NOAH 2025

Dans la six-centième année de la vie de Noa’h … en ce jour furent fendues toutes les sources du grand abîme … (Béréchit 7, 11)

La décision de Hachem de provoquer le déluge commença lorsqu’ll observa que la méchanceté de l’homme était grande. C’est pourquoi ils furent punis par le grand abîme.

Rachi écrit que leur punition était due au vol et les relations interdites. Il en déduit que leur châtiment correspondait directement à leurs péchés, (Midda Kénégued Midda).

La raison pour laquelle leur société a atteint un niveau de corruption sans précédent était que leurs désirs intérieurs étaient si excessifs qu’ils ne pouvaient être satisfaits.

Finalement, leur besoin constant d’avoir toujours plus a donné naissance à une société décadente dont le but était

la recherche du plaisir, notamment trouver du plaisir dans ce qui ne leur appartenait pas.

Comme ils n’étaient pas satisfaits de leur famille et de leurs possessions, ils se sont tournés vers des activités immorales pour tenter d’assouvir leurs passions.

Comme leur insatisfaction provenait de l’attribut Rabba (grand), cela ne leur suffisait pas non plus. Et où qu’ils se tournent pour rechercher le bonheur, cela ne leur suffisait jamais.

Le Toledot Yitzchak explique que nous pouvons comprendre plus profondément le bienfondé de leur punition.

En général, la pluie est bénéfique pour le monde et nécessaire à son existence, mais cela n’est vrai que lorsqu’elle tombe en quantité appropriée.

Si la quantité de pluie devient excessive, la pluie qui donne la vie peut se transformer en un instrument de dévastation.

Ainsi, la punition appropriée pour leur trait de caractère Rabba (grand) était un excès de pluie qui s’est transformé en une inondation destructrice.

Le message pour eux, et pour nous, est que si Hachem a voulu que l’humanité profite de ce monde, ces plaisirs doivent rester raisonnables.

Tout comme la pluie est bénéfique en quantités appropriées mais dévastatrice en excès, de même la jouissance normale de ce monde est appropriée mais devient destructrice lorsqu’elle atteint le niveau insatiable de Rabba (grand).

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« Ce fut un déluge de 40 jours sur la terre… » (Béréchit 7; 17)

La Parachat Noah est lue au début du mois de Mar Hechvan.

Dans le Séfer Mélahim 1 (6; 38)
Mar Heshvan a un autre nom. Il est mentionné sous le nom de BOUL.

Quelle est le lien entre ce nom et la parachat Noah qui est lue à cette période ?

Le Midrash Yalkout Chimoni Mélahim 1 (184) explique que le nom BOUL signifie que le déluge a commencé en Mar Hechvan et a duré 40 jours.
(En tout, entre l’entrée de Noah dans l’arche et sa sortie de l’arche, le déluge a duré un an, mais la pluie n’est tombée que 40 jours).

Le mot hébreu pour déluge est MABOUL, c’est-à-dire MA=40 jours (la valeur numérique de la lettre Mèm) de BOUL (déluge).

Que signifie le terme BOUL et quel est son lien avec le déluge ?

Le terme fait en réalité référence au fait de modifier un objet pour lui donner une nouvelle apparence, comme les machines qui transforment une pièce de monnaie avec une nouvelle image dessus.

En d’autres termes, le mot BOUL est utilisé pour signifier qu’une image a été effacée pour faire place à la création d’une nouvelle image.

C’est précisément ce qui s’est passé pendant le MABOUL, lorsque Hachem a inondé le monde pendant 40 jours pour le détruire afin de faire place à une nouvelle civilisation plus juste, composée des descendants de Noah.

Rav David Orlofsky souligne que la Torah commence par la lettre BEÏT (BÉRÉCHIT) et se termine par la lettre LAMED (ISRAËL).

La Guemara dans Kidouchin (30a) dit que dans la Torah, la lettre du milieu de la Torah est le VAV dans le mot GA’HON (Vayikra 11;42).

Ces 3 lettres prises ensemble forment le mot BOUL, faisant allusion au fait que la Torah, qui a été donnée en 40 jours (qui font référence aux 40 jours du déluge) au mont Sinaï, peut nous élever et nous transformer complètement en personnes plus vertueuses.

Tout comme le déluge a eu le pouvoir de transformer l’humanité tout entière en l’effaçant et en laissant place à une nouvelle humanité; ainsi la Torah à cette capacité de faire d’un homme un être nouveau, une véritable renaissance.

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« Alors périt toute créature et toute chair qui se meut sur la terre » Béréchit (7,21)

La Guémara Zévahim (113), enseigne que les eaux du Déluge, n’ont pas pénétré en Eretz Israël.

S’il en est ainsi pourquoi Noah a-t-il dû quitter le pays ?

En effet, la construction de l’Arche n’était pas nécessaire, puisque les eaux du Déluge n’ont jamais atteint la terre d’Israël.

Le Zohar explique que, si les eaux du Déluge ne sont pas entrées en Eretz Israël, le vent, la chaleur et les pluies torrentielles ont provoqué un tel changement climatique qu’il était impossible d’y vivre.

Il n’y a pas eu de Déluge, mais il était néanmoins impossible d’y rester.

Rav Yaakov Galinsky en déduit que lorsqu’un Déluge frappe le monde, ses effets sont dévastateurs, englobant non seulement la zone immédiate, mais aussi toute la géographie environnante.

Sans une arche protectrice, on périra sous le déluge qui frappe le monde.

Cette idée s’applique aussi bien à la spiritualité qu’à la dimension physique.

Lorsqu’un déluge de décadence morale et spirituelle submerge l’environnement, il est crucial pour ceux qui souhaitent vivre de se cloîtrer dans une arche qui leur permette de préserver leur intégrité individuelle et spirituelle.

Malheureusement, cela se produit quotidiennement, alors que nous sommes assiégés et inondés par les ordures de la rue.

La décadence morale dans laquelle la société contemporaine s’est effondrée représente une menace imminente pour la survie spirituelle de ceux qui ne sont pas protégés.

Tout comme le climat physique en Eretz Israël a été affecté par le déluge au-delà de ses frontières, nous sommes également affectés par le climat spirituel qui s’infiltre dans notre communauté depuis l’extérieur.

Le seul moyen de protection est l’arche que nous construisons pour nous-mêmes.

Rav Galinsky raconte qu’une fois il a rendu visite au Steipler.

Soudain, une de ses petites-filles fit irruption et s’exclama : « Grand-père ! Grand-père ! ll y a un He’hsher, une surveillance
rabbinique, sur le chewing-gum ! »

Le Steipler sourit et dit à Rav Galinsky : « Regarde, ils ne demandent pas s’ils peuvent mâcher du chewing-gum ou non.

La seule question est la cacherout.

S’il y a un tampon de Kasherout , il est déjà permis de mâcher du chewing-gum.

Mâcher du chewing-gum n’est peut-être pas la chose à faire pourtant. »

C’est à dire : Qui a dit qu’on a le droit de mâcher du chewing-gum ?

Bien entendu on pourrait rétorquer : Quel mal y a-t-il à mâcher du chewing-gum ?
Il ne faut pas exagérer.

Le problème c’est que nous essayons d’imiter la société « extérieure ».

Dans une certaine mesure, elle influence notre façon de nous habiller, de parler, de marcher dans la rue, de manger et où nous allons manger.

Nous sommes devenus « victimes » de cette société qui nous engloutit.

Tout comme l’impact du Déluge sur l’environnement de la Terre Sainte.

Parfois, le seul semblant de judaïsme dans un restaurant réside dans le propriétaire assis dans son bureau, coiffé d’une kippa et portant l’écriteau indiquant : « Cet établissement est sous surveillance rabbinique. »

Sinon, on aurait pu être au Japon ou dans l’Himalaya. La nourriture n’ayant aucune apparence « juive ».

L’ambiance du restaurant est aussi peu juive que possible, pourtant, c’est strictement casher !

C’est ainsi que nous avons choisi de vivre et le style de vie que nous avons choisi d’adopter.

La vraie question est : Est-ce cela «nous» ?

Avons-nous vraiment besoin de chewing-gum ?

Le Hafetz Chaim mangeait-il chinois ?

Avait-il un faible pour cela, ou menait-il une vie plus « sophistiquée » ?

Comment cela a-t-il affecté sa vision de la vie ?

Et en fin de compte, a-t-il été perdant ?

Nous pouvons en douter.

Nous nous concentrons uniquement sur ce qui semble être un besoin constant de notre part de tout faire comme « eux », tant que c’est casher.

Pourtant, le judaïsme ne se résume pas à la « cacherout ».

Autrement dit, la cacherout ne se limite pas aux ingrédients et à la façon dont les aliments sont préparés.

Au lieu d’être fiers de notre individualité, de notre singularité, de notre particularité, nous nous plions en quatre pour imiter tout ce que la société contemporaine a choisi de vénérer.

Apparemment, il doit y avoir un manque dans notre estime de soi collective.

Notre fierté a dû être héritée d’un autre monde, d’une autre culture, d’un autre mode de vie.

Nous essayons de démontrer à quel point nous pouvons ressembler à Eisav, à condition que ce soit casher, bien sûr.

Un mélange de viande casher et de lait israël reste Treifah.

Ce n’est pas seulement la nourriture qui doit être casher. La personne aussi doit être…casher.

Sa façon de préparer ses aliments, de les consommer et dans quelles circonstances.

C’est son comportement qui détermine s’il est casher.

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« Et Noah, l’homme de la terre, se rabaissa et planta une vigne. » (Béréchit 9, 20).

La Torah nous apprend qu’après la sortie de Noah et de sa famille de l’Arche,  la première chose que Noah a fait, c’est planter une vigne.

Rachi précise qu’il se rendit profane à cause de cela car il aurait dû s’occuper d’abord d’une autre plantation.

« Vayahel Noah » (Noah se rabaissa), le mot Vayahel vient de la racine ‘Houlin (profane ou séculier).

La Parachat Noah commence par : « Noah était un homme juste et intègre (Tzaddik Tamim) dans ses générations » (Béréchit 6;9),

Mais à la fin de la Paracha, Noah se trouve à un niveau spirituel inférieur « Noah se rabaissa ».

Il était devenu banal ou ordinaire, selon la façon dont on traduit le mot ‘Houlin.

Noah n’est pas devenu Racha, méchant, il est simplement devenu ordinaire,

Au lieu d’avoir des objectifs nobles, il était devenu une personne ordinaire.

Quel était son crime ?

Il avait planté une vigne.

Après avoir passé un an dans la Téva, quand il l’a quittée, il a trouvé un monde qui avait été littéralement détruit.

Y a-t-il une scène plus décourageante et déprimante que de réaliser que l’humanité doit tout recommencer à zéro ?

Est-il donc si surprenant que Noah ait planté une vigne ? « Le vin réjouit le cœur de l’homme » (Téhilim 104; 15)

Rav Simha Wasserman dit que c’est exactement la définition de « il s’est profané (‘Houlin) ». Ce n’était pas un crime. Ce n’était pas un péché. C’était simplement ‘Houlin, c’est-à-dire pas sacré, mais plutôt une approche banale et prosaïque.

Noah aurait dû poursuivre la mission qui avait été la sienne pendant tous ces jours passés dans la Téva.

Que faisait-il dans la Teiva ?

Avec ses fils ils nourrissaient les animaux, ceux qui mangaient la nuit, ils les nourrissaient pendant la nuit et ceux qui mangeaient le jour, ils les nourrissaient pendant la journée.

Pendant les 12 mois qu’a duré le déluge, ni Noah ni ses fils ne dormir. Ils ont fait preuve de miséricorde envers les animaux en les nourrissant.

Par conséquent, aussi fatigué qu’il fût, son objectif aurait dû être : « Je dois continuer pour l’humanité. Je dois nourrir le reste du monde. Je dois m’assurer que l’humanité continue. »

Si une personne pense que sa mission est de nourrir le reste du monde, elle plantera du blé ou au moins des légumes.

Planter une vigne c’est un acte ´Houlin. Ce n’est pas continuer sur la voie de la grandeur que Noah avait suivie jusqu’à présent.

C’est l’essence même du commentaire de Hazal : Il s’est profané.

Il est intéressant de remarquer que dans l’histoire de la vie d’Avraham, nous découvrons qu’il a également planté. « Avraham a planté un

Eshel » (Béréchit 21; 33)

Selon une interprétation de Rachi, le mot « Eshel » est l’acronyme de Manger (Achila), Boire (Shtiyah) et Loger (Lina).

Avraham avait tendance à tout faire pour les autres. Il a ouvert une auberge afin d’accueillir des invités,  leur procurer un toit et les nourrir.

Noah était différent. Il n’a pas péché en plantant la vigne. ll a simplement souligné la différence entre lui-même et Avraham.

Il s’est rendu ‘Houlin.

Parfois nous aussi nous faisons des choses qui ne vont pas dans la bonne direction, elles ne sont pourtant pas interdites, mais le simple fait de les faire nous rend ´Houlin.

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« Shem et Yafet prirent un vêtement et le mirent sur leurs épaules » (Béréchit 9; 23)

La Guémara Sanhédrin (70a) rapporte que ´Ham, trouvant son père ivre, l’émascula afin d’empêcher Noah d’avoir d’autres enfants, ce qui diminuerait sa part d’héritage du monde.

Puisqu’à présent il n’y avait que Noah et ses enfants sur terre, ils allaient forcément se partager le monde et plus il y a d’héritier et plus la part est petite.

Voyant l’état de leur père, Shem et Yafet couvrirent sa nudité d’un vêtement.

Rachi rapporte que Shem a été plus empressé que son frère Yafet pour couvrir son père.

C’est pourquoi, en récompense ses descendants (les Juifs) portent des tsitsit, suspendus aux quatre coins de leurs vêtements.

Yafet a mérité que ses descendants, qui seront massacrés sur le champ de bataille dans la guerre de Gog OuMagog, seront enterrés.

Comme il est écrit dans Yéhezkiel (39;11) : « Je donnerai pour Gog là-bas un endroit pour une sépulture. » Or, Gog descend de Yafet.

Leurs récompenses sont certainement proportionnelles à leurs actes, mais pourquoi une telle différence entre les récompenses des deux frères ?

En quoi la réaction plus rapide de Shem mérite-t-elle que ses descendants portent les insignes d’Hachem sur leurs vêtements ?

De toute évidence, même s’il ne semble pas y avoir de grandes différences entre les actions de Shem et de Yafet, le court laps de temps entre leurs deux réactions, reflète le fait que leurs motivations pour couvrir leur père étaient radicalement différentes.

Le quatrième fils de Yafet était Yavan, le père de la Grèce.

Par conséquent, Hazal identifient Yafet comme le précurseur de la culture et de la philosophie grecques.

Le nom Yafet dérive du mot hébreu « yafeh » – «beau».

L’un des aspects les plus marquants de la culture grecque était la glorification du physique humain parfait dans sa nudité.

Les premiers récits des Jeux olympiques font état d’athlètes s’exécutant dévêtus.

Aucune collection de sculptures grecques ne peut être trouvée sans témoigner de leur profonde obsession pour le corps parfait dévêtu.

Les Grecs considéraient le corps nu comme le symbole ultime de la perfection, et le vêtement comme un moyen de dissimuler une imperfection.

À l’inverse, les Juifs, descendants de Shem (d’où le terme « Sémite »), conscients d’être en présence d’Hachem en permanence, se comportent avec Tzniout, pudeur et dignité.

La Tzniout exige que le corps soit vêtu.

Lorsque Shem trouva son père nu, sa première réaction fut de couvrir la nudité de Noah, car il considérait la nudité comme indigne.

Yafet en revanche,n’a pas réagit tout de suite à la nudité de Noah, jusqu’à ce qu’il réalise que le corps de son père avait été mutilé.

Voyant cela, Yafet passa à l’action, car selon lui, seul un corps parfait doit être exposé, une fois mutilé, le corps doit être couvert.

Les récompenses de Shem et de Yafet reflètent les motivations de leurs actes.

Puisque Shem considérait le vêtement comme le moyen de rendre le corps digne, il fut récompensé par le vêtement le plus digne, le Tzitzit, qui porte l’insigne d’Hachem.

Et puisque Yafet considérait le corps mutilé comme dégradé et ne souhaitait pas qu’il soit exposé, il méritait que les corps de ses descendants ne soient pas exposés à la honte sur le champ de bataille, mais qu’ils soient honorés par une sépulture digne.