DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA VAÈTHANAN
Dévarim (3 ; 23) : « J’ai imploré Hachem »
Le Daat Zékénim Mibaalé HaTossafot écrit que la Guématriya (la valeur numérique) du mot « Vaèthanan » (J’ai imploré) est 515. Ce nombre représente le nombre de prières que Moché a dites à Hachem pour qu’Il annule son décret et qu’Il le laisse entrer en Israël.
C’est également la même valeur numérique que le mot Téfila (prière) et le mot Chira (chant).
Le Hatam Sofer fait remarquer que si nous ajoutons 26 (qui est la valeur du nom de D.) à ce mot, on obtient : 541 (515 + 26).
541 est également la valeur numérique du mot « Israël ».
Nous en déduisons que Israël est défini par sa capacité à prier Hachem, (Israël = Téfila + le nom Divin, 541 = 515 + 26).
L’essence même du Klal Israël est la prière.
C’est ce qu’a dit David Hamélèh dans Téhilim (109 ; 4) : « … et moi, je ne suis que prière. »
Le Radak explique : « Je suis un homme de prière », mes ennemis sont des hommes de guerre, mais moi je suis un homme de prière.
La vie d’un Juif par définition n’est qu’une longue prière vers Hachem.
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Dévarim (3 ; 23) : « J’ai imploré Hachem »
La valeur numérique du mot « Vaèthanan » (J’ai imploré) est 515. Cela nous apprend que Moché a dit 515 prières à Hachem pour qu’Il annule son décret et qu’Il le laisse entrer en Israël.
Une question se pose à nous : Voyant qu’il n’est pas exaucé, pourquoi Moshé Rabbénou insiste-t-il tellement en multipliant ses prières ?
En fait, nous nous posons la question car nous ne saisissons pas le but réel et le sens profond de la notion de prier.
La prière apparaît dans notre esprit comme un moyen pour agir sur des délivrances du Ciel dans des domaines comme la santé, la Parnassa, ou l’annulation de mauvais décrets.
Celui qui tombe malade, ressent un besoin de prier Hachem pour guérir. Un autre, devant des difficultés financières, s’épanche en prières afin que Hachem lui trouve une bonne Parnassa, etc.
En effet, une prière dite avec sincérité peut soulever des montagnes et apporter la guérison ou la Parnassa.
Mais la prière n’est pas seulement un moyen, elle est également un objectif à atteindre.
Nous disons dans le Chéma : « …Je vous ordonne aujourd’hui d’aimer Hachem votre D. et de le servir de tout votre cœur et de toute votre âme. » (Dévarim 11 ; 13)
La Guémara Taanit (2a) explique que l’expression : « Oulovdo Béhol Lévavhem » (le servir de tout votre cœur), (Avoda = service, travail), fait référence à la prière qui est le service du cœur, la fameuse Avoda Chébalèv.
Nous voyons donc de cette Guémara que la prière est un service en soi, un but en soi. Prier pour prier.
C’est par la prière que l’homme se rapproche d’Hachem, et c’est grâce à elle que son âme se purifie.
Nos maitres nous enseignent qu’Hachem « désire » la prière des Tsadikim. C’est pour cette raison que les matriarches du peuple d’Israël étaient d’abord stériles, afin qu’elles prient pour avoir des enfants.
Nous apprenons de là que la prière n’est pas seulement un moyen qui annule le mauvais décret, mais elle est aussi l’objectif vers lequel l’homme doit se diriger, afin de se « reconnecter » avec son Créateur.
Parfois, le mauvais décret ne vient que pour amener l’homme à prier.
Par conséquent, si Hachem n’avait pas ordonné à Moshé Rabbénou d’arrêter ses prières sur ce point, Moshé Rabbénou n’aurait pas cessé de prier et aurait continué encore et encore, puisque la prière en elle-même représente le but et l’objectif à atteindre.
Il ne faut pas commettre l’erreur de croire que nous prions seulement pour être entendu et exaucé.
La prière est le véritable cadeau dont Hachem nous a gratifiés afin de pouvoir Le retrouver.
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Dévarim (4 ; 7) : « Car quel est le grand peuple qui a un Dieu proche de lui comme Hachem notre Dieu chaque fois que nous L’appelons ?»
Notre verset traite du thème de la prière. « À chaque fois que nous L’appelons » signifie qu’elle est toujours entendue dans les cieux, qu’elle possède une force immense et qu’elle est de mise pour annuler les mauvais décrets, même lorsqu’il semble que tout est perdu.
La Guémara Bérakhot (10a) nous enseigne : Même lorsqu’une épée acérée est posée sur son cou, qu’il ne désespère pas de la miséricorde Divine.
C’est ce que suggère notre verset : « À chaque fois que nous L’appelons », autrement dit, le moment où nous L’appelons ne fait aucune différence, avant que l’épée soit posée sur le cou ou bien après.
Parfois dans des situations extrêmes, on peut s’interroger du bien-fondé d’une prière dite pour un malade considéré comme « perdu » par la médecine. Est-il encore utile de continuer à dire des Téhilim ? On ne va pas revenir en arrière ?
La réponse habituelle est que oui, on doit continuer à implorer la miséricorde divine. Ne serait-ce que pour demander qu’au moins il ne souffre pas.
Mais le Midrach Tanhouma (4) va plus loin en rapportant une chose extraordinaire : Moché enseigna que l’on ne doit pas dire : « Puisque mon malade est dans un état critique, et qu’il a déjà fait son testament en distribuant tous ses biens, il est par conséquent inutile de prier. » II devra malgré tout continuer à prier, car Hachem ne délaisse aucune prière.
Moché Rabbénou savait qu’il n’entrerait pas en Eretz Israël, et il avait déjà fait son testament en attribuant les territoires qui sont de l’autre côté du Jourdain aux tribus de Gad, de Réouven et à la demi-tribu de Ménaché.
Il avait même donné ses directives à Yéhochoua pour le moment où les Béné Israël entreraient en Eretz Israël.
On aurait donc pu alors penser qu’il cesserait de prier pour demander à entrer en terre d’Israël. C’est pour cela que la Torah précise qu’il n’en est rien, contre toute attente Moché a continué à prier, il ne s’est jamais résigné. Et cela a failli marcher puisque Hachem lui a ordonné d’arrêter de prier. Nous en déduisons que s’il avait continué, le décret aurait été levé. Mais il y avait des raisons plus profondes connues de Hachem Seul pour maintenir l’interdiction.
Notre Passouk nous enseigne également quelque chose de très important, « À chaque fois que nous L’appelons », « nous », c’est-à-dire quel que soit celui qui l’invoque.
Cela suggère qu’il n’y a aucune distinction quant à celui qui implore. La Torah s’adresse à tout Juif quel qu’il soit, même celui qui se serait très éloigné, car Hachem écoute la prière de chacun et l’accepte avec amour et miséricorde.
C’est également ce que nous disons trois fois par jour dans la Amida, dans la bénédiction de Choméa Téfila : « Car Tu écoutes la prière de toute bouche. Béni sois-tu Hachem, qui écoute la prière. »
« La prière de toute bouche », cela sous-entend de n’importe quelle bouche, que ce soit la bouche d’un mécréant ou d’un très grand Tsadik.
C’est d’ailleurs ce qu’exprime un verset de Michlé (17, 23) : « Il se laisse soudoyer par les méchants, pour faire pencher le jugement », et Rachi d’expliquer : Hachem accepte les paroles de soumission du méchant et leurs excuses (en aparté, entre Lui et eux), et fait pencher leur jugement pour transformer en bien leur verdict.
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Dévarim (4 ; 15) : « Vous ferez très attention pour vos âmes »
La Thora nous ordonne dans la Paracha de la semaine de préserver notre corps.
Il faut comprendre pourquoi la Thora a-t-elle utilisé le terme de Néfèch (âme) pour parler de la protection du corps ? Le mot « Gouf » (corps) aurait mieux convenu.
Le Hafetz Haïm explique que même pendant qu’il est occupé à soigner son “corps”, c’est-à-dire manger, boire, commercer, l’homme ne doit jamais perdre de vue que ses occupations sont au service de son âme.
Ainsi, lorsqu’il vaque à ses charges, il devra prendre soin de ne pas abîmer son âme : Vérifier si la nourriture est vraiment cachère, ne pas oublier de prononcer les bénédictions lors du repas, travailler en toute honnêteté sans porter préjudice à autrui, etc.
Autant de risques qui menacent l’homme, mais s’il se souvient qu’il n’est qu’un envoyé d’Hachem, même pendant ses actions “matérielles”, il pourra se présenter devant Hachem pour les accomplir.
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Dévarim (5 ; 16) : « Honore ton père et ta mère, comme te l’a ordonné Hachem ton Dieu afin que tes jours se prolongent ».
Le Hinoukh explique que cette Mitsva vient nous apprendre à être reconnaissant envers ceux qui nous ont amené au monde et qui se sont tant sacrifiés pour nous.
Ainsi, en nous impliquant dans cette grande Mitsva, nous arriverons également à exprimer notre gratitude et notre reconnaissance envers Hachem, qui nous donne la vie à chaque instant.
A ce sujet, on raconte l’histoire qui s’est déroulée il y a plus de soixante- dix ans à Jérusalem. Un Talmid Hakham déjà âgé tomba très malade et les médecins l’avertirent que ses jours étaient en danger.
Inquiet, il se débrouilla la somme nécessaire pour voyager jusqu’à Béné Brak, le trajet à l’époque étant long, fatiguant et onéreux. Quand il arriva, il s’empressa d’aller chez le Hazon Ich pour recevoir une bénédiction.
Le Rav le reçu et lui demanda si ses parents étaient encore en vie. Après qu’il eut répondu par la positive, le Hazon Ich lui demanda combien avait coûté son voyage de Jérusalem à Béné Brak. Lorsqu’il annonça une forte somme, le Rav lui répondit : « Je ne te comprends vraiment pas. La Thora nous a dit que celui qui honore ses parents verra ses jours se prolonger. Et toi, tu as préféré venir dans cette maison, qui n’est pas toujours ouverte, et même quand elle est ouverte, il n’est pas certain que ma bénédiction se réalise. Retourne à Jérusalem, honore tes parents et la promesse de la Thora te protégera. »
L’histoire raconte que notre personnage vécut encore de nombreuses années.
On raconte que le Hazon Ich a dû une fois subir une opération et il a refusé de faire l’opération tant qu’on n’avait pas prévenu sa vieille mère afin qu’elle prie pour lui. Comme elle était très âgée on n’a pas voulu l’inquiéter.
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Dévarim (6 ; 5) : « Tu aimeras Hachem, ton D., de tout cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir »
Nous parviendrons à aimer Hachem en introduisant constamment dans notre cœur des choses éveillant notre amour pour Lui.
Par ce biais, notre cœur sera animé d’un profond désir de L’aimer. D’où également l’importance de rechercher à constamment exprimer notre gratitude envers Hachem, même pour ce qui nous semble le plus normal, car se produisant tous les jours.
En réalité, le cœur de tout juif est rempli d’amour pour Hachem, mais il est enfoui en lui. Il doit donc se travailler pour aspirer à éveiller et révéler cet amour qui réside au fond de lui.
Le Sfat Emet ajoute que du fait que Hachem a ordonné « Tu aimeras », il faut conclure qu’il y a dans la nature de chaque juif la force de pouvoir aimer son Créateur.
La Mitsva consiste donc à faire les actes nécessaires pour éveiller l’amour qui est cachée en nous.
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