DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA TOLÉDOT

DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA TOLÉDOT

Béréchit 25 ; 22 : « Les enfants se disputaient en elle… »  

La Paracha Tolédot débute par le récit de la grossesse mouvementée de Rivka Iménou.

La Torah témoigne que les jumeaux qu’elle portait en elle se disputaient constamment.

Rachi explique que lorsqu’elle passait près du Beith Hamidrach de Chem et Ever, Yaakov courait et s’agitait pour sortir ; et lorsqu’elle passait près d’un temple idolâtre, Essav s’agitait pour sortir.

Rav Haim de Brisk, lorsqu’il était enfant, posa la question suivante à son père, le Beth HaLévi : La Guémara nous enseigne que pendant la grossesse, l’enfant étudie toute la Torah dans le ventre de sa mère de la bouche d’un ange. Ainsi, comment Yaakov voulut l’abandonner pour aller étudier dans un Bet Hamidrach ?

Le Bet HaLévi répondit qu’en effet, l’étude avec l’ange est extraordinaire, mais la proximité avec un Racha est tellement nocive qu’il préféra abandonner son ange, pourvu qu’il s’éloignât d’Essav !

Nous voyons la mauvaise influence que peuvent avoir certaines relations nocives, même dans un milieu « dit » de Torah et combien les parents doivent absolument garder un œil sur leurs enfants et ne pas les laisser avoir de mauvaises fréquentations qui empêcheront leur développement spirituel.

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Béréchit 25, 22 et 23 : « Les enfants se disputaient en elle, et elle dit : Si c’est ainsi pourquoi est-ce que je suis (enceinte) ? Elle alla questionner Hachem. Hachem lui dit : il y a deux peuples dans ton ventre, et deux nations à partir de tes entrailles se sépareront, et une nation sera plus forte que l’autre, et l’aîné servira le plus jeune. »

Rachi explique la réaction de Rivka ainsi : lorsque elle passait devant les maisons d’études de la Torah de Chem et Ever, Yaacov courait et s’agitait pour sortir, et lorsqu’elle passait devant les maisons d’idolâtrie Essav s’agitait pour sortir.  Elle ne comprenait plus ce que voulait son enfant, elle est donc allée demander à Chem des explications.

Hachem lui répondit par l’intermédiaire de Chem qu’il y avait deux peuples, deux nations dans son ventre. 

Hazal expliquent que cela fait allusion à deux grands personnages : L’empereur romain  Antonin, descendant de Essav, et Rabbi (Rabbi Yéhouda Hanassi), descendant de Yaakov. Leur table ne manquait jamais ni de radis, ni de laitues, ni de concombres, été comme hiver, tellement ils étaient riches.

Une question semble évidente : Pourquoi, pour représenter Yaakov et Essav, la Torah choisit-elle Rabbi et Antonin ? La Guémara Avoda Zara (10b) nous apprend pourtant qu’Antonin était un empereur juste.

Il aurait été plus normal de prendre comme exemples Rabbi Akiva et Titus (qui a détruit le deuxième Temple).

En fait, la Torah nous enseigne ici que le travail de l’homme dans ce monde est de discerner constamment entre la lumière et l’obscurité, entre le bien et le mal.

Car pour parvenir à la vérité, l’objectif n’est pas de distinguer entre Rabbi Akiva et Titus, car l’opposition entre les deux est évidente.

On doit être capable de distinguer entre Rabbi qui, représente le peuple Israël, la lumière ; et Antonin qui, malgré sa grandeur, n’était qu’obscurité.

Rivka, d’ailleurs, compris parfaitement le message, et plus tard, lorsqu’Essav trompa son père Itsrak en lui faisant croire qu’il était méticuleux dans les Mitsvot, elle sut discerner que c’était Yaakov qui détenait la vérité, et elle lui fit obtenir les bénédictions, dont le peuple juif profite encore aujourd’hui.

Parfois, quelque chose nous semble vrai, une conduite, une idée, un personnage, mais il n’en est rien. Le dicton ne dit-il pas : « Tout ce qui brille n’est pas or » ? Nous devons nous souvenir du message qu’Hachem nous a transmis par l’intermédiaire de notre aïeule Rivka. La vérité ne souffre aucune concession, ou c’est vrai, ou c’est faux. L’être humain aime le flou, le gris, être assis entre deux chaises, cela lui donne une plus grande latitude pour agir à sa guise et faire taire sa conscience. Mais, apprenons à ne pas nous laisser berner par des faux semblants.

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Béréchit 25, 30 : « Essav a dit à Yaacov : Verse-moi je t’en prie du rouge, de ce rouge, car je suis fatigué, C’est pourquoi on appela son nom Édom (rouge). »

Rachi explique que le rouge dont parle Essav, c’est un plat de lentilles rouges. Ce jour-là Avraham était mort et Yaacov fit cuire des lentilles pour donner à son père endeuillé son premier repas. Pourquoi des lentilles ? Car elles ressemblent à une sphère et que le deuil est une sphère qui tourne dans le monde.

Nous savons que Essav vendit son droit d’aînesse à Yaacov contre ce plat de lentilles rouges. Depuis ce jour-là, Essav et toute sa descendance sont surnommés Édom (Le rouge).

Le Rav Zilbershtein écrit que la Torah nous dévoile ici l’élément déterminant de la conduite de Essav et c’est ce qui va expliquer toutes ses fautes.

Essav n’est pas maître de lui-même, c’est un impulsif. Il ne se préoccupe que d’assouvir ses passions et l’envie du moment. Il s’est arrêté à l’aspect des choses, le rouge, il ne prend même pas le temps d’examiner la nature et la qualité des aliments qu’on lui présente.

Ce qui lui manque c’est le Yéchouv HaDaat, la réflexion à tête reposée. C’est ce qui le caractérise, c’est la source de tous ses problèmes, et c’est ce qui justifiera ce surnom de Édom « Le rouge ». Il ne réfléchit pas. Ils ne voient que l’extérieur du problème. « Verse-moi je t’en prie du rouge », il ne voit pas que ce sont des lentilles, la seule chose dont il se rend compte c’est leur couleur rouge. Il ne dit pas : « Donne-moi des lentilles », il dit : « Donne-moi de ce rouge ».

C’est l’activité principale du Yétser Hara (le mauvais penchant), retirer le Yéchouv HaDaat (la réflexion à tête reposée) de tout homme. L’empêcher de se concentrer, ne lui montrer que l’extérieur du problème. Surtout ne pas réfléchir !

Les Tsadikim, en revanche, s’emploient à rester maîtres d’eux-mêmes en toutes circonstances.

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Béréchit 25, 32 : « Essav dit : Voici, je vais mourir, à quoi me servirait le droit d’aînesse ? »

La Guémara Bérakhot (5a) cite au nom de Reich Lakich plusieurs choses qu’un homme doit faire pour ne pas fauter quand il se sent entraîné par son Yétser Hara : étudier la Torah, réciter le Chéma. Mais s’il n’arrive pas à dominer son mauvais penchant, il devra penser à la mort car cela l’aidera à ne pas succomber.

Nous voyons donc que la mort est le procédé ultime pour échapper au Yétser Hara. Le fait de nous rappeler que nous sommes mortels et qu’un jour nous devrons rendre comptes de nos actes devant Hachem, nous décourage de fauter.

Le Hafetz Haïm fait remarquer que pourtant, quand la pensée de sa mort a atteint Essav, elle ne l’a pas incité à faire Téchouva. Elle l’a, au contraire fortifié dans sa volonté de couper tout lien avec l’héritage spirituel de ses aïeux.

Cela est étonnant, cette même pensée qui incite les justes à faire Téchouva et à progresser spirituellement, cette même pensée peut conduire des gens impies dans la direction opposée.

Il faut croire qu’un bon procédé pour nous aider à ne pas fauter, ne suffit pas, nous devons également nous mettre en condition pour que puisse se réaliser cette Ségoula. Il faut y mettre un peu du sien …

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Béréchit 26 ; 15 : « Et tous les puits creusés par les serviteurs de son père, à l’époque d’Avraham son père, les Philistins les avaient bouchés et les avaient remplis de terre. »

Le verset 18 nous apprend que Itsrak, pour honorer son père, refit creuser ces puits en leur donnant les mêmes noms qu’Avraham leur avait donné.

Selon le Méam Loez, cela nous enseigne qu’il nous faut conserver les coutumes de nos parents, sans les modifier. Même s’agissant d’une chose aussi simple que la nomination de puits, Itsrak ne changea pas la coutume instaurée par son père. À plus forte raison pour tout ce qui touche la Torah que nous ne devons rien changer des habitudes de nos parents.

Ces puits font également allusion aux nouveaux convertis par Avraham. Ils devinrent les réceptacles de la foi comme les puits sont des réceptacles d’eau.

Après la mort d’Avraham, les Philistins les incitèrent à retourner vers l’idolâtrie, ainsi « Ils les emplirent de terre ». Itsrak les « recreusa » en leur enseignant à nouveau les voies de Hachem.

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Béréchit 27, 1 : « Ce fut, lorsque Itsrak devint vieux, ses yeux cessèrent de voir. »

Rachi explique qu’au moment de la Akédat Itsrak, lorsque Itsrak avait été ligoté sur l’autel et que son père voulait lui faire la Chéhita, à ce moment-là les cieux se sont ouverts, les anges l’ont vu et il se mirent à pleurer. Leurs larmes sont tombées dans ses yeux et c’est à cause de cela qu’il devint aveugle.

Le Midrash rapporte qu’au même moment, Itsrak contempla la Présence Divine et pour cette raison il se rendit passible de mort, (de la même manière que Nadav et Avihou qui moururent pour avoir contemplé la Présence Divine).

La Guémara Nédarim (64b) nous enseigne que l’aveugle est considéré comme mort, c’est pourquoi il devint aveugle.

Il n’est pas devenu aveugle tout de suite au moment du sacrifice, car à ce moment-là il n’avait pas encore d’enfant et celui qui n’a pas d’enfants est considéré comme quelqu’un de mort. À cause de cela il a pu conserver la vue.

Ce n’est que lorsqu’il est devenu vieux et qu’il avait déjà des enfants qu’il était « obligé » de devenir aveugle.

Tant qu’il n’avait pas d’enfants, la souffrance de ne pas en avoir le protégeait de la punition de devenir aveugle.

Parfois quelqu’un souffre terriblement, mais qui peut savoir quel malheur lui est épargné par le mérite de la peine qu’il ressent…

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Béréchit 27 ; 1 : « Ce fut quand Itsrak fut vieux, et que la vue de ses yeux était assombrie… »  

Selon Rachi, l’affaiblissement de la vue de Itsrak (alors âgé de 123 ans), avait trois raisons :

1) À cause de la fumée des encens que les femmes de Essav offraient aux idoles.

2) Lorsqu’il a été ligoté sur l’autel (de la Akéda) et que son père voulait l’égorger, à ce moment-là les cieux s’ouvrirent et en le voyant les anges se mirent à pleurer. Leurs larmes descendirent et tombèrent sur ses yeux C’est pourquoi sa vue s’était assombrie.

3) Hachem a provoqué sa cécité pour que Yaakov puisse recevoir les bénédictions de son père sans que Itsrak ne s’en aperçoive.

Le Zéved Tov pose la question suivante :  d’après la raison selon laquelle ce furent les larmes des anges qui affaiblirent sa vue, pourquoi les yeux d’Itsrak ne s’assombrirent que dans sa vieillesse, logiquement, ils auraient dû s’assombrir tout de suite au moment où les larmes des anges sont entrées dans ses yeux ?

Il répond qu’en fait, les larmes des anges purifièrent et sanctifièrent tellement les yeux d’Itsrak, qu’ils ne purent plus supporter l’impureté de la fumée des offrandes des femmes de Essav à leurs idoles. Et c’est cette fumée qui affaiblit les yeux d’Yitshak quand il était âgé.

Ainsi, en réalité toutes les raisons sont liées.

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Béréchit 27, 19 : « Yaacov dit à son père : Je suis Essav, ton premier né, j’ai fait comme tu m’as dit. »

La question sur ce Passouk est bien connue, comment Yaacov peut-il dire à son père qu’il est Essav ? Cela s’assimile à du mensonge puisque Itsrak, qui est aveugle, s’attend à parler à son fils Essav qu’il a envoyé chasser du gibier afin de lui préparer un plat savoureux, et c’est son fils Yaacov qui se fait passer pour son frère Essav qui se présente à lui.

Rachi répond qu’on doit couper le verset différemment : « Je suis », je suis celui qui t’apporte ; « Essav ton premier né », Essav, lui, est ton premier né. Ainsi, il n’y a aucun mensonge.

Le Ben Ich Haï tente une autre approche : Itsrak a toujours eu l’habitude d’encourager ses enfants à écouter leurs parents. Il disait constamment à ses enfants de bien respecter leur mère et de lui obéir. C’est d’ailleurs ainsi que doit se comporter tout père de famille.

Partant de là, même si Itsrak parla à Essav pour lui demander de lui préparer un repas en vue de se faire bénir, malgré tout, Rivka demanda à Yaacov de prendre la place de son frère et d’aller recevoir les bénédictions.

Yaacov qui écouta fidèlement les paroles de sa mère pouvait donc affirmer à son père : « J’ai fait comme tu m’as dit ». C’est à dire j’ai appliqué ce que tu m’as toujours dit, à savoir, écouter et obéir à ma mère.

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