DIVRÉ TORAH SUR LA PARACHA VAYÉRA
Béréchit 18 ; 4 : « Lavez vos pieds et reposez-vous sous l’arbre. »
Notre Paracha débute avec l’arrivée chez Abraham de trois hommes. Dès qu’il les voit Avraham court à leur rencontre pour les inviter chez lui. Mais avant de leur donner à manger, il leur demande de se laver les pieds.
Rachi explique qu’il pensait que c’étaient des arabes qui se prosternent devant la poussière de leurs pieds et il faisait attention de ne pas laisser entrer d’idolâtrie dans sa maison.
Que signifie se prosterner devant la poussière de ses pieds ?
Cela fait allusion aux personnes qui pensent que leur Parnassa vient de leurs déplacements d’un endroit à un autre, et donc, par extension, la poussière qu’ils ont soulevé en marchant pendant leurs déplacements. Ils sont persuadés que c’est leur force, leurs efforts (c’est-à-dire leurs pieds, leurs déplacements) qui leur ont fait mériter cette richesse.
Avraham leur demande de se laver les pieds, c’est-à-dire qu’ils doivent se débarrasser de leur vision de la vie car ils ne réalisent pas qu’en réalité, c’est Hachem qui la leur a donnée.
Une personne qui chaque joue fait des milliers de pas, si elle ne croit pas que chacun de ses pas est préparé par Hachem, alors la bénédiction qu’elle a dite le matin : « Qui prépare les pas de l’homme » est une bénédiction vaine.
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Béréchit 21 ; 14 : « Avraham se leva tôt le matin, il prit du pain et une gourde d’eau et les donna à Agar, en les posant sur son épaule et l’enfant, et il la renvoya ; elle partit et erra dans le désert de Beer Chéva. »
Le Rav Mordékhaï Pogarmanski quitta une fois Minsk, accompagné d’un Mohel de renom, après qu’il eut été appelé par des gens de Kovno pour assister à la circoncision de plusieurs nouveau-nés. Mais, ils s’égarèrent en chemin, ils oublièrent de s’arrêter à la bonne station et durent alors continuer leur voyage jusqu’au terminus, et arrivèrent dans un endroit qui leur était inconnu.
Rav Mordékhaï s’exclama : « Il est écrit dans la Torah (au sujet d’Agar, la servante de Sarah) : « Elle s’en fut et s’égara dans le désert de Beer Chéva » (Béréchit 21, 14), et Rachi d’expliquer qu’elle retourna aux égarements idolâtres de ses parents.
A priori, cette explication demande à être éclaircie : où est-il évoqué dans ce verset qu’elle retourna servir les idoles ?
C’est que, répondit-il, celui qui place sa confiance en D. ne s’égare jamais car il sait que, quel que soit l’endroit où il se trouve, c’est celui où il doit être à cet instant précis.
Dès lors, si Agar s’est égarée, c’est forcément qu’elle avait perdu la Émouna acquise dans la maison d’Avraham et qu’elle était retournée à de fausses croyances. »
Il n’eut pas plus tôt fini de prononcer ces mots que se présenta devant eux un Juif à la recherche d’un Mohel pour son fils nouveau-né. Hachem les avait tout simplement conduits dans cet endroit imprévu pour accomplir une mission connue de Lui seul.
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Béréchit 22 ; 1 : « Et ce fut après ces paroles qu’Hachem éprouva Avraham »
De quelle parole s’agit-il ?
La Guémara Sanhédrin (89b), nous enseigne au nom de Rabbi Yokhanan qu’il s’agit des paroles que le Satan a prononcées.
Lors du grand festin qu’Avraham a donné pour le sevrage de son fils Itsrak (Ib. 21, 8), le Satan s’adressa à Hachem en ces termes :
- Maître de l’univers, Tu as favorisé ce vieillard en lui accordant un enfant alors qu’il était dans sa centième année, et de tout le festin qu’il a préparé il n’a pas pensé à T’offrir en sacrifice la moindre colombe ou le moindre pigeon !
- Il a fait tout cela en l’honneur de son fils, lui répondit Hachem, mais si je lui demande de le sacrifier pour moi, il le fera immédiatement.
Aussitôt il est écrit : « Dieu mit Avraham à l’épreuve… et lui dit : Prends ton fils Je t’en prie. »
Pourquoi Hachem a-t-Il précisé : « Je t’en prie » ?
Car il a dit à Avraham : « Je t’ai soumis à beaucoup d’épreuves et tu as résisté à toutes. Alors tiens bon pour Moi dans celle-ci, afin qu’on n’aille pas dire que les autres épreuves n’étaient rien ».
La Guémara rapporte également l’opinion de Rabbi Lévy sur ce verset. Selon lui, il ne fait pas référence à la discussion entre le Satan et Hachem, mais entre Ichmaël et Itsrak.
Ichmaël se glorifiait par rapport à Itsrak car il avait été circoncis à l’âge de 13 ans et qu’il n’avait pas protesté. Alors qu’Itsrak a été circoncis à l’âge de 8 jours et qu’il ne pouvait donc pas s’opposer à cette Mitsva. La Mitsva de Brit Mila d’Ichmaël avait donc plus de valeur que celle d’Itsrak.
Itsrak lui répondit : « Avec un seul organe tu veux me faire peur ? Si le Saint, béni soit-Il, m’avait demandé : Sacrifie-toi tout entier devant Moi, je n’aurais pas refusé. »
Aussitôt il est écrit : « Dieu mit Avraham à l’épreuve… et lui dit : Prends ton fils Je t’en prie. »
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Béréchit 22 ; 9 : « Ils arrivèrent à l’endroit que Hachem lui avait dit et Avraham construisit là-bas l’autel ; il déposa les bois, ligota Itsrak son fils, et le posa sur l’autel au-dessus des bois. »
Était-il vraiment nécessaire d’attacher Itsrak ?
Le Yalkout Chimoni explique que c’est lui-même qui l’avait demandé. Il craignait que son instinct de survie soit si fort, que, lorsqu’il verrait le couteau, il risquerait de bouger et donc d’invalider involontairement le sacrifice.
Une question se pose pourtant : Pourquoi Avraham l’a-t-il lié avant de le placer sur l’autel ? Est-ce qu’il n’aurait pas été plus facile de commencer par le placer sur l’autel et ensuite de l’attacher ?
Rav Yéhochoua Leib Diskin explique qu’Avraham avait compris qu’Hachem en lui ordonnant de « le faire monter en holocauste », lui avait en fait demandé de le porter sur l’autel au sens littéral.
Or, la Guémara Chabbat (94a) nous enseigne que lorsqu’on soulève une personne vivante, cela ne s’appelle pas « soulever ». Parce qu’une créature vivante « se porte elle-même ».
Comment alors, Avraham peut-il accomplir cette Mitsva de porter Itsrak sur l’autel ?
La Guémara mentionne une exception à la règle : Quand une personne est attachée, elle ne se « porte pas elle-même ». Voilà pourquoi Abraham a commencé par attacher Itsrak afin qu’il ne puisse pas être considéré, quand il le porterait sur l’autel, comme se portant lui-même.
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