PARACHAT VAYÉHI
Tiré d’une Drasha de Rav S. D. Pinkous sur Hanouka Maamar Ahavti Et’hem Amar Hachem
Le Midrash nous dit qu’au moment de la création de l’homme, Hashem a demandé leur avis à trois groupes d’anges.
• Au premier groupe Hashem a dit : « Je veux créer l’homme. » Les anges ont demandé : « Qu’elles sont ses actions ? » Hashem leur a répondu. Les anges ont alors dit : « Ne le crée pas ! » Aussitôt, Hashem a étendu son petit doigt sur eux et Il les a brûlés.
• Puis, Il a fait venir un deuxième groupe. Mêmes questions et mêmes réponses. Il les a aussi brûlés.
• Enfin, Il a fait venir le troisième groupe et Il leur a dit qu’Il voulait créer l’homme. Ils ont demandé quelles sont ses actions et Il a répondu. Les anges lui ont alors dit : « Si telle est Ta volonté, fais-le. » (C’est-à-dire qu’après avoir vu ce qui était arrivé aux deux premiers groupes, ils n’avaient pas d’autres choix que d’accepter.)
Immédiatement, Hashem a créé l’homme. Dès qu’il fut créé, l’homme a fauté. Les anges sont alors venus réclamer chez Hashem en disant : « Maître du monde, n’est-ce pas la preuve que les deux premiers groupes avaient raison quand ils Te déconseillaient de créer l’homme ? » Hashem leur a répondu : « Je l’ai créé, Je supporterai et Je serai sauvé (Je m’en sortirai) »
Que signifie ce Midrash ? Essayons de nous imaginer un homme cherchant à apporter du feuillage pour faire le toit d’une Souka. Il y a beaucoup de branches et cela pèse très lourd. Notre homme loue donc un cheval avec une charrette. Il charge le tout et il commence à avancer. A ce moment, arrive son plus jeune fils de quatre ans qui lui demande s’il peut l’aider à porter le feuillage. Le père lui répond : « Tiens ! Prends un peu de branchages qui est dans la charrette et aide-moi à le porter. » Et l’enfant tout heureux fait comme son père lui a dit.
Le cheval regarde la scène un peu vexé et se demande pourquoi le père a eu besoin de l’aide du petit enfant alors que lui, le cheval, pouvait très bien tirer tout le feuillage et même ce que l’enfant a dans ses mains.
Cette réflexion du cheval vient du fait que justement, c’est un cheval ! Que sait-il des sentiments que peut éprouver un père pour son fils ? Il ne peut comprendre ni ce qu’est un enfant, ni ce qu’est un père et encore moins l’amour débordant d’un père pour son fils.
Le père, lui, n’a aucune question. Il sait très bien qu’il n’a pas besoin de l’aide de son fils pour porter le feuillage. Il n’a pas demandé l’aide de son fils parce qu’il en avait vraiment besoin, mais plutôt par affection, car il savait que cela ferait plaisir à son fils s’il lui demandait de l’aide.
Les anges ont dit à Hashem de ne pas créer l’homme car ils avaient compris la question en tant qu’anges. Pour un ange, l’homme n’est créé que pour servir Hashem. Ils ont pensé que Hashem voulait créer l’homme afin d’avoir un serviteur pour l’assister. C’est pourquoi ils ont répondu par la négative, car en vérité, l’homme n’a aucun pouvoir d’action. Même s’il dit Kadosh, Kadosh, Kadosh, de toutes ses forces, cela n’est rien devant le Kadosh, Kadosh, Kadosh des anges. « Ma énosh ki tizkérénou ? » A quoi sert la création de l’homme ? Il est rempli de mensonges, il se dispute. Et même quand il se conduit bien, quelle est la valeur de sa Avodat devant Hashem ?
C’est pourquoi Hashem leur a répondu : « Regardez, si Je mets mon doigt sur vous, tout de suite vous brûlez malgré votre grandeur. Alors qu’au sujet du Klal Israël il est écrit : « Face à face Hashem a parlé avec vous, sur la montagne, du milieu du feu. » (Dévarim 5 ; 4) Et eux, ils n’ont pas brûlé. »
Comment est-ce possible ? En réalité, c’est très simple, car ici, il n’est pas question de grandeur, mais d’amour et d’affection. Et c’est grâce à cette préférence, à cet amour, que le Klal Israël trouve la force de parler à Hashem face à face et de rester debout sans être brûlé. A Matan Tora, Hashem a choisi son peuple avec amour, et c’est ce choix, cette distinction de Matan Tora qui donne la possibilité de s’attacher à Hashem.
Plus tard, lorsque les Béné Israël ont fauté et que le Beith Hamikdash fut détruit, les anges sont retournés chez Hashem et de nouveau ils ont réclamé qu’apparemment ce sont eux qui avaient raison puisque l’homme ne peut pas rester à la haute place qui lui est réservée. Hashem a répondu : « Je l’ai fait, Je supporterai et Je serai sauvé. » En fait, cette réponse n’en est pas vraiment une. C’est plutôt pour les calmer. Car de toute façon, les anges ne peuvent pas comprendre tout ce qui se passe entre Hashem et le Klal Israël. Il est normal que celui à qui il manque des données ait des questions.
Les anges ont dit : « Maître du monde, pourquoi pleures-tu ? Le monde entier t’appartient. Laisse-nous pleurer à Ta place. » Hashem leur a répondu : « J’ai un endroit secret spécial où Je pourrai pleurer sur le Klal Israël, car les anges ne Me comprennent pas. Ils n’ont jamais compris Mon comportement avec les Béné Israël. Je ne pleure pas parce que J’ai perdu quelque chose. Je pleure comme un père pleure pour ses enfants. C’est-à-dire qu’il souffre la souffrance de ses enfants. Il ressent cette souffrance à leur place. »
Les Parashiot de Shovavim arrivent à grands pas, à nous d’être prêts pour ressentir l’immense amour qu’Hashem a pour nous. Si nous y arrivons, alors peut-être qu’en retour, nous aussi, nous ressentirons de l’amour pour Lui, comme il est écrit : « Véahavta èt Hashem Elokéha » (tu aimeras Hashem ton D.ieu).
A ce moment, toute notre Avoda changera, car faire la Tora parce qu’on se sent obligé et la faire par amour pour Hachem, n’a aucune commune mesure.
