on ne pourra le vaincre qu’en se privant de certains plaisirs et facilités.
3) On doit également connaître le mauvais penchant et étudier ses tactiques pour nous attaquer, afin de mener la meilleure défense.
En suivant ces trois points, alors Hachem nous assure que nous le vaincrons et que nous aurons droit au monde futur.
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Dévarim (21 ; 18) : « Si un homme a un fils qui s’écarte et se rebelle… »
Rachi explique au nom de la Guémara Sanhédrine (71b) : La Torah prévoit la fin éventuelle de sa façon de penser. À la fin, il dilapidera l’argent de son père, et comme il cherchera à maintenir son habitude dépensière et gloutonne, s’il ne trouve pas l’argent dont il a besoin, il finira par se tenir aux carrefours et volera les gens. La Torah nous dit donc qu’il vaut mieux qu’il meure innocent et qu’il ne meurt pas coupable.
Le Saba de Kelm nous fait remarquer comment la Torah considère quelqu’un qui a commencé à mal se conduire et qui s’est un peu écarté de sa voie. Bien qu’il ne soit pas encore passible de la peine de mort pour cela, néanmoins, lorsqu’il est jugé au Beit Din, même la miséricorde exige qu’il soit exécuté dès à présent alors qu’il est encore méritant, plutôt que d’attendre qu’il se rende coupable de la peine capitale à cause des graves fautes qu’il fera inéluctablement si on attend.
Le Saba de Kelm dit : On peut en déduire, qu’à l’inverse, celui qui commence tout juste à améliorer ses actes, bien qu’il n’en soit encore qu’au début, même les anges accusateurs seront d’accord de l’inscrire dès à présent dans le Livre de la vie, afin qu’après de nombreuses années, il puisse mourir méritant.
Ayant commencé à se repentir, il est en effet certain qu’il deviendra finalement un juste parfait. Dans le Ciel, on le considère donc dès à présent comme s’il était parvenu à son niveau ultime.
Cela constitue un formidable encouragement à prendre un nouveau départ, corriger les travers de notre existence et mériter ainsi d’être inscrit dans le Livre des justes parfaits.
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Dévarim (22 ; 10) : « Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble »
Le Daat Zékénim MiBaalé HaTossafot apporte l’explication suivante : Le bœuf est un ruminant, mâchant les aliments avant de les avaler, tandis que l’âne ne l’est pas.
Lorsque le bœuf et l’âne sont attelés ensemble, et que l’âne voit que le bœuf rumine, il pense qu’il est en train de manger quelque chose. L’âne en devient alors jaloux, car il pense que son maître a donné une portion plus importante à son « compagnon de travail ».
En réalité, ils ont reçu chacun la même quantité de nourriture, mais puisque le bœuf doit la mâcher, il donne l’impression d’en avoir reçu plus. Pour éviter une telle souffrance émotionnelle à l’âne, la Torah interdit de les atteler ensemble.
Le Rav Haïm Chémoulévitz dit que si la Torah fait tellement attention aux sentiments d’un animal, combien à plus forte raison elle fait attention aux sentiments des êtres humains.
On apprend de là qu’il faut être vigilant lorsque l’on raconte autour de nous à quel point on a passé de belles vacances, à quel point notre femme est incroyable, combien nos enfants sont brillants.
Si la Torah veut éviter que l’âne devienne jaloux, nous devons tout faire pour que notre prochain ne le soit pas à cause de nous.
Il y a énormément de gens qui souffrent dans notre génération : beaucoup de couples ne s’entendent pas, le taux de divorce est effarant, les rapports parents-enfants sont très difficiles à gérer. Les gens instables, dépressifs et oisifs ne se comptent plus. Et ces fléaux touchent également le monde pratiquant, même si c’est dans des proportions bien moindres.
Les psychologues, coachs, et autres thérapeutes sont de plus en plus sollicités, ainsi que les organismes qui proposent de l’aide aux personnes en détresse.
C’est le chaos total, à tel point qu’une personne heureuse dans sa vie cache son bonheur et ne l’exprime pas oralement, de peur d’être jalousée.
Pourtant, nous sommes dans une génération pratiquement sans guerres, famines, épidémies, ou révolutions sanguinaires. La plupart des gens ont un toit et un minimum d’argent. On pourrait s’attendre donc à ce que l’homme soit serein et heureux, mais ce n’est pas le cas. Bien au contraire.
Des explications d’ordre sociologique peuvent apporter certains éléments de réponse sur le non-contentement de l’homme moderne, comme l’éloignement de la religion et de la foi, l’éclatement de la cellule familiale, une société de consommation à outrance etc. Mais ce n’est pas suffisant.
Dans une société qui ne vie qu’à travers les réseaux sociaux, à travers les photos qu’on envoie sur WhatsApp ou celles qu’on met sur son profil etc., une société qui se montre de plus en plus, une société qui fait plus attention au paraître qu’à l’être, cette recommandation de la Torah prend toute sa force.
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Dévarim (23 ; 15) : « Car Hachem ton Dieu marche à l’intérieur de ton camp pour te sauver et livrer tes ennemis devant toi ; ton camp sera saint, et Il ne verra pas en toi de chose honteuse et Il se détournerait de derrière toi. »
Hazal ne ménagent pas leurs mots pour appeler à la vigilance en ce qui concerne la sainteté du peuple d’Israël et de chaque juif en particulier, car c’est d’elle que dépend la Présence Divine parmi nous.
Le Sfat Emet fait remarquer que la forme grammaticale employée par le verset pour exprimer qu’Hachem « marche » au sein du camp d’Israël est le passif.
C’est comme s’il était écrit, si l’on peut dire, qu’Hachem se fait déplacer et qu’Il se fait conduire par les Béné Israël selon leur niveau de sainteté. Il leur donne ainsi la possibilité de fixer à quel niveau, où et quand, Hachem se déplace avec Son peuple selon la sainteté de sa conduite.
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Dévarim (25 ; 17 et 18) : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek, quand vous êtes sortis d’Egypte. Il t’a rencontré par hasard en chemin, et qu’il a attaqué parmi toi tous ceux qui étaient faibles derrière toi… »
Pourquoi la Torah insiste tant sur le fait qu’Amalek nous attaqua « en chemin » ?
De plus, comment ont-ils réussi à atteindre les Béné Israël, qui étaient pourtant protégés par les Nuées ?
Le Midrach Tanhouma (Ki Tetsé 9) explique qu’Amalek descendit en Égypte, se rendit aux archives et récupéra la liste des noms. Il se plaça ensuite derrière le camp des Béné Israël et les interpella par leurs noms à travers les nuées : « Réouven, Chimon, Lévi … Sortez et venez voir la marchandise que j’ai à vendre. »
Lorsqu’ils sortaient, Amalek les tuaient.
On apprend d’ici que la stratégie d’Amalek était de faire sortir le peuple d’Israël du chemin prévu par Hachem et les pousser à quitter la voie de nos ancêtres.
Les Juifs dans le désert ne manquaient de rien et vivaient grâce à la Providence Divine : la manne qui tombait du Ciel pour les nourrir, le puit de Myriam qui leur fournissait de l’eau potable, les habits qui ne s’abimaient pas.
Pourquoi alors sont-ils sortis à leur rencontre ?
De quoi manquaient ils ?
Amalek a réussi à les atteindre en les éloignant d’Hachem et en leur promettant une meilleure vie matérielle, plutôt que de se reposer sur Hachem.
Ainsi, la Mitsva de faire disparaître Amalek est encore plus d’actualité de nos jours où la société nous pousse à consommer encore et encore, avec une abondance que nos grands-parents, voire nos parents n’auraient jamais espéré connaître un jour.
