Chémot 2018

PARACHAT CHÉMOT

« … le buisson était en feu mais ne se consumait pas … Moché a dit je veux m’écarter et voir pourquoi le buisson ne brûle pas … Hachem a vu qu’il s’écartait pour regarder alors Il l’appela en disant : n’approche pas d’ici ! Enlève tes chaussures de tes pieds car l’endroit où tu te trouves est sacré.»

Moché a eu une vision extraordinaire, le buisson est tout en feu mais il ne se consume pas. Le buisson représente la matière et le feu la spiritualité capable d’habiter la matière sans la détruire, à l’instar de ce corps humain habitée par la Néchama. La Néchama, toute spirituelle, habite l’homme, brille de mille feux, mais ne consume pas le corps humain. Elle l’éclaire, elle l’illumine. Hachem a choisi de se révéler à Moché dans un buisson. Il n’a pas choisi un arbre grand et majestueux qui aurait été plus adéquat pour la révélation divine.

Non ! Il choisit un buisson, c’est-à-dire un tout petit arbre, afin, nous dit Rachi, de montrer au Klal Israël qu’Il est avec lui dans les souffrances de l’Égypte. Les Béné Israël qui souffraient en Égypte ne se rendaient peut-être pas compte de cela, mais Hachem était avec eux dans leurs souffrances.

Parfois, l’homme a l’impression d’être seul et abandonné face à l’épreuve, il n’en est rien ! Hachem est toujours avec lui quelque soit la situation.

Ce buisson, entièrement dévoré par le feu, représente l’interpellation divine de l’être humain. Tout au long de l’Histoire, Hachem interpelle l’homme à travers des événements plus ou moins proche de lui et plus ou moins douloureux. Cela peut être des événements internationaux qui touche le Klal Israël dans son ensemble ou de simples problèmes personnels. Ce feu purificateur et dévorant intrigue la compréhension humaine. L’homme veut comprendre, c’est le but divin recherché. Mais sommes-nous capable de comprendre Hachem et sa manière de diriger le monde ?

Non ! Moché lui-même, intrigué, va s’approcher afin de mieux comprendre ce qui se passe. Il a dit : « je vais m’approcher … voir … comprendre … pourquoi … ». Il a en lui ce questionnement vital permanent, qui est le propre de l’homme, sur chacun instant de son existence. Pour toujours monter plus haut afin d’atteindre des sommets de Émouna et de Avoda insoupçonnés.

(“Adam”, “homme” en hébreu a comme valeur numérique 45, c’est la même valeur numérique que “MA”, “quoi” en hébreu. Un homme c’est une question ! À chaque moment il doit se demander pourquoi et comment. Bien entendu, son questionnement se doit d’être positif, il doit servir à s’élever et pas à rejeter.)

Mais, avant même qu’il n’arrive trop près du buisson, Moché reçoit l’avertissement divin de ne pas s’approcher et d’enlever ses chaussures. C’est-à-dire que Hachem a dit à Moché : Stop! Arrête toi ! Tu ne peux pas comprendre ce qui se passe par toi-même. Tu as besoin de l’aide divine. Un homme ne peut pas comprendre le monde qui l’entoure tout seul. Il ne peut pas donner un sens aux événements internationaux de sa propre tête. Il a besoin de la Torah. C’est ici le secret que Hachem a livré à Moché : tu ne peux pas comprendre les événements seul, tu as besoin de la Torah. Alors, si déjà Moché ne peut pas, qu’en est-il de nous ?

Nous retrouvons cette idée plus loin dans la Torah quand Moché demande à Hachem la permission de voir Sa gloire. Hachem lui répond qu’un homme ne peut pas le voir et vivre. Pour consoler Moché, Hachem lui demande de se cacher dans les rochers et d’attendre. La gloire divine passera devant ces rochers. Hachem dit : « ma “face” tu ne la verras pas mais mon “dos” tu le verras. Hazal disent que Hachem lui a montré le noeud des Téfilines à l’arrière de la tête.

Qu’est-ce que cela signifie ? Hachem veut dire « ma face » c’est-à-dire l’événement présent quand il est en train d’arriver dans l’Histoire, tu ne peux pas le comprendre. Ce n’est que le «le dos » qu’on peut voir, c’est-à-dire une fois que l’événement est fini on peut le comprendre.

Quand l’homme est pris dans la tourmente de l’Histoire, puisqu’il vit l’instant présent il n’a pas le recul nécessaire pour appréhender tous les contours de ce qui se passe, soit au niveau personnel soit au niveau mondial. Ce n’est qu’après un certain temps qu’on peut espérer le faire. Cela peut prendre un an, 10 ans, parfois plus, pour certaines choses il faudra attendre le Olam Haémet pour les comprendre. Un événement comme la Shoah par exemple, qui peut affirmer qu’il a tout compris ?

Comme cet appel divin qui vient freiner Moché pour mieux le recadrer dans l’optique divine, ainsi nous, nous avons la Torah, appel divin par excellence, qui vient recadrer nos actions. Tu veux avancer, faire des choses, c’est bien, mais ne disperse pas tes forces ce serait dommage. Apprends à vivre selon la Torah afin de donner à chacun de tes actes une part d’éternité mais surtout afin que tes actes ne soient pas à l’encontre de la volonté divine car alors tu courrais à ta perte.

Hachem demande à Moché d’enlever ses chaussures. Les chaussures représentent la Gachmiout, la perception matérielle du monde. Enlever ses chaussures c’est se débarrasser de son regard matériel sur le monde. Nous ne pouvons pas comprendre un événement si nous nous le regardons avec nos yeux d’humains. Notre regard est imparfait. Nous sommes donc obligés d’observer le monde à travers les lunettes de la Torah. « L’endroit où tu te trouves est sacré » il ne suit pas les règles auquel tu es habitué.

La terre représente la matière par essence, les pieds sont continuellement en contact avec la terre, ils sont donc aussi matière. La tête est éloignée du sol car elle contient le cerveau centre de la réflexion et de la spiritualité. Les pieds représentent tellement la matière qu’on ne peut pas en ôter l’impureté (la Touma). Chaque matin, nous faisons Nétilat Yadayïm des mains afin d’enlever l’impureté de la nuit qui s’y est installée. Les pieds aussi deviennent impurs, mais cette impureté est trop grande et on ne peut pas l’enlever avec un simple lavage.

Le Ben Ich Haï nous explique que seul le Mikvé que l’on fait Erev Chabbat peut enlever une telle impureté. Au Beith Hamikdach les Cohanim doivent faire le service du temple, pieds nus. Ils n’ont pas le droit de mettre des chaussures pour qu’il n’y ait pas d’obstacle entre leur corps qui est saint et le sol du temple qui est aussi saint. De la sorte, ils peuvent tirer de cette endroit un maximum de Kédoucha. Il est à noter que les Cohanim au Beith Hamikdach faisaient chaque jour l’ablution des mains et des pieds avant de commencer leur service. Grâce à leur grande élévation spirituelle ils arrivaient à enlever cette impureté des pieds au moyen de cette ablution.

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