Leh Leha 2019

PARACHAT  LE’H LE’HA 

Notre Parasha est intéressante en plusieurs points.

Tout d’abord, l’âge d’Avraham, le Passouk nous dit : « Avraham est parti comme le lui avait dit Hashem, et Lot est parti avec lui ; et Avraham était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il est sorti de ‘Harane. » (Béréshit 12 ; 4)

Avraham a soixante-quinze ans quand il quitte son pays pour aller en Eretz Israël. Le Avraham que nous connaissons, celui qui parle à Hashem, celui qui est le champion du ‘Hessed, celui qui deviendra le père de toute l’humanité, celui-là a soixante-quinze ans quand Hashem le considère apte à remplir sa mission et à partir en Eretz Israël.

Et avant ? La Tora ne nous le dit pas. Pourtant nous savons grâce au Midrash qu’il a découvert Hashem déjà dans sa jeunesse, pourquoi ne pas en parler dans la Tora ?

En fait nous ne connaissons Avraham qu’au moment où il est prêt à remplir sa mission. Et c’est bien là le problème ! Nous le connaissons quand Hashem lui parle, quand il est déjà Tsadik. Mais la Tora occulte toute la période pendant laquelle Avraham n’est pas encore le Tsadik à qui Hashem dira : « Lè’h Lé’ha », il n’est pas encore « LE » Avraham que nous connaissons. Il est en pleine transformation de son être intérieur, il se prépare à devenir. Il se corrige, il se travaille. Nous ne connaissons que Avraham à soixante-quinze ans, Tsadik parfait !

L’erreur serait de croire qu’il est né comme cela, qu’il n’a fait aucun travail sur lui-même. Et donc, quand nous nous comparons à Avraham et que nous essayons de lui ressembler, puisque Hazal nous ont demandé cela, cela ne va pas du tout. Nous n’y arrivons pas et nous sommes désespérés. Nous voulons changer et nous n’y parvenons pas. Pourquoi lui et pas nous ? La réponse est simple nous oublions les soixante-quinze ans de Moussar accomplis par Avraham. Avraham n’est pas né Avraham, il l’est devenu.

Et le problème est le même quand nous lisons des histoires sur les Tsadikim. Nous nous mesurons toujours à quelqu’un d’immense et nous à côté nous sommes tous petits. C’est désespérant. Mais le Hafetz Haïm n’est pas né le Hafetz Haïm, il l’est devenu. Il a travaillé sur lui-même pendant toute sa vie, mais nous, nous ne connaissons que l’immense Tsadik qui ne disait pas de Lashon Hara.

C’est une facette importante de la vie de nos Hahamim, car si nous voulons monter dans la Avodat Hashem nous devons, bien sûr faire le maximum, mais aussi savoir que nous avons une vie entière pour nous transformer. Le plus tôt sera le mieux, bien entendu, mais l’essentiel c’est qu’au moment où se refermera le grand livre de notre vie nous soyons prêts car nous nous aurons travaillé pour arranger ce qui n’allait pas chez nous.

Or, nous vivons à l’époque du : « Tout, tout de suite ». On n’aime pas attendre, ni à une caisse de supermarché, ni pour recevoir un colis et ni pour faire Téchouva. Lui il est un grand Tsadik alors nous aussi. Nous oublions tout le travail accompli, tout le parcours pour y arriver.

Rav Israël Salenter disait qu’il est plus facile d’étudier tout le Shass de Guémara plutôt que de changer une seule mauvaise Mida qui est en nous ! C’est dire le chantier qui nous attend.

Ne pas désespérer et ne pas laisser tomber. Hazal nous disent qu’un Tsadik tombe sept fois et qu’il se relève. C’est-à-dire que même le Tsadik peut tomber comme le Rasha, alors qu’est-ce qui fait la différence entre ces deux hommes ? La différence c’est que la septième fois quand il tombe, le Rasha en a assez de lutter et reste dans la faute. Mais le Tsadik, lui, rassemble ses dernières forces et se relève. Et cette fois c’est la bonne !

Tout le monde peut faire une bêtise dans sa vie, cela peut arriver, mais que fais-tu après la bêtise ? Est-ce que tu t’installes dedans bien au chaud ou est-ce que tu essaies de ne plus recommencer ?

Hashem, lui, nous attend les deux bras tendus, comme une mère attend son enfant qui est en retard, avec le même amour et la même impatience. Ce n’est que le Yétser Hara qui nous fait croire pleins de choses fausses.

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