PARACHAT YITRO
Rabbi Chimon Bar Yo’haï dit dans la Guémara Béra’hot (5a) que Hachem a donné aux Béné Israël trois cadeaux mais ils ne peuvent s’acquérir qu’avec la souffrance. Ce sont : la Torah, la terre d’Israël, et le Monde futur.
Rabbi Yérou’ham (Daat Torah Parachat Bo) explique que sur terre on ne peut rien avoir gratuitement. Le monde a été créé avec Midat Hadin (L’attribut de justice, Béréchit bara Elokim, « Au début de la création par Elokim », Elokim étant l’attribut divin de justice) et donc on aura deux grands principes :
1) Il faut payer pour tout.
2) On ne reçoit jamais plus que ce qu’on a payé.
Si par exemple je vais au magasin acheter du sucre, plus je donne de l’argent et plus je reçois du sucre et moins je donne de l’argent et moins je reçois de sucre.
La quantité de sucre que je reçois dépend donc de l’argent que j’ai investi. Plus j’ai investi de l’argent et plus je reçois, moins j’ai investi et moins je reçois.
Cela est valable au niveau matériel mais cela est aussi valable au niveau spirituel.
Le troisième grand principe c’est qu’un homme n’achète jamais quelque chose plus cher que sa valeur. Il paye par rapport à ce qu’il pense être la valeur de l’objet qu’il achète. S’il pense que l’objet coûte cher alors il investira beaucoup et s’il pense que l’objet ne coûte pas cher il donnera très peu d’argent.
Nous pouvons donc en conclure que par rapport à l’argent, à l’investissement que l’homme met pour acquérir quelque chose, de là nous pouvons en déduire ce qu’il pense de cette chose.
Si nous voyons qu’il a donné beaucoup c’est qu’il pense que cette chose est importante et si nous voyons qu’il a donné peu c’est qu’il pense que cette chose n’est pas importante.
Dans le spirituel c’est la même chose, on ne peut recevoir qu’en proportion de la valeur qu’on donne à ce spirituel et à ce qu’on a payé pour l’obtenir.
Il est écrit : « Il donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui savent comprendre. » (Daniel 2 ; 21)
Pourquoi donne-t-Il la sagesse aux sages ? Car le sage connaît la valeur de la sagesse et c’est pour cela qu’il est prêt à payer beaucoup plus pour l’obtenir.
Dans le Midrash Rabba sur Koélèt (1 ; 7) Rabbi Yossi Bar Halafta est questionné par une femme cherchant des explications sur ce verset. Selon elle, il serait plus logique de donner la sagesse aux sots qui en ont plus besoin que celui qui est déjà intelligent.
Rabbi Yossi lui répond par une question en lui demandant ce qu’elle aurait fait si elle devait prêter de l’argent et qu’un riche et un pauvre se présentent, auquel des deux prêtera-t-elle son argent ?
La femme explique qu’elle prêtera son argent au riche car ainsi elle est sûre d’être remboursée. Même si le riche perd son argent en investissant dans une mauvaise affaire, comme il est riche, elle retrouvera de toute manière son argent. Tandis que le pauvre n’a que l’argent du prêt et s’il le perd il ne pourra pas honorer sa dette.
(Il est important de souligner qu’on ne parle certainement pas ici de prêter de l’argent à un pauvre pour qu’il puisse manger, ça c’est de la Tsédaka. La question porte sur un prêt que l’on ferait à un investisseur, mais un est riche et l’autre pauvre. Dans la même idée, la sagesse est ici un investissement dans la relation entre Dieu et l’homme et Hachem investit sur le sage en espérant que cela donnera des fruits.)
Rabbi Yossi Bar Halafta rétorque alors que Hachem se conduit de façon identique. En donnant la sagesse aux intelligents, Il est certains qu’ils en feront bon usage.
Mais, poursuit-il : « Si Hachem avait donné la sagesse aux idiots, ils auraient été assis en train de l’étudier dans les toilettes, dans les théâtres et dans les bains publics. »
On ne rentre pas la couronne royale aux toilettes, si quelqu’un le fait c’est un signe qu’il ne sait pas reconnaître la valeur de ce qu’il a entre les mains.
De même, si on est capable de se rendre compte de la valeur de la Torah cela ne sera pas difficile de donner pour elle tout ce qu’on a (son temps, sa manière de penser …). Mais si on n’est pas prêt à tout donner, c’est un signe qu’elle n’a pas une grande valeur à nos yeux. Pour acquérir la Torah et ses valeurs il faut payer pour cela.
Le prix qu’on paie dévoile la valeur qu’on donne à la Torah. Et alors seulement « Il donne la sagesse aux sages ».
Hazal disent : À Matan Torah, Hachem a demandé un garant aux Béné Israël pour être sûr qu’ils feraient la Torah. Ils lui ont répondu : « Nos enfants seront nos garants ». Tout de suite Hachem a accepté et il a donné la Torah aux Béné Israël. Car du fait qu’ils étaient prêts à donner leurs enfants, la chose qu’un homme a de plus chère, on peut en déduire la grande valeur qu’ils donnaient à la Torah, c’est donc pourquoi Hachem a pu la leur donner.
Quant à nous, quel prix sommes-nous prêts à payer pour acquérir la Torah et vivre selon ses principes ?
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