DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA LÈKH LÉKHA

DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA LÈKH LÉKHA

 

Béréchit (12 ; 1) : « L’Éternel dit à Avram : Va pour toi, hors de ton pays, de ton lieu natal et de ta maison de ton père. »

Notre Paracha s’ouvre avec une des dix épreuves d’Avraham Avinou, lorsque Hachem lui ordonna de quitter sa terre natale pour rejoindre Erets Israël.

L’ordre de notre Passouk semble inversé, en effet, lorsqu’on quitte un endroit, on quitte d’abord sa maison, puis sa ville puis son pays. Or, ici, la Thora ordonne à Avraham de quitter d’abord sa terre, puis sa région et enfin sa maison paternelle.

 Le Sfat Émèt explique qu’il y a une différence fondamentale entre quitter physiquement un lieu et s’en aller pour des raisons spirituelles.

En effet, si on déménage uniquement pour des raisons matérielles, on quitte d’abord sa maison puis sa ville et enfin son pays.

En revanche, Avraham Avinou fuit les idolâtres et les mécréants sur ordre divin afin de servir Hachem et fonder le peuple juif.

Dans ce cas, il faut surmonter l’épreuve en commençant par le plus simple : abandonner tout d’abord les habitudes de son pays, puis ceux de sa ville et seulement en dernier, se débarrasser des habitudes de sa maison paternelle, qui sont les plus difficiles à abandonner.

C’en est ainsi pour chacun d’entre nous lorsqu’on doit combattre le Yétser HaRa, s’attaquer à lui de front en essayant de le battre est très compliqué. Il faut y aller petit à petit en se renforçant à l’aide de petites batailles, commencer par les choses qui nous semble les plus simples à surmonter et seulement en dernier s’attaquer aux facettes de notre Yétser HaRa qui font tellement parties de nous qu’on abandonne par avance l’idée de les vaincre.

Ainsi, nous pourrons réussir à gagner notre guerre.

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Béréchit (13 ; 14) : « Et Hachem dit à Avram après que Lot se fut séparé de lui… »

Rachi explique : Tout le temps que le méchant (Lot) était avec lui (Avram), la parole divine s’était séparée d’Avram. Pourtant, plus haut, lorsque Lot était avec lui, il est écrit : « Hachem apparut à Avram », c’est parce qu’à ce moment-là, Lot était encore bien.

Pourquoi Lot s’est-il perverti ? Que lui est-il arrivé ?

Nous voyons que celui qui va habiter en Israël s’élève spirituellement.  

Or, on sait que quiconque est supérieur à son prochain, son mauvais penchant est supérieur au sien. Par conséquent, le mauvais penchant se développe et il faut déployer davantage de force pour le dominer.

C’est pourquoi, lorsqu’Avraham et Lot sont arrivés en Israël, Avraham qui a sans cesse lutté contre son mauvais penchant s’est élevé encore davantage en sainteté, mais Lot, qui n’a pas dominé son mauvais penchant, est descendu très bas et a pris une mauvaise voie.

Les choses se passent toujours ainsi en Israël : Soit l’homme s’élève dans la sainteté, soit il descend et chute parce que son mauvais penchant s’y développe davantage.

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Béréchit (13 ; 14) : « Hachem dit à Avram … Lève, Je t’en prie, tes yeux et regarde depuis l’endroit où tu te trouves… »

Hachem s’adressa de la même façon à Moché pour regarder la terre d’Israël. : « Monte au sommet et lève les yeux » (Dévarim 3 ; 27).

Rabbi Meir Simha de Minsk nous enseigne : Celui qui baisse les yeux ne voit de ce pays (la terre d’Israël) que le côté purement matériel, une terre semblable à toutes les autres terres.

Mais celui qui lève les yeux voit que la terre d’Israël est un pays intimement lié au ciel, un pays plus élevé que tout autre par ses qualités spirituelles.

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Béréchit (14 ; 23) : « (Je jure) que je ne prendrai rien de toi, fût-ce un fil ou une lanière (lacet) de chaussure, je ne prendrai rien de ce qui est à toi, pour que tu ne dises pas : C’est moi qui ai enrichi Avram ! »

Avram revient victorieux de la bataille qu’il a livrée face aux rois ravisseurs de son neveu Lot, et voilà qu’il refuse alors la proposition du roi de Sodome de prendre quoi que ce soit du butin commun.

La Guémara Sota (17a), rapporte au nom de Rava, qu’en récompense de son refus de prendre « un fil ou une lanière », ses enfants (le peuple juif) mériteront de recevoir deux Mitsvot : Les fils de Tsitsit ; et les lanières des Téfilines.

Pourquoi est-ce que ces deux Mitsvot sont réalisées spécifiquement durant la prière du matin ?

Selon la Guémara Bérakhot (26b), Avraham est à l’origine de la prière du matin.

De plus, lorsqu’il a parlé au roi de Sodome, il a d’abord cité le fil (Tsitsit) et ensuite la lanière (Téfilines). C’est ainsi, que nous, descendants d’Avraham, nous mettons lors de la prière du matin d’abord le Talith, et ensuite les Téfilines.

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Béréchit (15 ; 1) : « Après ces événements, la parole de Hachem se fit entendre à Avram dans une vision, en disant : « Ne crains rien, Avram, Je suis un bouclier pour toi, ta récompense sera très grande. »

Rachi explique : Après qu’il lui fut fait ce miracle d’avoir tué les rois, il était inquiet et se disait : « Peut-être ai-je reçu la récompense pour tous mes actes de vertu », c’est pour cela que Hachem lui a dit : « Ne crains rien, Avram, Je te protège de la punition, pour que tu ne sois pas puni à cause de toutes ces âmes que tu as tuées. Et à propos de ce que tu t’inquiètes de la réception de ta récompense ta récompense sera très grande. »

Rav Moché Sternbuch écrit que le Saba de Novardok compare ce monde-ci à un restaurant ouvert à tous, où l’on peut consommer des repas de roi, mais où il faut payer la note à la sortie. Ainsi, le « prix » de chaque profit de ce monde est très élevé et réduit en conséquence la récompense reçue dans le monde futur.

Cependant, le Saba de Novardok affirme que de même que les employés d’un restaurant y mangent gratuitement, car il y va de l’intérêt de leur patron qu’ils aient des forces pour travailler. De même, lorsque l’homme qui sert Hachem profite de ce monde, puisque c’est pour avoir des forces pour le service Divin qu’il le fait, son salaire n’est pas entamé.

Le Rav Sternbuch continue et explique : Avram, après avoir vaincu de nombreux miracles contre les quatre rois, pensait avoir perdu sa récompense dans le monde futur. Hachem lui affirma alors qu’il était son fidèle serviteur et que tout ce qu’il avait fait n’était qu’une sanctification du nom Divin. Ainsi, comme les employés du restaurant, Avram n’avait rien perdu de son monde futur.

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Béréchit (17 ; 4) : « Quant à Moi, voici Mon alliance est avec toi… »  

Le Avnei Nézer explique que l’épreuve d’Avraham dans le fait de se circoncire n’était pas seulement de réaliser une opération douloureuse dans sa vieillesse. Il ne s’agissait pas seulement de s’imposer une douleur physique, mais l’épreuve était aussi spirituelle.

En effet, Avraham passait son temps à rapprocher l’humanité du Service Divin. Toute sa personne était investie à cette cause, de se mêler à la population en vue de leur enseigner la Voie d’Hachem.

C’est pourquoi, quand Hachem lui demanda de se circoncire, cela allait à l’encontre de sa nature.

Par la circoncision, Avraham allait se séparer physiquement du reste du monde. Il allait être différent des autres. Et il craignait que cela n’entrave sa mission. Car, il risquait de ne plus pouvoir autant influencer l’humanité, du fait qu’il était à présent séparé et différent de tous. C’était surtout cela qui constituait la véritable épreuve pour Avraham.