PARACHAT KI TISSA
Rabbi Yérou’ham rapporte la Guémara Avoda Zara (2b) : Léatid Lavo Hachem prendra le Séfer Torah dans ses bras et il dira : que celui qui a étudié la Torah vienne recevoir sa récompense.
Tout de suite, toutes les nations idolâtres du monde vont se rassembler afin de recevoir leur récompense.
- La première à venir sera la royauté de Rome (Edom). Hachem lui demandera qu’avez-vous fait sur terre pour recevoir une récompense ? Ils lui diront Maître du monde nous avons fait beaucoup de marchés, nous avons arrangé beaucoup de bains publics, nous avons multiplié l’argent et l’or, et tout cela nous ne l’avons fait que pour les Béné Israël afin qu’ils étudient la Torah.
Hachem leur dira alors : « Fous que vous êtes, tout ce que vous avez fait vous ne l’avez fait que pour vous, afin de satisfaire vos propres désirs. Vous avez fait des marchés pour la prostitution, des bains pour votre plaisir, quant à l’or et l’argent ils sont à moi, ce n’est pas vous qui avez multiplié l’or et l’argent car ils m’appartiennent (Li Hakéssef Véli Hazahav …). »
- La royauté de Perse se présentera ensuite. Hachem lui demandera qu’avez-vous fait sur terre pour mériter une récompense ? Ils lui diront Maître du monde nous avons fait beaucoup de ponts, conquis beaucoup de villes, fait beaucoup de guerre et tout cela nous ne l’avons fait que pour les Béné Israël afin qu’ils puissent étudier la Torah.
Hachem leur répondra : « Tout ce que vous avez fait vous ne l’avez fait que pour vous. Vous avez construit des ponts pour y prélever des droits de péage, vous avez conquis des villes afin de forcer les habitants à travailler pour vous. Quant aux guerres c’est moi qui les faits. »
Il existe de multiples questions sur cette Guémara :
Comment se fait-il que les Perses se présentent devant Hachem alors qu’ils ont vu que les Romains ont été rejetés ?
Car ils ont pensé : les Romains ont détruit le Beith Hamikdach, mais nous, avec Korech, nous avons reconstruit le deuxième Beith Hamikdach.
De même, chaque nation viendra tour à tour plaider sa cause devant Hachem mais chacune sera rejetée.
Comment comprendre que les autres nations vont se présenter devant Hachem alors qu’elles ont vu que les deux premières ont été rejetées ?
Car elles penseront : les deux premières ont asservi les Béné Israël mais nous, nous ne les avons pas asservis.
Les nations du monde diront alors : « Maître du monde, est-ce que tu nous as proposé ta Torah et que nous ne l’avons pas acceptée ? »
Comment est-ce possible qu’elles avancent un tel argument, pourtant au moment de Matan Torah, Hachem a proposé la Torah à toutes les nations et elles ont refusé. Il s’est alors tourné vers les Béné Israël qui l’ont acceptée.
Il faut donc expliquer la question des nations ainsi : « Avons-nous accepté la Torah sans en accomplir ses Mitsvot ? » C’est-à-dire que leur argumentation est la suivante : « Nous avons refusé, mais admettons que nous ayons accepté est-ce que nous aurions négligé ses Mitsvot ? Nous sommes dans une situation où nous avons refusé, mais pour nous punir nous devons être dans une situation où nous avons accepté la Torah et négligé ses Mitsvot. Mais comme nous avons refusé dès le début, Tu ne peux rien nous dire et encore moins nous punir. »
Sur cette argumentation Hachem pourrait leur dire justement pourquoi ne l’avez-vous pas acceptée ? Ce à quoi les nations répondront : est-ce que tu nous as mis la montagne au-dessus de notre tête comme tu l’as fait pour les Béné Israël pour que nous soyons obligés d’accepter ? Le fait que nous ayons refusé n’est pas une preuve, les Béné Israël ont accepté parce que tu leur as mis la montagne au-dessus de leur tête, peut-être que si tu nous avais fait de même nous aurions accepté.
À ce moment-là, Hachem leur dira : « Parlez-moi des choses d’avant », les 7 Mitsvot que vous avez accepté sur vous, les avez-vous observées ? Les 7 Mitsvot acceptées par Noa’h n’ont pas été respectées par les nations. Hachem a donc décidé de les libérer de ses Mitsvot.
Là-dessus la Guémara s’étonne, si c’est ainsi, il se trouvera que le fauteur est récompensé. En effet, si on met une obligation sur quelqu’un et qu’on lui enlève cette obligation parce qu’on voit qu’il ne l’accomplit pas, alors il a tout intérêt à fauter, car ainsi on lui enlèvera toute obligation et il pourra fauter tranquillement. Tandis que si l’obligation reste même s’il faute, alors il sera puni pour ne pas avoir respecté son obligation. Mais si on lui enlève cette obligation alors il aura gagné dans l’affaire, et cela est impossible.
C’est pourquoi la Guémara explique : Qu’est-ce que cela signifie qu’Hachem a décidé de les libérer des Mitsvot ? Cela veut dire que même s’ils accomplissent ces Mitsvot ils ne recevront pas pour cela la récompense destinée à celui qui obéit à une Mitsva qui lui est prescrite mais ils recevront une récompense comme des gens qui accomplissent des Mitsvot sans être obligé de le faire.
Nous avons en effet une règle, obéir à un commandement (Métsouvé Véossé) a plus de valeur qu’accomplir la même action sans en avoir l’obligation (Éno Métsouvé Véossé).
Les nations du monde diront alors :
- « Maître du monde, donne-nous à nouveau la Torah et nous la ferons.
Hachem leur dira :
- Fous que vous êtes, celui qui s’est fatigué la veille de Chabbat mangera Chabbat, mais celui qui ne s’est pas fatigué la veille de Chabbat avec quoi peut-il manger pendant Chabbat ? »
Cela signifie qu’on ne peut donner une récompense dans le monde futur qu’à celui qui s’est fatigué sur terre. Le monde futur étant comparé à Chabbat et la vie que nous vivons sur terre à vendredi, Érèv Chabbat. Si quelqu’un a fait la Torah sur terre il pourra alors en recevoir les fruits dans le monde futur, mais celui qui n’a pas accompli la Torah sur terre, par quel mérite peut-il recevoir une récompense dans le monde futur ?
Hachem leur dira : « Malgré tout, j’ai une Mitsva facile à faire, elle s’appelle Souka, allez la faire ! »
Pourquoi appelle-t-on cette Mitsva une Mitsva facile ? Car c’est une Mitsva qui n’entraîne pas de dépenses puisqu’il est très facile de construire une Souka avec des matériaux gratuits, par exemple avec des palettes on peut faire les murs de la Souka.
Tout de suite chacun ira se fabriquer une Souka sur le toit de sa maison. Hachem fera alors chauffer sur eux le soleil comme en plein été. N’y tenant plus de cette chaleur insoutenable, ils donneront un coup de pied dans leur Souka et en sortiront en claquant la porte.
La Guémara demande alors :
- Pourquoi Hachem leur a-t-il fait un soleil si chaud ?
- Car parfois même les Béné Israël souffrent de la chaleur pendant Soukot tant il fait chaud.
- Pourtant nous disons que si quelqu’un souffre de la chaleur, même les Béné Israël sont dispensés d’habiter dans la Souka ?
- C’est vrai qu’ils en sont dispensés à cause de la chaleur, mais doivent-ils pour autant donner un coup de pied dans la Souka en sortant pour montrer leur mécontentement ? Le Juif sort à cause de la chaleur ou de la pluie, mais quand il sort, il est triste de ne pas pouvoir accomplir cette Mitsva.
Rabbi Yérou’ham nous dit : nous apprenons de cette Guémara un ‘Hidouch, quand on veut voir la différence entre les Béné Israël et les autres nations, entre celui qui est « Métsouvé Véossé » (qui a une obligation de faire la Mitsva) et celui qui est « Éno Métsouvé Véossé » (qui n’a pas l’obligation de faire la Mitsva), on n’a pas besoin de choisir des grandes choses. Il suffit d’arriver à la notion de « Mistaère Patour » (celui qui souffre est dispensé de la Mitsva) et de « Même si on en est dispensé, doit-on pour autant donner un coup de pied dedans ? »
La différence, c’est que celui qui a une obligation de faire la Mitsva, même s’il est Patour il ne donne pas de coup de pied. Et si nous voyons quelqu’un qui « donne un coup de pied » c’est un signe clair qu’il fait partie de ceux qui sont « Éno Métsouvé Véossé ».
En général, quand tout va bien, même celui qui n’a pas l’obligation de faire la Mitsva accomplit correctement les Mitsvot. Mais quand cela devient difficile, c’est là qu’on peut faire la différence entre lui et celui qui a une obligation de faire la Mitsva.
Celui qui est « Métsouvé Véossé » ne se révolte jamais, il ne donne jamais de coup de pied même s’il est Patour de la Mitsva.
Ces paroles de ‘Hazal sont très dures, nous voyons que pour une chose apparemment insignifiante, un petit manque de patience, un petit énervement on peut être catalogué comme celui qui n’a pas l’obligation de faire la Mitsva. C’est-à-dire comme quelqu’un qui n’a aucune part à la Torah. Car s’il est « Éno Métsouvé Véossé » il n’est pas obligé de faire les Mitsvot de la Torah. Il les fait sans en avoir l’obligation. Il n’a donc pas de part à la Torah.
Nous avons donc l’obligation de réfléchir afin de savoir dans quel groupe nous sommes, dans celui qui est « Métsouvé Véossé » ou dans celui qui est « Éno Métsouvé Véossé » !
Tout le long de la journée nous faisons des Mitsvot, nous pouvons parfois rencontrer des difficultés il faut alors faire très attention de ne pas « donner de coup de pied ». Car sinon nous ferions partie de celui qui est « Éno Métsouvé Véossé » et nous nous sortirions nous-mêmes automatiquement du groupe de ceux qui ont reçu la Torah.
La différence est donc que celui qui est « Métsouvé Véossé » même si s’est dur il avance, même si des difficultés se dressent sur son chemin il continue. Il n’économise pas ses efforts, il se fatigue pour la Mitsva. Alors que celui qui est « Éno Métsouvé Véossé » n’accomplira la Torah que quand cela sera facile. Mais dès qu’une difficulté se dressera devant lui, il abandonnera. Il donnera un coup de pied à la Mitsva sous prétexte qu’il est Patour.
Doit-on se sentir concerné ? À nous de réfléchir ! À nous d’analyser nos réactions face aux différentes situations qui nous sont proposées par Hachem.
Que faire, par exemple, quand, en été, il fait si chaud qu’on a bien envie de « s’alléger » de certains de nos vêtements ? Les nations qui nous entourent ont trouvé la solution facile. Mais nous, saurons-nous trouver une solution acceptée par la Torah. Quand je marche dans la rue, quand je me présente devant Hachem dans ma Téfila, à chaque instant cette chaleur m’étouffe, c’est une épreuve qu’Hachem m’envoie pour voir comment je vais réagir. À moi de résister pour faire toujours partie de ceux qui sont « Métsouvé Véossé ».
Quand le soleil est chaud pendant les journées d’été, on devrait trembler, on devrait avoir très peur, qui sait si à cause de cela nous n’allons pas faire partie de ceux qui sont « Éno Métsouvé Véossé » ? Cette période a valeur de test.
Nous avons pris cette Mitsva au hasard mais il en existe beaucoup d’autres où nous pouvons observer dans quel groupe nous sommes.
Par exemple :
- Je suis fatigué et je suis Patour de me lever à la Téfila ce matin.
- Il pleut tellement que je ne pourrai pas aller à la prière de Minha.
- J’ai mal à la gorge, je n’irai pas en cours aujourd’hui.
- Je suis très pressé et je dois justement faire le Birkat Hamazon avec Kavana.
- Mes parents veulent que je les aide mais j’avais prévu un autre programme pour aujourd’hui.
- Etc … À chaque fois je suis Patour, au fond de nous, sommes-nous content d’être Patour ou sommes-nous triste ?
La liste n’est pas exhaustive, loin de là, chacun peut essayer de se trouver trois exemples personnels.
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